Un plan ambitieux pour contrer la crise du logement

Le taux d’inoccupation des logements locatifs était de 1,6 % en 2022, soit son plus bas depuis 2011.

Face à la pénurie, la Ville de Québec accélère la mise en œuvre de sa vision de l’habitation afin de construire 80 000 nouveaux logements d’ici 2040.


Le taux d’inoccupation des logements locatifs était de 1,6 % en 2022, soit son plus bas depuis 2011.

L’objectif de la Ville est de le ramener au seuil d’équilibre de 3 % en construisant 5000 logements par année.

« Dans le passé, 3000 logements se construisaient annuellement. Actuellement, c’est 2500. C’est insuffisant. Si on garde cette posture, on va accélérer la crise. Le marché n’est plus capable de se réguler par lui-même. Nous allons donc être proactifs et nous donner des cibles ambitieuses », a mentionné le maire de Québec, Bruno Marchand, lors de la présentation de ce nouveau plan, mercredi.

Le maire de Québec, Bruno Marchand

Pour y arriver, Québec mettra en place une vingtaine d’actions d’ici 2026.

Entre autres, en réduisant les délais pour la construction de logements en augmentant le nombre de logements permis sur des sites présentant un fort potentiel et en accélérant le processus de délivrance des permis.

Mais pas question pour autant de transformer Québec en New York, tempère le maire Marchand. « On va rester Québec, en privilégiant une densification douce. On va construire en hauteur, mais sans déformer la ville et détruire l’âme des quartiers. Il n’y aura pas un immeuble de 10 étages à côté d’un bungalow », promet-il.

Il sera permis aussi de construire des minimaisons ou d’ajouter un second logement en convertissant par exemple un garage ou un sous-sol.

Plus de limites sur les stationnements

Autre mesure phare de ce nouveau plan, l’abolition des exigences minimales de stationnements pour les constructions neuves. Certains logements pourraient donc être dépourvus de cases de stationnement, particulièrement le long du futur tramway.

Le maire espère par cette mesure encourager l’utilisation du transport en commun. Il estime également que les mentalités ont évolué.

« Mon fils qui a 22 ans n’a pas son permis, plusieurs de ses amis non plus. La voiture n’est plus une priorité. »

—  Bruno Marchand

Selon lui, les promoteurs pourront réaliser des économies s’ils ne sont plus obligés de prévoir un nombre minimal de stationnements.

« Les endroits où il y aura zéro stationnement, on devra revoir le stationnement sur rue et regarder l’ensemble de l’offre de stationnement », ajoute la responsable de l’habitation au comité exécutif, Marie-Pierre Boucher.

Des logements abordables

Le taux d’inoccupation était inférieur à 1 % en 2022 pour les logements locatifs ayant un loyer moyen sous les 1000 $.

Dans le but d’accueillir plus de résidents, la Ville souhaite aménager un nouveau quartier abordable et durable.

Le maire Marchand veut également mettre fin à l’itinérance et construire 500 nouveaux logements sociaux et abordables par année, dont 100 seront réservés à des clientèles vulnérables.

605 M$

Le plan 2023-2026 demandera des investissements d’environ 605 M$. La Ville participera à la hauteur de 147 M$. Elle s’attend à une aide de 348 M$ du gouvernement, dont une part importante sera injectée dans la création de logements sociaux.

Elle ira chercher également 110 M$ dans le cadre du Fonds pour accélérer la construction de logements de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Le Bureau animation et information logement déçu

Le groupe de défense de droits des locataires s’attendait à un autre genre de « plan d’action ambitieux » de la part de la Ville de Québec. Un plan qui aurait mis l’accent sur des mesures ayant un impact immédiat.

« En urgence, il faut faire le maximum pour freiner l’érosion du parc de logements locatifs et pour stopper la flambée des loyers », a réagi par communiqué en fin d’après-midi, Jonathan Carmichael, organisateur communautaire au BAIL.

Selon M. Carmichael, le plan présenté par Bruno Marchand poursuit la même logique, celle du privé pour qui l’habitation n’est rien d’autre qu’un secteur d’investissement à rentabiliser et du marché qui viendra s’autoréguler.

« Au lieu de dérouler le tapis rouge aux promoteurs immobiliers et ne prévoir que des miettes pour les locataires, la Ville doit changer sa perspective en considérant le logement comme un droit et un besoin essentiel », a-t-il commenté.