Un plan pour améliorer la qualité de l’air

Dix stations d’échantillonnage ont mesuré la qualité de l’air dans les quartiers de la Basse-Ville du 14 octobre au 15 décembre 2022. Selon les résultats, aucun dépassement n’a été relevé dans le Vieux-Limoilou concernant le nickel.

Le transport routier, le chauffage au bois et les activités industrielles ont un impact sur la qualité de l’air selon les résultats de la campagne d’échantillonnage mené durant l’automne 2022. La Ville de Québec et ses partenaires s’engagent à diminuer cette pollution par différentes actions d’ici 2027.


Le bilan, attendu depuis l’automne 2022, a enfin été rendu public mardi, lors d’un point de presse à l’hôtel de ville. Le ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, le PDG du Port de Québec, Mario Girard et le directeur de la Division Prévention et contrôle environnemental de la Ville de Québec, Mathieu Alibert, étaient présents au côté du maire de Québec, Bruno Marchand pour cette annonce.

En juin 2022, le maire Marchand avait obtenu les collaborations du ministre de l’Environnement et du PDG du Port de Québec afin de savoir ce qui se trouve véritablement dans l’air de Limoilou. Quelques mois auparavant, il s’était opposé à l’assouplissement de la norme sur le nickel décidé par le gouvernement de la CAQ.



La nouvelle norme quotidienne de 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) ainsi qu’une norme annuelle de 20 ng/m3 était justifiée selon le ministère de l’Environnement. Elle tient compte des normes en vigueur ailleurs au Canada et en Europe.

La norme du nickel respectée dans Limoilou

Dix stations d’échantillonnage ont mesuré la qualité de l’air dans les quartiers de la basse-ville du 14 octobre au 15 décembre 2022. Les échantillons ont été prélevés tous les deux jours et des études ont été menées en laboratoire.

Le pdg du Port de Québec, Mario Girard, le ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, le maire de Québec, Bruno Marchand, et le directeur de la Division Prévention et contrôle environnemental de la Ville de Québec, Mathieu Alibert.

Selon les résultats, aucun dépassement n’a été relevé dans le Vieux-Limoilou concernant le nickel. Cependant, comparées aux autres quartiers, les particules en suspension (PST) sont les plus élevées en milieu communautaire.

Pour autant le maire Marchand a refusé de rejeter le blâme sur la Port de Québec.



« Le port n’est pas le seul responsable. À chaque fois qu’on prend notre voiture, il y a un impact. Idem pour l’utilisation du chauffage à bois ou d’abrasif. »

—  Bruno Marchand, maire de Québec

L’étude ne démontre pas « avec certitude la contribution des diverses sources de contamination des diverses sources de contaminants atmosphériques en particules et en métaux provenant de la zone industrielle en raison de certaines limitations de la campagne », peut-on lire.

Un plan d’action pour améliorer la qualité de l’air

La Ville, en partenariat avec le Port de Québec et le ministère de l’Environnement, lance un vaste plan d’action 2023-2027 articulé autour de sept axes.

Dès cette année, Québec déploiera des mesures afin d’améliorer la qualité de l’air de ses citoyens.

  • Modification du Règlement sur les appareils de chauffage au bois, notamment pour inclure une déclaration obligatoire de tous les équipements de combustion de bois (sauf les foyers extérieurs) et pour interdire l’installation des foyers d’ambiance ou décoratifs dans les constructions neuves;
  • Élargissement du programme de subvention pour le retrait ou le remplacement d’appareils de chauffage au bois non conformes;
  • Projet-pilote de lavage des roues des camions sur les chantiers;
  • Inclusion de clauses relatives à la qualité de l’air dans les appels d’offres;
  • Création d’une commission consultative sur la qualité de l’air pour un meilleur partage des connaissances et arrimage des actions.

Le Port de Québec s’est engagé à verdir son territoire dans les prochaines années. Son PDG, Mario Girard, a aussi réitéré son soutien à Glencore, l’entreprise responsable de la présence de nickel. « Nous continuons notre collaboration avec eux. Ils ont un projet de recherche et de développement pour le déchargement des cales et que celles-ci deviennent complètement étanches », a-t-il révélé.

Dans la bonne direction

Pour le Dr Philippe Robert, médecin spécialiste en santé publique à la Direction régionale de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale, les résultats sont rassurants et concordent avec ceux observés dans le projet Mon environnement, ma santé.

Dr Philippe Robert, médecin spécialiste en santé publique à la direction régionale de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale

« Globalement, la qualité de l’air s’améliore à Québec depuis quelques années, mais on peut faire encore des progrès », souligne-t-il.



De l’avis de Dr Robert, les projets mis de l’avant sont positifs, mais l’amélioration de la qualité de l’air s’étalera sur plusieurs années, prévient-il. « On ne change pas du jour au lendemain les modes de chauffage, de transport. On voit un vrai leadership de la part de la Ville. C’est important d’impliquer les grands donneurs d’ordre. »

Dans une déclaration écrite, le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, exhorte le gouvernement de la CAQ à en faire plus pour améliorer la qualité de l’air. « Il faut agir concrètement et planifier l’avenir, en commençant par la conversion des autoroutes Dufferin-Montmorency et Laurentienne en boulevards urbains comme le demande la Ville de Québec et le recommande la Direction de Santé publique de la Capitale-Nationale dans son rapport Mon environnement, ma santé. »

Une annonce «timide» pour l’opposition officielle

«Le rapport lui-même dit qu’on pourrait aller plus loin. Est-ce que les citoyens en savent un peu plus ? Oui. Est-ce que c’est satisfaisant ? Non. Je ne pense pas qu’on puisse ce matin se péter les bretelles en disant qu’on a accompli quelque chose de grand», a réagi la cheffe par intérim, Alicia Despins.

Pour elle, le plus récent rapport réitère les constats déjà connus, sans partager de nouveaux objectifs ou d’échéanciers mesurables. «Ça manque», déplore-t-elle.

En présentant un nouveau plan, tout en promettant de le préciser plus tard, l’administration Marchand «prend les citoyens en otage», considère quant à lui le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet. Avec la collaboration d’Émilie Pelletier