L’homme de 33 ans entend régler ses dossiers et reconnaître sa culpabilité à certains chefs d’accusation d’ici la fin de l’année. Son avocat, Me Jean-Marc Fradette, a annoncé ses intentions vendredi, lors d’une audience.
Il est toujours possible que Forbes change d’idée d’ici sa prochaine date de cour.
Forbes est accusé d’une kyrielle d’accusations relativement à la possession et au partage d’armes, de munitions et d’explosifs. Toutefois, il ne fait pas face à l’accusation la plus grave, celle d’avoir facilité une activité terroriste.
Le trentenaire a été arrêté avec Marc-Aurèle Chabot, 24 ans, Simon Angers-Audet, 24 ans, et Raphaël Lagacé, 25 ans, au début du mois de juillet.
Les accusés étaient membres d’un groupe de militants extrémistes proarmes nommé Hide N Stalk (H&S). On leur reproche d’avoir voulu prendre possession d’un territoire de la ZEC Batiscan-Neilson, dans Portneuf, afin d’y vivre en marge de la société. Les membres du groupe H&S étaient prêts à défendre le terrain par la force.

Grâce aux contacts de Forbes, le groupe serait resté lourdement armé, avec de l’équipement illégal, notamment.
Les membres de H&S effectuaient notamment des entraînements militaires, en se préparant à réagir à des embuscades ou des invasions de nuit. Ils seraient aussi adeptes du survivalisme.
Un militaire actif
Après quelques jours en détention, Matthew Forbes a été libéré sous de sévères conditions, en juillet. Il doit notamment porter un bracelet GPS au pied en tout temps.
Il était un bombardier actif des Forces armées canadiennes, à la Base militaire de Valcartier, au moment de son arrestation.
Il s’est enrôlé dans l’armée canadienne en octobre 2016, et il s’est joint au 5e Régiment d’artillerie légère du Canada en novembre 2017. Il a été envoyé en mission en 2018 et en 2019.

Le militaire a choisi de ne pas tenir un procès, pour l’instant. Il se sépare donc des autres accusés afin de faire cavalier seul devant la justice.
Les trois autres hommes tiendront une enquête préliminaire au début de l’année 2026, il s’agit de l’étape avant la tenue d’un procès. Ils ont choisi d’être jugés devant un jury, en Cour supérieure.
Des milliers de dollars en marchandise
Selon les documents judiciaires disponibles, une analyse détaillée des comptes bancaires de Forbes a été réalisée. La police a ciblé plus d’une centaine de virements d’argent d’intérêt pour des milliers de dollars.
Chabot, Angers-Audet et Lagacé ont tous les trois effectué d’importants virements dans le compte de Forbes, vraisemblablement en échange d’armes ou d’équipements.
Les nouveaux membres de H&S étaient dirigés vers le militaire afin de se procurer plusieurs accessoires, selon la version de la GRC qui n’a pas été prouvée devant un tribunal.

Forbes aurait notamment vendu une lunette de vision nocturne illégale à un agent d’infiltration, qui essayait d’infiltrer le groupe H&S.
«To get ready when the shit hit the van [pour être prêt quand la marde va éclater]», aurait dit Forbes à l’agent d’infiltration, concernant la raison de l’achat réalisé «under the table [en dessous la table]».
Waco et White Power
Selon les mandats de perquisition rendus publics, les membres du groupe H&S étaient des militants extrémistes proarmes, selon la GRC.
Les enquêteurs ont notamment mis la main sur plusieurs photos du groupe. On y voit des clichés où les hommes habillés d’un uniforme militaire font le signe attribué au «White Power [suprémacisme blanc]», une idéologie raciste.
Certains membres, dont Chabot, font également référence à Waco, cette ville du Texas où des membres d’une secte s’étaient barricadés en 1993 pour éviter la police. L’événement s’est terminé en fusillade, avec des dizaines de morts.
L’implication de Forbes dans ce mouvement reste à être déterminée lors des prochaines procédures judiciaires. Tous les faits énoncés n’ont pas encore été prouvés devant un tribunal. Les accusés sont toujours présumés innocents.