L’usine de Sanimax a reçu en mai trois constats d’infraction pour le non-respect de la réglementation municipale sur les nuisances. Ces amendes la punissent pour l’émission de mauvaises odeurs dans le voisinage pour l’année 2022.

La Ville de Lévis avait annoncé l’an dernier le resserrement de son Règlement sur les nuisances. Se portant à la défense des citoyens qui « subissent quotidiennement de façon inacceptable les conséquences de ces odeurs nauséabondes », le maire Gilles Lehouillier avait juré, en mars, que les écarts de Sanimax ne seraient désormais plus tolérés.

L’usine d’équarrissage s’expose depuis à des amendes pouvant aller jusqu’à 2000 $ « pour toute odeur nauséabonde qui se dégage d’un immeuble et qui incommode le confort ou le bien-être des personnes ». Promettant de sévir, Lévis se disait engagée à mettre au pas les contrevenants avec des constats pouvant aussi doubler à chaque récidive.

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La municipalité, s’en remettant au gouvernement du Québec pour faire appliquer la Loi sur la qualité de l’environnement, a toujours soutenu que ses pouvoirs d’intervenir étaient « limités » dans le dossier.

« La Ville assurera une vigilance pour le respect de sa nouvelle réglementation et n’hésitera pas à imposer les amendes nécessaires », déclarait une porte-parole en juillet dernier.

Plus d’un an après l’entrée en vigueur de la réglementation plus sévère, trois contraventions de 1250 $ plus les frais ont été signifiées à Sanimax. L’entreprise a donc écopé d’une pénalité d’environ 3750 $ après « analyse » des signalements à son égard par les inspecteurs et procureurs municipaux.

Pourtant, la Ville de Lévis confirme avoir reçu « plusieurs appels de citoyens se plaignant d’odeurs incommodantes et nuisibles » en 2022. Conjointement avec le ministère de l’Environnement, elle comptait 279 plaintes qui avaient été portées à son attention.

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Sanimax les dénombre aussi de son côté, mais avec sa propre méthode de calcul.

Alors que l’entreprise fait déjà l’objet de quelques récriminations depuis le début de 2023, l’administration Lehouillier certifie qu’elle pourra émettre « autant de constats qu’il y a de jours où des infractions sont commises si nécessaire dans l’avenir ». « En cas de récidive coupable, l’amende pourrait être majorée jusqu’à 4000 $ par jour où une infraction est constatée », précise le porte-parole Michel Thisdel.

Sanimax conteste

Sanimax garantit qu’elle ne compte pas en rester là. Dans une déclaration acheminée jeudi soir au Soleil par l’entremise d’une firme de relations publiques, elle fait part de ses intentions.

« Concernant les trois infractions reçues récemment de la Ville de Lévis et alléguant des épisodes d’odeurs en 2022, nous avons plaidé non coupables à celles-ci et avons l’intention de nous défendre face à ces accusations. »

—  Sanimax

Tout en énumérant une liste d’« efforts » déployés pour corriger les effluves puants, l’usine d’équarrissage se dit engagée depuis avril 2022 à « collaborer » à travers un Plan gouvernemental.

Elle dévoilait la semaine dernière une série de mesures comprises dans son plan estival qui prévoit notamment de s’attaquer à la « réduction à la source du problème ». Sa politique de récupération à la ferme des animaux morts sera révisée pour éviter que la matière qui provient des éleveurs ne soit « trop dégradée » à son arrivée à l’usine. Elle y voit « le principal enjeu à régler pour faire une différence significative pour les communautés ».

Deux biofiltres remplacés pour le traitement d’air et l’essai de nouveaux neutralisants à odeurs s’ajoutent aussi au projet de garage ventilé sur le site de l’usine et de cabanons réfrigérés dans les fermes du Québec qui « suit l’échéancier comme prévu ».

Avec « seulement » deux plaintes acheminées à ses bureaux le mois dernier, Sanimax dresse un bilan positif de ses actions, alors qu’elle en avait reçu 32 à la même période, en 2022.

Le « bénéfice du doute »

Les riverains, eux, sont prêts à laisser le « bénéfice du doute » à Sanimax, espérant que l’été qui s’amorce sera différent des précédents.

Mais ils ne s’en cachent pas: quand le mercure grimpe, comme cette semaine, l’impatience monte, elle aussi.

Même si elle a eu vent des efforts réalisés pour que l’« été 2023 soit moins pénible », Katlyne Fortin, instigatrice du Regroupement des citoyens du Grand Lévis « victimes » de Sanimax, sur Facebook, reste sceptique. « On va attendre de voir pour pouvoir dire si ça s’est amélioré ou pas ».

« J’entrevois encore un barbecue un peu raté. Mais c’est un coup à donner avant que les mesures fassent leur effet », exprime Jérôme Bourgault, qui habite non loin de l’usine pointée du doigt.

Comme lui, des citoyens agacés par la senteur des carcasses animales fondent beaucoup d’espoir sur les améliorations promises par Sanimax, qui devraient faire ralentir les odeurs d’ici la fête nationale, prévoit-il.

« On n’espérait pas de chaleur avant la Saint-Jean, mais là, on va le vivre. »

—  Jérôme Boudreault, représentant des citoyens sur le comité de vigilance de Sanimax

« C’est un été important, avec les changements qui s’en viennent. On va être à l’affût », promet celui qui est aussi membre représentant des citoyens sur le comité de vigilance de Sanimax. Il a vu la situation évoluer depuis 20 ans. « En bien et en mal », ne manque-t-il pas de souligner.

Jérôme Bourgault remarque que depuis cinq ans, l’entreprise montre plus d’écoute envers ses voisins, qu’il invite à signaler toute infraction dont ils sont témoins. Cela n’empêche pas que même après « un très bel hiver », des effluves flottent encore dans l’air.

« Ça va toujours un peu sentir, nuance-t-il, avant de servir un avertissement. Quand ça sent la pourriture et la charogne, c’est autre chose. Ça, ça ne passe plus. »