La santé mentale au coeur du procès pour meurtre d’un ex-militaire

Palais de justice de Québec

L’une des balles tirées par l’ex-militaire Martin Lévesque s’est logée dans la porte arrière de la voiture de Patricia Sirois, tout juste à côté du siège ajustable où était installé l’un de ses enfants.


Le 10 septembre 2021 en milieu de soirée, la mère de famille a été atteinte de six projectiles alors qu’elle roulait sur la rue Marlène à Saint-Raymond de Portneuf. La femme de 35 ans, en congé, revenait à la maison après quelques commissions. Elle habitait à quelques mètres de la maison de l’accusé.

Le jury de 14 personnes a entendu le premier témoin dans le procès pour meurtre au deuxième degré de Martin Lévesque, mardi, au palais de justice de Québec.

«Il va invoquer qu’il n’est pas responsable des gestes qu’il a posés. Nous, on prétend le contraire. Il était capable de différencier le bien du mal, il est là, le débat», insiste l’avocat de la poursuite, Me Matthieu Rochette, dans son mot d’ouverture.

Martin Lévesque ne nie pas avoir tiré sur Patricia Sirois. Sa santé mentale sera vraisemblablement au cœur du procès. Des psychiatres seront notamment entendus afin de savoir si les gestes de l’ex-militaire ont été posés en raison d’un choc post-traumatique.

Plusieurs membres de la famille et des proches de Patricia Sirois assistent au procès. Lorsque les trajectoires des balles ont été décrites, accompagnées de photos, le conjoint de la victime a quitté la salle d’audience, visiblement secoué par les informations rendues publiques. L’une des balles a traversé le corps de la victime et le siège avant pour terminer sa course tout près d’un de ses enfants.

Aussi militaire, le père était déployé en mission en Lettonie au moment du drame en 2021.

Patricia Sirois, tuée le 10 septembre 2021

Une dizaine d’armes à feu

Le premier témoin, le technicien en identité judiciaire de la Sûreté du Québec Danny Godin, a décrit les différentes scènes où l’événement s’est joué. Il a présenté le lieu où les balles ont été tirées, puis celui où la victime a été retrouvée, à l’intérieur de la voiture.

Les projectiles de 9 mm trouvés dans la victime ou sur la voiture concordent avec les douilles de 9 mm retrouvées près de la résidence de Martin Lévesque, précise le témoin.

L’ex-militaire a été arrêté avec une arme longue à la main. Le témoin a expliqué qu’il était impossible que cette arme soit celle utilisée pour le crime. Après une fouille dans la maison de Martin Lévesque, une dizaine d’armes ont été retrouvées, dont un pistolet 9 mm. «C’est le seul 9 mm trouvé. […] Après analyse, ça s’est avéré par la suite être l’arme utilisée pour tirer sur Madame Sirois», souligne M. Godin.

Les policiers ont aussi saisi des dizaines de munitions et chargeurs, en plus de deux armes militaires dans la maison de Lévesque. Plusieurs bouteilles d’alcool ont aussi été aperçues sur les photos présentées au jury.

Le procureur Me Rochette a indiqué que Martin Lévesque et sa conjointe étaient en état d’ébriété avancé au moment des événements.

900 mètres

Patricia Sirois a appelé les services d’urgence quelques secondes avant d’être atteinte de deux balles mortelles à la tête, tirées par le pistolet 9 mm de Martin Lévesque. «On prétend que c’est parce qu’elle a eu peur», souligne Me Rochette.

Selon la poursuite, Martin Lévesque et sa conjointe avaient un comportement angoissant le soir du 10 septembre 2021. Si bien que Patricia Sirois a composé le 911 en les voyant dehors, dans son quartier.

Toutefois, la mère de famille n’a pas eu le temps de parler au répartiteur d’urgence, comme les coups de feu ont été tirés avant que quelqu’un ne décroche le téléphone. Le jury entendra cet appel logé au 911, même si l’exercice risque d’être «difficile», prévient la poursuite. On y entend les enfants de la victime crier et la conjointe de Martin Lévesque, Guylaine Laflamme, insulter le répartiteur, informe Me Rochette.

L’avocat de la poursuite prévoit aussi faire entendre plusieurs voisins qui ont croisé ou discuté avec Lévesque et sa conjointe, quelques heures avant le meurtre. «Un voisin va venir vous décrire leur état.»

Après les coups de feu, la voiture de Patricia Sirois est restée en marche. Pendant 900 mètres, elle avançait tranquillement sur la rue Marlène et la rue Francine, a expliqué la poursuite. Les deux enfants de la victime étaient toujours à bord.

La conjointe de Martin Lévesque a fracassé la fenêtre côté conducteur pour attraper le volant et diriger la voiture, pour que celle-ci ne quitte pas la route. Comme le téléphone de Patricia Sirois est connecté au Bluethooth de la voiture, on peut l’entendre dans l’enregistrement de l’appel au 911.

En voyant la situation, une voisine a fracassé la fenêtre du côté passager afin d’être en mesure d’immobiliser le véhicule. Elle viendra, elle aussi, témoigner devant le jury.