« Québec va affronter bientôt son 416e hiver. Pourquoi, tout d’un coup, c’est devenu si compliqué que ça, déneiger Québec? » s’est indigné le chef de l’opposition officielle, mercredi.
La veille, en pleine reddition de comptes, le maire Bruno Marchand a soufflé la possibilité que la Ville de Québec s’adonne à une refonte des services de déneigement qui coûtent chaque année de plus en plus cher.
Au cours des derniers hivers, la facture annuelle a bondi de 50 millions $ à environ 80 millions $, a-t-il précisé mercredi. « On s’enligne pour probablement atteindre les 100 millions $ dans les prochaines années. »
Selon lui, « on ne peut pas être vert, déneiger dès qu’il tombe un centimètre et que ce soit propre comme s’il n’avait pas neigé et avoir des attentes que ça n’ait pas d’impact sur le budget ». Si telle est la volonté de la population, « on va monter le compte de taxes de 10%, on va avoir une gratte dans chaque rue et on va bien faire le travail », a-t-il notamment déclaré.
Pelleter des taxes
Il n’en fallait pas plus pour éveiller les soupçons des oppositions. Elles voient plutôt dans les propos du maire une « manoeuvre » pour préparer les citoyens à une augmentation de taxes.
« Je pense qu’on met la table pour une hausse de taxes », analyse le chef de l’opposition officielle, Claude Villeneuve.
« Je ne comprends pas pourquoi cette année, tout d’un coup, le déneigement, c’est un problème et qu’il faudrait envisager de réduire l’offre de services. »
— Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle
Pour lui, le déneigement fait partie des « missions de base » d’une ville, pour lesquelles les citoyens ne sont pas prêts à économiser.
D’avis que le maire s’avance en terrain glissant, Claude Villeneuve l’invite à garder la tête froide et partir à la recherche d’autres sources de revenus dans son budget. Et si l’envie lui prenait réellement de couper dans l’offre de déneigement, ça ne pourrait être pour longtemps, prédit-il.
« S’il le fait, ça va prendre 72 heures après la prochaine tempête pour qu’il recule et on va en revenir au statu quo de toute façon », anticipe M. Villeneuve.
De toute façon, ajoute le chef de la deuxième opposition, Patrick Paquet, pareil « service de proximité essentiel » ne peut être sacrifié sous aucun prétexte, plaide-t-il.
« Si on joue avec le déneigement, on ne jouera pas longtemps », confirme son collègue élu, Stevens Mélançon.
Ils entrevoient eux aussi la sortie du maire Marchand comme une façon de pelleter le fardeau d’une augmentation du compte de taxes dans la cour des citoyens.
« Et il y a toujours sa question environnementale. Comme si on disait aux citoyens : on déneige moins bien, soyez un peu plus patients, mais par contre on va être plus environnementaliste », ironise le chef Paquet.
« Est-ce qu’il faut moins bien déneiger pour sauver des GES? La réponse est non. »
— Patrick Paquet, chef de la deuxième opposition
« Magie » impossible, rétorque Marchand
Interpellé par les doutes soulevés par les oppositions, le maire de Québec a plus tard tempéré leur discours. En maintenant la prémisse générale, il s’est défendu vouloir imposer une montagne de taxes pour continuer à déneiger.
La neige ne cessera pas d’être ramassée à Québec du jour au lendemain, assure-t-il.
Mais « dans les 5, 10 prochaines années, avec la hausse des coûts qu’on voit actuellement, c’est impossible de se dire : on va garder le même niveau de service, ça ne coûtera pas plus cher et on ne tiendra pas compte des effets sur l’environnement », rejette Bruno Marchand.
« On ne peut pas dire on déneige à tout prix [...] et dire après, il ne faut pas augmenter les taxes du tout. C’est faire de la prestidigitation, c’est faire de la magie, ça ne se peut pas. »