Il y a une dizaine d’années, le vrombissement des moteurs pouvait également mener à des courses de rue.
La porte-parole du Service de police de la Ville de Québec, Sandra Dion, a participé en 2012 au documentaire Dérapages, réalisé par Paul Arcand, où il était question des excès de vitesse et des dangers de modifier son véhicule.
Le constat après 10 ans : les mœurs ont changé.
« Les jeunes ont changé, ils évoluent tout comme la société. »
Auparavant, lorsqu’un film comme Rapides et dangereux sortait au cinéma, les policiers faisaient une surveillance accrue autour des salles de cinéma pour éviter que les jeunes conducteurs, grisés par le film, ne fassent des excès de vitesse.
Selon Sandra Dion, le rapport des jeunes vis-à-vis ce genre de film n’est plus le même que lors des débuts de la franchise en 2001. « Ce n’est pas comme à l’époque de la sortie des premiers films, les jeunes ont une distance par rapport à ce qu’ils voient. »
Dorénavant, les amateurs de vitesse et de voitures modifiées se donnent davantage rendez-vous dans les stationnements de grands magasins. « Ils se rejoignent dans ce genre d’endroit pour modifier leurs voitures ou observer les modifications des autres, précise-t-elle ».
Et pour la course?
« Le phénomène a diminué », selon ce qu’ont observé personnellement Sandra Dion et ses collègues patrouilleurs. « Les jeunes savent que les policiers vont faire de la surveillance accrue pour ce qui est de la vitesse, en général ils se sensibilisent entre eux. »
« Ils ne cherchent pas à attirer l’attention sur leurs activités. »
Le SPVQ n’a pas été mesure de transmettre de chiffres sur le nombre de courses de rue répertoriées sur son territoire.
Il faut croire que l’influence de Dominic Toretto (le personnage principal campé par Vin Diesel dans Rapides et dangereux) n’est plus ce qu’elle a déjà été.
Malgré tout, le SPVQ maintient ses activités de surveillance et de sensibilisation notamment sur le bruit excessif émis par les véhicules modifiés.
Une perturbation variable selon les quartiers
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Si le phénomène des courses de rues semble de moins en moins présent selon la police, les moteurs bruyants continuent de ronronner partout en ville.
Selon les chiffres transmis par la Ville de Québec, en 2022, 123 plaintes ont été faites en lien avec des bruits perturbateurs (incluant les bruits émis par un moteur modifié). Bien qu’élevé, la tendance est à la baisse dans la région.
En 2021, il s’élevait à 177 et en 2020, plus de 262 plaintes ont été répertoriées par la Ville.
« Ce sont souvent les mêmes quartiers qui reviennent fréquemment dans les plaintes », ajoute Sandra Dion du SPVQ. « Nous avons particulièrement un nombre élevé de plaintes en début de saison estivale dans le secteur du Vieux-Québec ».
Une situation critiquée à plusieurs reprises par le conseil de quartier.
D’ailleurs, le secteur du Vieux-Québec—Cap-Blanc—Colline parlementaire est celui qui reçoit annuellement le plus de plaintes pour bruit excessif dans toute la ville de Québec.
En 2021, Le Soleil rapportait que des citoyens et commerçants du Vieux-Québec étaient préoccupés non seulement par le bruit, mais aussi par des courses de rue qui se tenait à la côte de la Montagne, côte de la Fabrique, côte du Palais, rue de Buade.
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Les autorités rappellent qu’il « est interdit de produire un bruit, émis par un véhicule routier, qui ressort des bruits ambiants et qui trouble la paix ou la tranquillité publique, tel que le crissement de pneus ou encore, celui généré par le bruit d’un moteur utilisé à des régimes excessifs », selon l’Article 7.1.
Les citoyens doivent contacter le 311 pour signaler tout bruit excessif causé par un moteur.
Depuis 2021, les amendes pour non-respect de la règlementation sur le bruit des véhicules peuvent aller de 150 à 1000 $
Des moteurs pas si faciles à traquer
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Malgré une surveillance accrue des véhicules modifiés, il est bien difficile d’enrayer le phénomène.
Notamment, parce que les voitures sont souvent modifiées par des amateurs, et lesdites modifications sont rarement communiquées à la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).
« La SAAQ délivre des attestations pour les véhicules modifiés et artisanaux en vertu de l’article 214 du Code de la sécurité routière (CSR). [...] La plupart des propriétaires de véhicules modifiés n’avisent pas la Société qu’ils ont apporté des modifications à leur véhicule. Par conséquent, la Société ne peut connaître le nombre en circulation », a expliqué au Soleil Sophie Roy, porte-parole de la SAAQ.
La SAAQ rappelle que les modifications esthétiques sont légales. Pour ce qui est des modifications mécaniques, une procédure doit être suivie pour s’assurer que les changements apportés à la voiture sont conformes à la loi.
Le Soleil est allé à la rencontre de trois garagistes qui ont confirmé refuser systématiquement toutes les demandes pour modifier un moteur ou un pot d’échappement.
L’illégalité de la chose et le manque de transparence de certains propriétaires rendent difficile de donner un portrait complet du nombre de voitures avec un moteur modifié en circulation sur les routes du Québec.
Quant au repérage de ce type de véhicules, la police de Québec utilise beaucoup le bruit ambiant et le comportement des citoyens pour cibler les moteurs modifiés.
« Si une voiture émet un son nettement supérieur à celle devant elle, c’est un bon indicateur que le règlement municipal n’est pas respecté. De même si on aperçoit des citoyens qui se retournent quand une voiture passe, ça peut signifier que le véhicule émet un son plus fort que la moyenne», explique Sandra Dion.
Pour ce qui est de tout autre type de modification mécanique, le policier peut faire une vérification approfondie du véhicule notamment pour s’assurer si ce dernier est toujours sécuritaire.