Martin Lévesque témoigne à son procès pour meurtre

Martin Lévesque subit son procès pour le meurtre au deuxième degré de Patricia Sirois.

Martin Lévesque a été appelé à la barre des témoins, jeudi, dans son procès pour meurtre. Il a raconté au jury ses missions militaires, et les dures scènes auxquelles il a dû assister.


Habillé d’un polo noir et d’un jean, la barbe rasée, l’ex-militaire répond clairement aux questions de son avocat, d’une voix grave et posée. Il offre toutefois de courtes réponses, forçant Me Pierre Gagnon a enchainer les questions précises.

Le rôle d’ingénieur de combat au sein des forces n’était pas son premier choix, dit notamment l’accusé. Il a été guidé vers cette formation en raison des disponibilités au moment de son inscription. Plus tôt dans le procès, un psychiatre militaire a révélé mercredi que les ingénieurs de combats sont les soldats les plus à risque de développer un trouble de stress post-traumatique en raison de la dangerosité des interventions.

La première scène marquante

Martin Lévesque est rapidement invité à raconter le déroulement de ses premières missions en Indonésie et en Bosnie. Il avait pour mandat d’assurer la sécurité des civils en situation de guerre. En tant qu’ingénieur de combat, il s’occupait aussi du déminage près des villes.

En 2004, Martin Lévesque s’envole vers Kaboul, en Afghanistan. Lors d’une patrouille dans la ville, il a vécu un premier événement marquant.

«On a entendu une explosion […] c’était des enfants qui avait voulu enlever des explosifs», souffle l’accusé. À ce moment, il marque une pause, son ton de voix s’assombrit.

«On s’aperçoit vite qu’il n’y a rien à faire, les enfants sont démembrés», explique-t-il entre deux soupirs.

Il souligne ne pas avoir demandé l’aide de l’aumônier du camp de base. Il a plutôt discuté des images difficiles avec son équipe. «Il n’y a pas vraiment de service psychosocial au niveau du camp principal», précise-t-il.

L’Afghanistan est la première mission où Lévesque constate un changement de son état mental à son retour à la maison. La scène des enfants morts hante entre autres ses nuits.

«[Je suis] un peu affecté par l’événement des enfants. Ça a duré une couple de mois. J’en n’ai pas parlé. Je n’avais pas le goût. Ça ne me tentait pas de me rappeler ça.»

L’ex-militaire souligne toutefois que sa situation familiale se porte bien, à son retour. Il entame ensuite quatre ans de formation pour devenir entre autres instructeur au sein de l’armée.

La mission qui a tout changé

Sa deuxième mission en Afghanistan, en 2009, est celle qui a eu le plus d’impacts sur Martin Lévesque. Selon sa conjointe qui a témoigné mardi, l’accusé a perdu beaucoup de frères d’armes, certains sous ses yeux.

Pour l’accusé, les questions générales sur l’armée et les différents postes sont faciles. Quand vient le temps d’aborder en détail les événements vécus sur le terrain, Lévesque effectue plusieurs pauses.

«Est-ce que c’est facile d’en parler aujourd’hui malgré les années?» demande Me Pierre Gagnon à son client, visiblement perturbé.

«Non, non, non», répète rapidement Lévesque.

Pendant cette mission de 2009, l’unité dans laquelle Martin Lévesque est déployée encaisse plusieurs pertes de vies humaines, des Américains comme des Canadiens. Il participe notamment au rapatriement des corps à la base et entend les tirs et les explosions qui seront fatales pour ses frères d’armes.

Il admet également s’est défendu et avoir maîtrisé les attaques. On comprend donc que Lévesque a eu à tirer sur l’ennemi pendant la mission.

«On se prépare au pire scénario, mais pas pour ça», dit Martin Lévesque.

Son témoignage se poursuit vendredi, toute la journée. Me Pierre Gagnon doit aborder davantage la nature des événements traumatisants vécus par Lévesque et la perte de ses camarades.