La victime est Gilles Gosselin, 54 ans. Il aurait vraisemblablement été battu par les deux suspects, arrêtés à Longueuil mardi soir.

Parmi la clientèle itinérante, Gilles Gosselin est décrit comme un homme gentil et collaboratif. Il n’avait pas l’habitude de causer des problèmes. Il fréquentait Lauberivière à l’occasion, mais avait l’habitude de se tourner vers la marina pour passer la nuit, lorsque la température le permettait.

Zachary Jenkins-Verret et Nathan Fréchette ont été arrêtés mardi soir à Longueuil, après que la police de Québec ait publié des images afin de les identifier et les retrouver. Ils ont été accusés de meurtre au premier degré mercredi, au palais de justice de Québec. Ils sont aussi accusés de tentative de meurtre sur un autre itinérant ainsi que d’avoir commis un vol qualifié à son égard, dans la nuit du 21 au 22 avril.

Cette deuxième victime aurait encaissé plusieurs coups du duo, en plus de se faire voler les quelques effets personnel qu’il avait sur lui.

Les coaccusés ont comparu par visioconférence, en direct du palais de justice de Longueuil. Il leur est interdit de communiquer avec quatre personnes pendant qu’ils sont en détention, tous des témoins liés aux preuves récoltées.

Jenkins-Verret et Fréchette resteront détenus comme ils sont accusés de meurtre prémédité, la plus grave infraction du Code criminel. Pour faire une demande de libération sous conditions, ils devront se tourner vers la Cour supérieure.

Selon nos informations, plusieurs altercations ont été signalées à la police de Québec pendant la fin de semaine. Plus d’un itinérants auraient été attaqués et roués de coups. La police ne confirme pas ces informations pour l’instant, l’enquête se poursuit. Les enquêteurs s’affairent à rencontrer toutes les personnes concernées dans ces bagarres.

«Malgré que le crime soit récent, les policiers ont amassé une quantité importante de preuves, des expertises seront faites dans les prochains jours», signale le procureur de la Couronne, Jean-Simon Larouche.

Il s’agit du premier meurtre à survenir sur le territoire de Québec en 2023.

«Sans bon sens»

«J’étais à Lauberivière pendant la fin de semaine et on accompagnait notre monde comme on pouvait. Il y avait beaucoup de tristesse», souligne M. Boulay.

«Mais quand j’apprends que ce serait un geste gratuit, je passe vite de la tristesse à la colère. Ces personnes-là sont déjà vulnérables, elles se battent contre le froid, la faim et le manque de ressources… Savoir que des gens peuvent s’en prendre comme ça à des personnes de la rue, je trouve ça épouvantable. C’est un film d’horreur. Ça n’a pas de bon sens.»

Éric Boulay a interrompu ses vacances pour répondre aux demandes médias qui s’accumulent depuis samedi. Il trouvait important de se prononcer sur l’événement qui touche durement sa clientèle.

«Je jasais sur le Parvis de l’église Saint-Roch toute à l’heure, il y avait beaucoup de colère, de peine», lâche aussi le directeur du refuge de Québec.

Lorsque les lits sont tous occupés à Lauberivière, la marina est une deuxième option bien connue pour la clientèle itinérante, mais pas plus populaire qu’un autre lieu.

Toutefois, M. Boulay précise : il y avait de place dans ses installations vendredi soir. «On était pas plein cette fois-là. Mais ça aurait pu. Ça arrive qu’on manque de lits. J’aurais l’espace physique pour avoir plus de places, mais je n’ai pas de financement pour opérer ces lits-là», lâche Éric Boulay.

Avec la mort de cet itinérant à Québec, le débat du manque de ressources revient sous les projecteurs. Les personnes de la rue ne peuvent pas toutes être en sécurité entre les murs de Lauberivière pendant la nuit, certains doivent faire des choix, souligne le directeur du refuge.

Chaque année, la fréquentation des lits de Lauberivière augmente de 7 à 15 %, indique aussi M. Boulay.

Pas la première infraction

Zachary Jenkins-Verret a déjà passé plusieurs mois derrière les barreaux pour des infractions de voies de fait graves et vol qualifié. En 2019, à l’âge de 18 ans, avec trois complices d’âge mineur, il avait roué de coups un homme après une transaction de drogues. La bagarre s’était déroulée près du bar Le Dauphin, dans Saint-Roch. Plus de 30 coups avaient été donnés et l’agression avait été décrite comme «sauvage, lâche et gratuite» selon un article du Journal de Québec, écrit en 2019.

La même nuit, Jenkins-Verret et un ami avaient attaqué une autre personne près de la rivière Saint-Charles.

Le jeune homme a aussi fait face à des accusations de menaces, pour lesquelles il a écopé d’une peine de deux mois à l’été 2019.

Nathan Fréchette est sans antécédents judiciaires.