Les deux hommes de 40 ans étaient présents pour le début de leur procès qui devra durer six jours. Ils étaient tous les deux accompagnés de leur conjointe.
La procureure de la poursuite a d’abord déposé en preuves plusieurs vidéos de la soirée du 10 au 11 septembre 2022 sur la rue Saint-Joseph dans Saint-Roch. Les images ont déjà fait le tour des réseaux sociaux l’an dernier, la violente agression armée avait été fortement dénoncée dans les médias par plusieurs témoins, ainsi que par la famille de la victime.
Sur l’une des vidéos, on peut voir Patrick Toussaint asséner un coup de barre de métal sur la tête d’un homme, avant de le voir fuir la scène en compagnie de ses deux amis, dont Martin Roussin-Bizier.
Me Chloé Emond a fait jouer en salle de cour les vidéos tout en identifiant chaque individu. Elle a aussi déposé en preuves des images de vidéos de surveillance où on voit le trio d’amis fuir les lieux de l’agression et se débarrasser de la barre de métal.
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Pour sa soirée festive, Martin Roussin-Bizier était habillé d’un costume de femme. Il portait une perruque brune, un collant bleu, une camisole noire et un foulard mauve. Il avait aussi de faux seins. Pendant la soirée, il aurait fait des attouchements sexuels sur deux jeunes filles de 18 et 19 ans.
La première plaignante a été entendue, lundi. Son identité est protégée d’une ordonnance de non-publication. Pour les fins de l’article, nous l’appellerons Florence.
Fête d’anniversaire
Le 10 septembre, Florence fête son anniversaire avec son copain. Vers 23h, elle se dirige dans le quartier Saint-Roch, pour fréquenter les bars de la basse-ville avec son groupe d’amis.
En marchant sur la rue Saint-Joseph, accompagnée de son amoureux, elle rencontre le trio de fêtards : les deux accusés et un de leurs amis.
Ils rient ensemble du costume de Martin Roussin-Bizier, qui insiste auprès d’elle pour qu’elle touche ses faux seins, raconte Florence.
« Je ressentais un malaise », témoigne-t-elle devant la juge Sarah-Julie Chicoine.
Ils discutent tous ensemble pendant quelques minutes. Roussin-Bizier demande alors de prendre une photo avec Florence. La jeune femme de 19 ans accepte.
Le copain de Florence propose de prendre la photo. Il se place donc devant eux. Martin Roussin-Bizier met son bras autour de la jeune femme.
« Il remonte sa main et m’empoigne ma fesse droite. […] Il glisse sa main vers mon entre-jambes dans ma robe. Il me touche sur la peau directement. Il me touche très près du vagin », témoigne Florence.
Anxieuse, la jeune femme ne réagit pas sur le coup. Elle dit serrer les poings pour éviter de paniquer. La poursuite déposera notamment en preuve un clip de quelques secondes qui montre la prise de photo, on y voit Florence serrer le poing, mais on ne voit pas les attouchements.
« Je sens qu’on entre énormément dans mon intimité. Ce qui se passe à ce moment-là, c’est vraiment pas correct. J’ai le goût de pleurer et de paniquer. La photo se termine. J’essaie de contenir mes émotions, je rentre mes ongles dans mes mains pour essayer de me calmer. »
Pendant que son copain discute avec Patrick Toussaint et l’autre ami, Florence reste près de Roussin-Bizier.
« L’individu déguisé en femme prend un de mes seins dans sa main, par en dessous et le remonte vers en haut. Il me dit : ça, j’ai le droit parce que tu y as touché tantôt [en faisant référence à ses faux seins]. Je n’étais pas du tout consentante à ce qu’il touche mes seins. »
Lorsque le trio continue son chemin, Florence pleure et raconte tout à son amoureux. Elle veut ensuite retrouver ses amies au resto-bar Le District.
Réunie avec ses amies, Florence raconte sa mésaventure. Son amie, l’autre plaignante, lui indique qu’il lui est arrivé la même chose, avec le même homme déguisé en femme. Cette dernière doit elle aussi témoigner pendant le procès.
Florence et son copain n’ont pas vu l’agression armée survenue plus tard en soirée. Lorsqu’elle était de retour dehors, à l’extérieur et devant Le District, elle a aperçu la victime le visage recouvert de sang avec les policiers. Il s’agit d’un membre de la bande qui voulait vraisemblablement défendre ses amies.
En contre-interrogatoire, Florence a été longuement questionnée sur sa consommation d’alcool pendant la soirée.
Le procès se poursuit mardi.