Le tramway de Québec de Alstom se dessine

La Ville de Québec et Alstom ont présenté, vendredi matin, le futur tramway de Québec.

Alstom a concocté pour Québec un tramway qu’il dit différent: en plus d’une « signature visuelle » qui lui est propre, le réseau structurant « profitera » de l’expérience d’autres villes nordiques pour affronter les rudes hivers et le parcours pentu, assure la multinationale française.


Les trois premières esquisses du projet de tramway de Québec dessinées par Alstom ont été dévoilées vendredi par deux représentants de l’entreprise, aux côtés du maire de Québec, Bruno Marchand, et le directeur du Bureau de projet du tramway, Daniel Genest.

Pour la première fois, les partenaires ont présenté ensemble le fin détail du matériel roulant du futur tramway. À l’issue de l’appel de propositions, la multinationale Alstom a décroché le contrat pour la construction de ce volet du mégaprojet.



Le modèle proposé par le géant français demeure le Citadis Spirit, mais les citoyens seront appelés à trancher sur son apparence extérieure. Les designs Boréal, Harfang et Citadelle, chacune à l’image d’un « aspect du caractère unique » de Québec, seront soumises au vote populaire en 2024.

Le maire Bruno Marchand s’est bien défendu de ne consulter la population seulement sur des éléments « cosmétiques ». Il répète que son administration multiplie les rencontres avec les citoyens depuis son entrée en poste, à la fin 2021.

Différent d’Ottawa, jure Alstom

Le modèle proposé par le géant français est le Citadis Spirit.

De toute façon, les électeurs ont déjà eu l’occasion de s’exprimer aux urnes et ont élu des défenseurs du projet de tramway, plaide-t-il une nouvelle fois. Ainsi, même si des craintes persistent et qu’un vent d’opposition indéniable souffle sur Québec, ni le tracé ni le mode sur la table ne changeront d’ici la mise en service en 2029, maintient-il.

Québec fait confiance à Alstom pour lui fournir 34 rames du Citadis Spirit, avec une option de cinq de plus, au coût de 569 millions $. Pour l’entretien sur 30 ans, 768 millions $ lui seront versés.



Les hauts dirigeants du constructeur français s’étaient préparés à répondre à une montagne de questions des journalistes. Celles sur l’hiver, en particulier, sachant que le modèle retenu pour Québec est le même qu’à Ottawa. Dans la capitale fédérale, les ratés du train léger se sont accumulés depuis son lancement, en 2019.

Balayant l’échec de l’O-Train sur le dos de la « gouvernance », les représentants de Alstom se sont montrés rassurants sur la perception répandue qu’un tramway ne pourrait rouler dans la capitale québécoise en plein hiver. Jean-François Packwood, directeur du projet du tramway de Québec pour Alstom et son collègue Mathieu Ducharme, directeur de la division Grand comptes clients, insistent que leur technologie est déjà éprouvée dans un climat froid et neigeux.

Pour la première fois, les partenaires ont présenté ensemble le fin détail du matériel roulant du futur tramway.

Les tramways de la gamme Citadis sont présents dans 70 villes dans le monde. Quatrième projet au Canada à utiliser le modèle Spirit, celui de Québec en sera une version améliorée pour faire face aux hivers québécois et à la topographie « exigeante », ont-ils plaidé.

« Le tramway de Québec va être en mesure d’affronter les conditions météorologiques de Québec », promet M. Packwood. Il saura « profiter du retour d’expérience des autres villes hivernales ».

Présent à Edmonton, en Finlande, en Suède, en Pologne et ailleurs, Alstom se targue d’une « expertise » dans des pays nordiques.

Les tramways de la gamme Citadis, comme celui de Québec, sont présents dans 70 villes dans le monde.

Le Bureau de projet estime avoir été « au-devant » des « leçons apprises » pour éviter les problèmes potentiels, en faisant le choix de couvrir l’ensemble du centre d’entretien et d’exploitation et en veillant à ce que la période de marche à blanc couvre un hiver complet.



« La neige ce n’est pas le problème, le froid non plus, c’est plus le verglas qui faut faire attention. Et pour ça, on a pris les bonnes démarches avec Alstom pour s’assurer que le véhicule soit capable d’opérer dans des conditions où on subirait des épisodes de verglas », s’engage le directeur Daniel Genest. Les composants critiques seront chauffés, les câbles protégés et un racloir sera installé pour éviter l’accumulation de glace sur les fils.

La suite

D’ici là, il faudra d’abord que le tramway soit construit. La Ville et Alstom attendent le feu vert du gouvernement du Québec, prévu cet automne, pour passer en phase de réalisation. Ils ont pour cible 2025 pour le lancement de la fabrication et 2027 pour le début des livraisons.

Or, si l’échéancier devait être retardé, il leur faudrait peut-être se rasseoir pour ajuster le contrat et son prix.

Le constructeur réitère par ailleurs qu’il sera en mesure de respecter la contrainte du pourcentage de 25% matériel québécois.

Sans s’avancer sur un chiffre, on s’engage à ce que la « part du lion » pour la fabrication des rames aille à l’usine de La Pocatière. « Comme dans tout projet de cette envergure, il y a des composantes qui vont arriver de l’extérieur du Québec, c’est inévitable, nuance Jean-François Packwood, mais il n’y a aucune usine qui fait autant [...] que l’usine de La Pocatière va faire sur ce projet ».

LES DÉTAILS DU TRAMWAY DE QUÉBEC

  • 34 rames, chacune composée de quatre modules
  • Capacité de 272 passagers, dont 88 assis, 4 zones multifonctionnelles et 6 zones pour vélos
  • Vitesse maximale de 70 km/h
  • Alimenté par pantographe, 100% électrique
  • Sept portes doubles de chaque côté de chacun des tramways
  • Muni du wifi et climatisé