« Percuté de plein fouet »

L'aménagement cyclable sur le boulevard des Gradins et le boulevard Lebourneuf pose un enjeu de sécurité, selon Vélo Québec.

Anthony Larouche pédalait sur la piste cyclable du boulevard des Gradins dans Lebourgneuf, avec ses deux filles dans un chariot double à l’arrière de son vélo. Soudain, il a été percuté par une voiture qui tournait « sans regarder » dans l’entrée de la banque CIBC. Le père réclame plus de sécurité sur ce tronçon qu’il juge à haut risque.


Comme il le fait tous les matins, le père de famille allait porter ses deux filles de 1 an et de 4 ans à la garderie mardi lorsqu’une voiture l’a percuté. Heureusement, témoigne-t-il en entrevue au Soleil, c’est lui et non les enfants qui a subi l’impact.

Après un vol plané par-dessus son vélo, Anthony a atterri sur l’asphalte. Ses deux mains ont encaissé le choc de la chute. Immédiatement, c’est à ses deux enfants qu’il a pensé. Et à ce qui aurait pu arriver si l’impact était arrivé quelques secondes plus tard, au moment où le chariot et non le vélo croisait la voiture.



Si Anthony ne s’en tire qu’avec une douleur au poignet, le chariot double est, quant à lui, déclaré « perte totale ».

L’automobiliste était « terrorisée », décrit le cycliste. « Elle pleurait, n’était plus capable de parler. »

Un tronçon dangereux

Un commentaire lancé à la va-vite par le conjoint de la conductrice laisse un goût amer chez le citoyen de Lebourgneuf : « Soyez plus prudent. […] Je l’ai vraiment mal pris. C’est comme si j’avais une part de responsabilité. »

Ce n’est pas la première fois que le cycliste est témoin d’un tel événement sur le boulevard des Gradins, mais aussi sur Lebourgneuf et Chauveau. « Ça entre et ça sort, sans regarder. » Il qualifie le comportement de certains automobilistes de « problématique ». Des voitures klaxonnent les cyclistes ou leur coupent le chemin. Anthony Larouche pense que sa sécurité ne devrait pas dépendre que de lui. C’est une « responsabilité qui doit être partagée ».



Une piste bidirectionnelle séparée par une bande gazonnée de la circulation automobile coule le long du boulevard des Gradins. Pour certains cyclistes, elle offre « un faux sentiment de sécurité », puisque la voie est entrecoupée par une série d’entrées menant vers des commerces

« Avec la côte [du boulevard des Gradins], les vélos arrivent plus vite. Souvent c’est nous qui faisons attention, parce qu’eux ne prennent pas leur responsabilité », a déclaré cet habitué des transports actifs.

Pour Magali Bebronne, directrice des programmes chez Vélo Québec, opter pour un tel aménagement cyclable est loin d’être idéal. « Ça multiplie les conflits aux intersections » entre les piétons, les cyclistes et les voitures.

Obliger les automobilistes à ralentir avec des dos d’âne, rétrécir les entrées des commerces et poser des marquages au sol avec des couleurs vives, ce sont là les recommandations de Vélo Québec pour éviter d’autres collisions.

Pour Magali Bebronne, la sensibilisation a ses limites. « Il faut apaiser les mouvements », conclut-elle.

« Ça m’est arrivé aussi. Ça a passé proche. »

L’accident survenu mardi ne semble pas être un cas isolé. « En parlant au policier, suite à l’incident, il me disait que c’était la troisième collision à cet endroit dans le dernier mois », a indiqué Anthony Larouche dans une publication sur Facebook.



Pour Patricia Boudreault-Bruyère, la conseillère municipale de Neufchâtel-Lebourgneuf (Québec d’abord), « la sécurité, c’est une préoccupation des citoyens dans le secteur Lebourgneuf depuis un bout de temps à plusieurs endroits et celui-là en particulier ».

Si le maire Bruno Marchand veut faire plus de place aux cyclistes sur les routes, Anthony Larouche croit qu’il faut que les automobilistes ne prennent plus les cyclistes comme « des citoyens de deuxième classe ».

Malgré l’incident, Anthony Larouche utilisait, le lendemain, son nouveau chariot pour reconduire ses enfants à la garderie. Elles n’ont pas eu conscience du danger, se console-t-il.

En fin de journée, la Ville de Québec n’avait pas été en mesure de répondre aux interrogations du Soleil sur la dangerosité de ce tronçon de la piste cyclable.