La mairesse de Saguenay, Julie Dufour, et le directeur du Service de sécurité incendie et chef des mesures d’urgence, Carol Girard, ont ouvert les portes du Cégep de Chicoutimi, mercredi après-midi. Dès notre arrivée, on remarque le va-et-vient dans le centre social où se trouve le poste d’accueil et de nombreuses personnes évacuées. Chacune d’entre elles porte un bracelet qui lui permet d’entrer et de circuler.
Un peu plus loin, un jeune se permet quelques notes sur le piano qui est situé tout près de la cafétéria, un moment touchant qui met un baume sur la situation. Et de l’autre côté du mur, de jeunes enfants s’amusent dans une salle qui a été aménagée pour eux. «Il y a beaucoup de résilience. Les gens sont calmes, c’est étonnant. Ils sont satisfaits des services et très courtois», nous dit Luc-Michel Belley, qui vient tout juste d’être nommé chef de division au sein du Service de la culture, des sports et de la vie communautaire.
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La veille, en soirée, c’était pourtant le branle-bas de combat pour préparer les lieux afin d’être fins prêts à accueillir ceux qui ont dû rouler une partie de la nuit. Ils étaient une centaine à être mobilisés pour tout mettre en œuvre. Il fallait aller chercher les lits, les installer dans les centres d’accueil. Des employés municipaux ont même été en mesure de faire ouvrir des commerces pour acheter les couvertures et les oreillers manquants. Et dans les centres d’accueil, une vingtaine de personnes gravitent pour veiller au bien-être de la communauté. Au total, ils sont environ 450, et sur le coup de 15h mercredi, les autorités ont décidé d’ouvrir le troisième centre d’hébergement, celui du Centre Georges-Vézina.
«On a dû, dès hier en fin d’après-midi, se virer de bord assez rapidement, mobiliser l’organisation municipale du côté civil très rapidement. On avait une demande très très majeure d’évacuer environ 1000 personnes. On avait entre quatre et cinq heures pour se mobiliser le temps que les gens arrivent ici. L’objectif était d’ouvrir un centre d’accueil d’hébergement pour pouvoir accueillir ces gens-là. On a, à l’heure actuelle, entre 400 et 450 personnes. Ça varie parce que certains quittent, d’autres veulent être autonomes. C’est un centre d’urgence de première nécessité. Et on reçoit encore en ce moment des gens qui arrivent à Chicoutimi et on est préparés à en prendre soin. On parle d’hébergement, de nourriture, de soins sanitaires. Il y a quand même des services sur place au niveau du CIUSSS, de la santé mentale, de la santé physique, pour pouvoir en prendre soin», explique Carol Girard.
Saguenay avait déjà eu à relocaliser des gens de la ville, évacués en raison d’une situation d’urgence comme le déluge de 1996 ou le glissement de terrain de La Baie, survenu l’an dernier. Mais ce qui se passe actuellement est tout nouveau pour les autorités.
«C’est la première fois dans l’histoire, en tout cas dans mon histoire à moi, en 36 ans de service, qu’on reçoit des gens en accueil de l’extérieur. On a souvent eu à relocaliser des gens à l’interne, pour des événements qu’on a eus à l’interne, mais qui viennent de l’extérieur, c’est la première fois», a mentionné M. Girard, qui assure que de fois en fois, la Ville a su s’améliorer.
«Je peux vous dire que ça fonctionne très bien. Il y a toujours des imprévus, mais de façon générale, c’est notre capacité de mobilisation, notre capacité de mettre en place les choses qui fait en sorte qu’on devient excessivement efficace.»
— Carol Girard, directeur du Service de sécurité incendie et chef des mesures d'urgence
La situation est particulière, car la communauté d’Oujé-Bougoumou est tissée serrée. La plupart des citoyens parlent français et les responsables sont là pour donner un coup de main. M. Belley a d’ailleurs mentionné que des représentants du ministère des Affaires autochtones ont fait la route depuis Ottawa pour apporter leur support.
«On reçoit des gens dont on ne connaît pas leur façon de faire, leur culture, donc on s’adapte au fur et à mesure. Il y a eu beaucoup de communication entre les responsables là-bas pour savoir à qui on avait affaire. Il y a eu des communications pendant le transport également. Cet aspect humain est excessivement important à gérer pour pouvoir adapter nos ressources en conséquence. […] Ce sont des gens habitués de vivre ensemble. C’est assez particulier comme expérience. Ils sont très pacifiques, très intéressants. C’est agréable d’avoir à gérer ce genre de situation là malgré tout le travail qu’il y a à faire pour pouvoir les accueillir», ajoute M. Girard.
Les autorités de Saguenay ne savent pas combien de temps ils auront à héberger les gens évacués en raison des feux de forêt qui sévissent au Québec. Toutefois, la Ville est prête à réagir le temps qu’il faudra. Même chose si la demande vient à augmenter : tout sera évalué et elle prendra en charge le plus de gens possible.
Des services municipaux «efficaces»
Julie Dufour a d’ailleurs tenu à souligner «l’efficacité» des services. «La Ville de Saguenay est toujours au rendez-vous pour prêter main-forte», a-t-elle dit, ajoutant que les pompiers déployés à Sept-Îles seront de retour jeudi. Et si la demande est là, ils seront une fois de plus prêts à se mobiliser.
Les gens des communications, des travaux publics, de l’urbanisme et des milieux de vie communautaires sont impliqués, tout comme la Croix-Rouge et le CIUSSS, notamment. Même chose pour les employés du cégep et de l’université.
«À partir du moment où il y a une cellule de crise, [on retrouve] vraiment une cohésion de tous les secteurs névralgiques de la Ville. Il y a souvent des critiques contre les fonctionnaires, mais ce sont des êtres humains qui ont la ville à cœur, mais surtout les gens qui l’habitent. […] On est une grande famille. Je le dis souvent, on a les coudes soudés. On ne les serre pas à Saguenay, on les soude», a assuré la mairesse.
Les gens qui arrivent avec leurs animaux ont un dortoir réservé pour eux. Même chose pour les familles et les aînés. «On s’adapte à tout», assure Mme Dufour. Et si des gens d’autres communautés autochtones ont besoin de trouver refuge à Saguenay, encore une fois, la Ville saura s’adapter.
«Ça va toujours être un défi de s’adapter, de réagir le mieux possible et d’avoir les bonnes informations, de savoir au fur et à mesure ce qu’il vivent, les émotions qu’ils ont. C’est au fur et à mesure qu’on doit accumuler des informations afin d’être le plus prêts possible à faire face à la situation et à les accommoder. Ils vivent une situation dramatique, ce qui fait en sorte qu’on essaie du mieux qu’on peut de les accommoder et leur rendre la vie la plus agréable en espérant que ce soit le mieux possible», explique M. Girard.
Pour l’instant, la mairesse assure que tous les besoins sont comblés. Si une aide devient nécessaire, une annonce sera faite à la population.