Québec et la Ville de Lévis ont rencontré un lobbyiste pour un projet d’usine de gaz naturel liquéfié

Vue de la Ville de Lévis

Le gouvernement du Québec et la Ville de Lévis ont, chacun leur tour, rencontré durant l’été un ancien directeur de la CAQ devenu lobbyiste pour discuter d’un projet d’usine de gaz naturel liquéfié (GNL).


Le lobbyiste Robert Milot, qui a été directeur adjoint à la Coalition avenir Québec (CAQ) jusqu’en 2016, espère obtenir l’assentiment de la Ville pour un projet de gaz naturel liquéfié à Lévis, selon son inscription au registre des lobbyistes.

Le cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, aussi ministre responsable du Développement économique régional, confirme que « oui, le concept a été présenté ».

Par contre, « aucun suivi n’est prévu pour le dossier », ajoute par courriel Rosalie Tremblay-Cloutier, conseillère politique du ministre Fitzgibbon.

La Ville de Lévis atteste aussi qu’une rencontre a eu lieu le 25 juillet entre un membre de la direction de la Ville et M. Millot. La Ville de Lévis rencontre « tous les promoteurs intéressés à la Ville », indique son porte-parole, Michel Thisdel.

Robert Milot n’a pas rencontré le maire Gilles Lehouillier, indique Alexandre Boudreau-Forgues, directeur de cabinet du maire de Lévis.

Dans l’inscription au registre des lobbyistes de M. Milot, il est indiqué qu’il a l’intention de rencontrer le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEI), Pierre Fitzgibbon, et qu’il souhaite obtenir l’approbation du MEI pour une usine de GNL. L’emplacement éventuel de l’usine n’est pas précisé.

Il également indiqué que Robert Milot souhaite organiser plusieurs rencontres avec les maires de Lévis et de Québec et les directions générales des deux villes. Le lobbyiste souhaite aussi obtenir l’autorisation d’Hydro-Québec pour un permis d’électricité.

Selon sa page LinkedIn, Robert Milot a été directeur adjoint à la Coalition avenir Québec (CAQ) jusqu’en 2016. Il a aussi été candidat dans la circonscription de Labelle en 2012 et candidat pour la circonscription dans Bertrand en 2014.

Joint sur LinkedIn, M. Milot n’a pas souhaité commenter. Il a affirmé qu’il ne ne peut « discuter du projet car il [n’]est présentement qu’embryonnaire » et qu’il en parlerait « en un temps plus opportun ».

Des inquiétudes pour les terres de Rabaska

Jean Gosselin, un agriculteur de Lévis, s’inquiète que le projet d’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) vise un emplacement sur les terres du défunt projet de terminal méthanier Rabaska, à Lévis-Est, que la Ville de Lévis veut acquérir.

En juin, le conseil municipal de Lévis a adopté une résolution visant l’acquisition par expropriation d’une partie des terres appartenant à la société Rabaska. La municipalité zieute les terrains du défunt projet Rabaska, où elle rêve de son futur high-tech.

M. Gosselin, qui est cofondateur de la Ferme des Ruisseaux, qui est située près des terres de Rabaska et était visée par le passage du gazoduc avorté, milite pour la réinclusion en zone agricole des terres de Rabaska. Il estime que la Ville de Lévis doit rejeter un éventuel projet d’usine de gaz naturel liquéfié sur les terres de Rabaska.

« Avec le réchauffement climatique et tout ce qui s’ensuit, je pense qu’on est rendus ailleurs, dit Jean Gosselin. Et il ne faut pas oublier une chose : Québec vient de refuser un terminal de liquéfaction qui n’est pas en zone agricole ». En 2021, le gouvernement du Québec a rejeté le projet d’implantation d’une usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay par GNL Québec, évalué à 14 milliards $.

Invitée à régir, l’opposition municipale à la Ville de Lévis s’est montrée surprise et inquiète de voir l’intérêt pour un projet de GNL refaire surface. « Les citoyens ont manifesté fortement contre Rabaska la dernière fois, a rappelé le conseiller Serge Bonin. Je ne pense pas que le sentiment ait beaucoup changé par rapport à ça depuis. »

Tout en préférant attendre d’obtenir plus d’informations sur le projet, l’élu de Saint-David a dit « ne pas avoir un préjugé favorable » par rapport à un tel projet. « C’est une question qu’on aurait pu aborder il y a 10 ou 20 ans peut-être, mais aujourd’hui, je pense qu’on en est plus là. »

Avec la collaboration d’Isabelle Mathieu