Feux de forêt à Clova: «On a eu de bonnes nouvelles»

Les pompiers forestiers de la SOPFEU combattent des incendies de forêt dans la région.

«On a eu de bonnes nouvelles en fin d’après-midi. Le feu de Clova serait sous contrôle à l’heure actuelle. S’il ne l’est pas présentement, ce sera dans quelques heures.» Le maire de La Tuque a partagé les informations de la SOPFEU avec grand soulagement, mardi, mais on ne baisse surtout pas la garde alors qu’on sait que la bataille n’est pas encore gagnée.


«Dans le secteur de Wemotaci, le feu serait en contrôle mercredi dans la journée ou en soirée. Suite à la température d’aujourd’hui et au vent qui était favorable, ce sont de bonnes nouvelles qu’on a eues. Aussi, autour du lac des Neiges, il n’y a aucun chalet à l’heure actuelle qui aurait brûlé. […] On sait par ailleurs qu’on est toujours dépendant de Dame nature», indique le maire de La Tuque, Luc Martel.

Ce dernier implore les gens à respecter les consignes alors que certains usent d’imagination pour contourner les règles et se rendre en forêt malgré l’interdiction.



«Les gens qui font ça, ils nuisent aux interventions. C’est un appel qu’on fait aux gens de rester chez eux. […] C’est certain qu’on déplore grandement ces comportements, ceux qui le font vivront avec les conséquences. C’est dommage, je ne vois pas l’intérêt de passer les barrages et de peut-être rester pris dans un incendie. Heureusement, c’est une minorité», souligne-t-il.

Le ministère des Transports rappelle que la route forestière 25, à la hauteur du chemin Fitzpatrick, à La Tuque est fermée. Seuls les résidents permanents et les travailleurs essentiels peuvent y circuler, y compris le transport de biens essentiels.

À Clova, une poignée de courageux qui n’ont pas quitté le village gardent toujours espoir.

«Mon conjoint est allé voir tantôt et le feu semble maîtrisé pour l’instant. Il y a une équipe de la SOPFEU sur le terrain qui contrôle la situation. Ça nous rassure un peu», laisse entendre Meggie Richard, gestionnaire de l’Auberge Clova.



«Actuellement ça sent le feu un peu, mais rien à voir avec hier. On peut voir l’autre bord du lac alors qu’hier c’était opaque complètement. Ça se calme», témoigne-t-elle.

On voit à gauche une photo prise mardi à Clova et à droite une photo qui a été prise lundi.

La femme de Clova assure que les efforts ne sont pas ménagés sur le terrain. Il y a du travail et de la surveillance qui se font jour et nuit afin de s’assurer de sauver le village.

«Il y a plusieurs équipes avec mon conjoint qui sont prêtes à partir si jamais ça s’échappe […] On est vraiment rassuré, les gars de la SOPFEU font de la bonne job. On est moins inquiet qu’il y a quatre jours, disons.»

Sur place, la quinzaine de personnes qui veille au grain n’a pas apprécié les propos du premier ministre François Legault, lundi, même s’ils les savaient faux. Ces mots ont eu l’effet d’une douche froide.

«Ç'a été un stress de plus, mais en étant en contact avec les gens de la SOPFEU, on était quand même rassurés de l’autre côté. Ils nous ont dit qu’ils ne nous abandonnaient pas […] On avait eu une bonne journée hier et qu’ils disent qu’ils allaient nous laisser brûler, c’était intense», témoigne Mme Richard.

Depuis cette déclaration d’ailleurs, le téléphone ne dérougit pas à l’auberge Clova. Les villégiateurs inquiets prennent des nouvelles via les gens qui demeurent courageusement sur le terrain.



«C’est fou depuis hier. Les gens sont inquiets pour leur chalet, ils veulent savoir si ça brûle», note Mme Richard.

Le premier ministre François Legault est d’ailleurs revenu sur ses propos concernant Clova en point de presse, mardi midi.

«Le feu était trop intense pour qu’on garde des avions. Malheureusement, on ne peut pas avoir d’avion là-bas ce qui veut dire qu’il y a un risque important. Par contre, ce que l’on me dit c’est qu’il y a quelques chalets qui sont touchés, mais que la plupart des maisons ne sont pas touchées. […] Si le feu réduit d’intensité, la SOPFEU va pouvoir retourner. Je pense qu’il faut être honnête avec les gens de Clova. On ne peut pas envoyer d’avions là-bas», a-t-il dit.

