« C’est un phénomène qu’on voyait beaucoup dans le marché de Montréal. C’était présent aussi pour les grandes tournées internationales à Québec. Mais depuis une bonne année, on observe ça de plus en plus au Grand Théâtre », affirme Jean-François Ermel, directeur du marketing et de l’expérience client au Grand Théâtre de Québec.
Au cours des derniers mois, plusieurs spectateurs se sont présentés au Grand Théâtre avec de faux billets. Les employés ne le remarquent pas toujours lors de la validation des billets, ce qui peut créer des situations fâcheuses.
« Malheureusement, on ne peut pas accueillir deux clients pour le même siège dans la salle, déplore le directeur du marketing. Parfois, le premier arrivé va pouvoir assister au spectacle...C’est problématique. »
— Jean-François Ermel
Sans avoir de chiffres précis à fournir au Soleil, Jean-François Ermel affirme que des dizaines de billets frauduleux peuvent être vendus pour un seul spectacle au Grand Théâtre.
En général, les spectacles populaires sont particulièrement visés par les revendeurs. « Les spectacles d’humour se vendent bien. On doit être un peu plus attentifs à ça », évoque-t-il.
Plus le spectacle est susceptible d’afficher complet, plus la possibilité de revente est intéressante, ajoute M. Ermel.
Un problème généralisé
Cette hausse de la revente frauduleuse serait observée un peu partout au Québec. « C’est un phénomène qu’on voit de plus en plus se présenter à la grandeur de la province et ça prend de l’expansion », indique Jean-François Ermel.
Lundi dernier, l’Impérial Bell a tenu à mettre en garde ses clients sur page sa Facebook. La salle de spectacle constate elle aussi une hausse des faux billets.
Le Centre Vidéotron est également affecté. « C’est une problématique qui est effectivement présente et c’est pourquoi nous répétons à notre clientèle de toujours transiger via notre billetterie officielle qui est Ticketmaster », explique Martin Tremblay, chef de l’exploitation de Québec Sports et divertissement / Gestev.
Le Palais Montcalm doit aussi composer avec la revente. « De façon ponctuelle, nous constatons que des sites de revente frauduleux émergent à l’occasion de certains concerts », affirme Sophie Gingras, directrice des communications.
Des précautions à adopter
Les stratagèmes des fraudeurs se raffinent avec les années. « Leurs plateformes sont bien faites, de manière à donner confiance aux consommateurs », met en garde M. Ermel.
La meilleure manière d’éviter d’acheter un billet frauduleux est de passer par les canaux officiels, comme les sites Internet des salles de spectacle et des artistes.
Souvent, les clients utilisent les moteurs de recherche, comme Google, pour acheter leurs billets, et vont s’en procurer sur un site externe sans s’en rendre compte. Ainsi, il est préférable d’aller directement sur le site officiel et de faire la recherche du spectacle sur la plateforme, explique M. Ermel.
Sophie Gingras, porte-parole du Palais Montcalm, a le même message. « Pour éviter les mauvaises surprises, il est important de toujours acheter ses billets à la billetterie de la salle de spectacle », dit-elle.
La technologie, une solution?
Pour contrer la revente frauduleuse, les entreprises mettent en place différents mécanismes.
Par exemple, le Grand Théâtre souhaite prioriser les billets électroniques dans les prochaines années, au lieu des billets PDF. « Le billet électronique est un moyen plus sécuritaire, parce qu’il est plus facilement traçable », mentionne Jean-François Ermel.
L’équipe travaille également pour instaurer des codes éphémères sur les billets électroniques. La série de chiffres changerait, par exemple, toutes les 15 minutes, afin d’éviter leur copie par les fraudeurs.
Ces changements se feront toutefois progressivement pour ne pas heurter la clientèle. « Plus on rend ça compliqué pour les revendeurs, plus on rend ça compliqué pour les clients », conclut Jean-François Ermel.