Le déneigement en pleine tempête à Québec

Avec 1300 kilomètres de trottoirs et 2400 kilomètres de rues à déneiger, la Ville de Québec réservait à la saison 2022-2023 un budget de 77 millions $ pour le déneigement d'environ 55 % de son territoire. Les 45 % restants sont confiés au privé par contrats.

Déneiger rapidement, polluer et augmenter les taxes ou laisser la neige plus longtemps au sol pour limiter le « coût écologique » et les dépenses: tel est le dilemme auquel est confrontée l’administration Marchand, qui songe à revoir ses stratégies de déneigement.


« Si le citoyen dit ‘’moi, je veux être déneigé dès qu’il tombe un centimètre’' et que c’est ça notre choix, on va monter le compte de taxes de 10%, on va avoir une gratte dans chaque rue et on va bien faire le travail », a lancé le maire de Québec, mardi.

En plein examen de ses dépenses de 2022, Québec constate que le déneigement lui coûte de plus en plus cher. Parmi les grandes villes, elle est celle « qui ramasse le plus la neige, le plus rapidement », selon le maire Bruno Marchand.



Mais peut-être plus pour longtemps.

« Il y a des pressions encore beaucoup sur la neige. Comme on a vu en 2022, on transporte beaucoup de neige et les coûts de transport [...] sont élevés », analyse le directeur général Luc Monty.

Hausse du coût du carburant, des matériaux et pénurie de main-d’oeuvre sont autant de facteurs qui font bondir la facture annuelle du déneigement. Pour limiter les dépenses, « il faut commencer à se questionner », plaide-t-il.

Sans compter que le transport des précipitations tombées a un « coût écologique » indéniable. « C’est probablement l’opération de déneigement, ce qui est le plus polluant dans toutes les opérations de la Ville », évalue le maire Marchand.



« On ne peut pas être vert, déneiger dès qu’il tombe un centimètre et que ce soit propre comme s’il n’avait pas neigé et avoir des attentes que ça n’ait pas d’impact sur le budget, prévient-il. Si ce n’est pas ça qu’on veut, parce qu’on ne veut pas monter le compte de taxes, qu’est-ce qu’on fait? Il est où le point d’équilibre? »

« Ces trois attentes-là sont irréconciliables. On va faire des choix. »

—  Bruno Marchand

Pour les prochains hivers, à commencer par celui de 2023-24, l’administration Marchand a dans sa mire de revoir les pratiques. Québec ne veut plus nécessairement payer pour transporter la neige en quantité importante « pour la faire fondre dans des dépôts qui débordent ».

Les élus du conseil municipal seront informés des « enjeux » lors d’une séance du comité plénier, quelque part la semaine prochaine. En mettant « la balle au jeu » dès ce printemps, le maire Marchand se dit ouvert aux suggestions. Ultimement, il n’exclut pas la tenue d’une consultation publique sur la question.

« Au final [...] est-ce que c’est une étape intermédiaire en disant en 2023 on va faire ceci et en 2024, on va consulter encore plus pour se donner plus de temps pour voir où on s’en va. Tout est possible. Présentement, on n’a pas de plan. »

Dès son premier hiver en poste, l’administration Marchand a tenté d’innover. En décembre 2021, les épisodes de verglas successifs l’ont incitée à lancer une opération d’« expérimentation » pour le déglaçage « en temps réel » des trottoirs sur le territoire.

Cette année-là, il lui a fallu piger 9 millions $ dans les réserves pour couvrir toutes les dépenses liées aux opérations déneigement.



D’autres changements ont été apportés, comme le grattage des trottoirs déclenché pour trois centimètres de neige plutôt que cinq l’an dernier.

Ses méthodes ont jusqu’ici été parfois critiquées par les oppositions, jugeant que les résultats n’étaient pas à la hauteur de la Politique de viabilité hivernale, adoptée par l’administration Labeaume en 2020. En février, en plein Carnaval et Tournoi international de hockey pee-wee, une opération déneigement a particulièrement fait jaser et le maire avait promis des «améliorations» au soufflage.

En 2022, la Ville a voulu éviter de dépasser de nouveau son budget, en y ajoutant 10 millions $ au début de la saison. Quelque 77 millions $ étaient prévus pour la dernière saison froide et près de 82 millions $ ont été nécessaires.