Une piste cyclable comme à Montréal sur le pont de Québec

Le gouvernement du Québec planifie la réfection du tablier du pont de Québec.

Sans retrancher de voie automobile ou ajouter de structure accrochée au pont de Québec, le ministère des Transports promet que la prochaine piste cyclable interrives sera de largeur comparable à celle du pont Jacques-Cartier, à Montréal.


Profitant des travaux de réfection du tablier du pont de Québec, le gouvernement Legault prévoit abaisser la piste multifonctionnelle et l’élargir «à minimum 2,5 mètres», fait savoir lundi le cabinet de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.

Le ministère a dans ses cartons de presque doubler la voie existante, large de 1,32 mètre, souvent critiquée pour son manque de convivialité. Les cyclistes qui l’empruntent doivent présentement poser le pied par terre lors de leur traversée, la piste étant trop étroite.

Questionné en mars à savoir si la future voie cyclable, que d’aucuns souhaitent «plus confortable», serait assez large pour laisser deux cyclistes se croiser sans descendre de leur vélo, le porte-parole du ministère expliquait qu’elle ne le leur permettrait pas «dans le contexte d’une cohabitation avec les piétons». Il jurait tout de même que l’expérience de la traversée en ressortirait «bonifiée».

Avec plus d’espace en hauteur et en largeur, un trottoir bidirectionnel semble finalement envisageable. Une fois refaite, la piste cyclable sera aussi vaste que celle du pont Jacques-Cartier, à Montréal, là où circulent 450 000 cyclistes par année, promet l’équipe de la ministre Guilbault.

Dans une fiche technique du gouvernement fédéral, la piste multifonctionnelle du pont montréalais, longue de 2,7 kilomètres, est en effet présentée avec un «dégagement latéral étroit de 2,5 mètres à 1,8 mètre en hiver».

Selon Vélo Québec, la largeur «recommandée» d’une piste cyclable aménagée en site propre, soit une voie réservée aux cyclistes implantée hors route ou dans une emprise routière, est de 3,0 m, soit 1,5 m par direction. «Une largeur minimale de 2,5 m est acceptable sur de courtes distances en cas de contrainte majeure», nuance l’organisme.

À Québec, «nous travaillons actuellement sur une solution pour élargir la voie cyclable afin de la rendre plus sécuritaire et confortable, précise son attaché de presse, Maxime Roy.

Toujours pas question, cependant, d’y installer une structure en porte-à-faux, jugée «trop lourde», ou encore de sacrifier des voies automobiles pour faire encore plus de place aux piétons et aux cyclistes. «On ne retranchera pas une des trois voies. On doit être capable de circuler en sécurité en tout temps et maintenir la fluidité de la circulation en cas d’urgence ou de travaux de maintien», réitère Maxime Roy.

Front commun pour une «réelle» piste multifonctionnelle

Dans un front commun, les maires de Québec et de Lévis, appuyés des 26 autres maires de la grande région métropolitaine, ont relancé le débat lundi, réclamant une nouvelle fois une «réelle» piste multifonctionnelle sur le pont de Québec.

D’une même voix, dans un communiqué paru lundi, Bruno Marchand et Gilles Lehouillier ont refait part de leur volonté de voir le ministère des Transports profiter du chantier de réfection du tablier du pont de Québec pour y intégrer «une réelle piste multifonctionnelle suffisamment large, sécuritaire et accessible à l’année». Pour eux, il s’agit d’une «occasion unique à saisir pour améliorer les déplacements actifs».

Contrairement à la ministre, le maire de Québec ne se dit lui «pas convaincu» que 2,5 mètres seront suffisants, mais il demande à en être assuré par le ministère des Transports.

«Ce qu’on a besoin, c’est beaucoup plus que ça. S’ils ne sont pas capables de nous faire une démonstration suffisante, pour nous, ça ne sera pas acceptable», plaide celui qui préside la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ).

«Quand on a l’ensemble des maires de la CMQ qui viennent dire qu’on en a besoin, je ne pense pas que c’est une lubie d’esprit.»

—  Bruno Marchand

«Pour l’instant, c’est un capharnaüm, c’est même un déplaisir. Qu’ils nous fassent les démonstrations que leur projet va être intéressant et va faire en sorte que ça ne sera pas un obstacle à franchir», ajoute-t-il.

Ce lien entre les deux rives est fréquenté par un millier de piétons et cyclistes par jour en période estivale. Ce nombre pourrait croître, si on leur facilitait la vie avec un espace suffisant, estime le maire de Lévis.

La Communauté métropolitaine de Québec se dit convaincue qu’une nouvelle piste multifonctionnelle sur le pont de Québec «est la voie de l’avenir et qu’elle est essentielle pour promouvoir le transport actif, qu’il soit utilitaire, récréatif ou touristique».