Mardi la SOPFEU soulignait que 13 348 hectares de forêt avaient été touchés par cet incendie.

«On suit la situation de près», insiste Josée Poitras, porte-parole de la SOPFEU.

Lundi, l’intensité du feu avait dépassé la capacité de combat des avions-citernes. Ils ont quitté les lieux, mais le combat n’a jamais été abandonné.

«L’avion-citerne a des limites de combat dans tout feu. Ce n’est pas exceptionnel à Clova […] C’est une technique de combat les opérations aériennes avec l’avion-citerne. Il faut rappeler à la population que ce n’est pas l’avion-citerne à lui seul qui éteint le feu. Il va baisser l’intensité du feu pour qu’on puisse aller travailler au sol. Entre-temps, ça ne veut pas dire qu’on abandonne le feu et qu’on le laisse brûler jusqu’à ce qu’il meure parce qu’il n’a plus de combustible», indique Mme Poitras.

Des plans de combats sont analysés, le feu survolé et les équipes au sol sont au travail. Les pompiers forestiers travaillent d’ailleurs entre 14 et 16 heures par jour selon la porte-parole de la SOPFEU.



«C’est un feu prioritaire, assure Mme Poitras. Il y a des vies humaines, des infrastructures stratégiques et des installations de transport d’énergie qui pourraient être menacées.»

Actuellement, on dénombre une trentaine de feux de forêt dans la région de la Mauricie, principalement du côté de La Tuque. Plus d’une quinzaine sont hors de contrôle, huit feux sont maîtrisés et deux feux sont contenus. Près de 27 000 hectares de forêt sont touchées par les flammes.

Josée Poitras, porte-parole de la SOPFEU.

«Les feux qui sont maîtrisés se situent principalement le long de la route 155 où il y avait des lignes hydro-électriques et qu’il n’y avait pas de difficulté de combat», note Josée Poitras.

La SOPFEU mentionne toutefois qu’à tout moment, si la situation est critique, l’organisme pourrait éventuellement être obligé de retirer ses équipes.

On rappelle que la situation est particulièrement exceptionnelle avec près de 150 feux en activité dont plus d’une centaine sont hors de contrôle.

«Mais ça ne veut pas dire qu’on ne s’en occupe pas», insiste la porte-parole.

On recense 431 incendies cette année qui ont affecté près de 393 000 hectares de forêts alors que la moyenne des dix dernières années est de 201 incendies pour 297 hectares de forêt.

On s’apprête également à avoir du renfort de l’extérieur pour combattre les incendies dans les différentes régions du Québec.

La SOPFEU était aussi aux aguets alors que des orages étaient annoncés mardi, en Haute-Mauricie.

«La pluie pourrait calmer l’intensité des feux déjà en cours, mais il y a peu de précipitations annoncées. La foudre pourrait allumer d’autres feux», a souligné Mme Poitras.



La pourvoirie du Lac Tessier dans le secteur de Clova a quant à elle publié sur ses réseaux sociaux être désormais «hors de danger» mardi après-midi.

Rappelons que plus d’une trentaine de résidents de Clova sont actuellement pris en charge à Parent après avoir été évacués il y a quelques jours.

Plusieurs restrictions sont toujours en vigueur à l’heure actuelle, dont l’interdiction de faire des feux à ciel ouvert partout dans la province, la suspension des travaux en forêt et l’interdiction de se rendre en forêt sur les terres du domaine de l’État dans plusieurs régions, incluant La Tuque.

Luc Martel, Le maire de La Tuque.

La Tuque en mode vigilance

La Tuque poursuit également sa vigie, mais n’entend pas déclarer l’état d’urgence pour le moment.

«On est en mesures d’urgence, nos gens qui font partie du processus des mesures d’urgence sont sur le terrain, ça ne donnerait rien de plus de déclencher l’état d’urgence», souligne le maire.

Le maire Martel assure également que la Ville sera là pour aider tous ceux qui auront subi les impacts des feux de forêt quand tout ça sera terminé.

«Quand on sera revenu à la normale, on va s’asseoir avec les pourvoyeurs, avec les forestières, avec tous les intervenants qui utilisent la forêt pour voir les revendications qu’on pourra faire auprès du gouvernement. La Ville de La Tuque va également avoir des dommages, des ponceaux, des chemins, etc. C’est certain qu’on va avoir une liste nous autres aussi», note-t-il.