Le 12 avril dernier, en fin d’après-midi, la nouvelle tombait. En grande pompe, Resorts of the Canadian Rockies (RCR) annonçait un ambitieux plan de développement de 550 M$ pour le Mont-Sainte-Anne.
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Remontées mécaniques « ultramodernes », nouvelles télécabines et important développement immobilier : le promoteur promettait de dévoiler « prochainement » les détails d’un projet appelé à «positionner plus que jamais la montagne et toute la Côte-de-Beaupré comme une destination quatre saisons incontournable.»
RCR était limpide : l’aide financière du gouvernement du Québec est « essentielle et conditionnelle » pour débuter le travail.
« Les pourparlers avec le gouvernement du Québec pour dessiner le partenariat financier [...] débuteront sous peu », indiquait l’entreprise dans son communiqué.
Mais un mois plus tard, silence radio.
Ni la ministre du Tourisme ni le ministre de la Capitale-Nationale n’ont eu de nouvelles de l’entreprise. Celui de l’Économie, central pour espérer des investissements publics, n’a aucun détail sur les intentions de RCR. Et aucune rencontre n’est prévue au calendrier.
Les derniers contacts du cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon avec l’entreprise qui exploite le Mont-Sainte-Anne remontent « à l’été 2022 », a-t-il reconfirmé mardi.
Quelques mois plus tôt, RCR avait déposé un plan de modernisation de 100 M$ à Québec, similaire à celui relancé en avril dernier. On demandait à l’État de payer la moitié de la facture.
Resorts of the Canadian Rockies n’a pas été en mesure d’accorder une entrevue au Soleil, mardi.
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Mais le directeur marketing et communications des stations Stoneham et Mont-Sainte-Anne, Hugues Leclerc, a indiqué « que la préparation de la matrice de travail continue dans une approche concertée avec le milieu ». On devrait « être actifs dans les prochaines semaines en prévision du dépôt du projet », a-t-il assuré.
Une question de message
Le professeur en communication publique et politique à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP), Philippe Dubois, estime que les gestionnaires du Mont-Sainte-Anne tentent de « mettre le couvercle sur la marmite » en proposant un plan d’investissement d’une telle ampleur.
« [RCR] est sous la pression à cause d’une mauvaise séquence dans les derniers mois », rappelle-t-il. L’entreprise, aussi derrière la station Stoneham, a été sévèrement critiquée par élus et sportifs au cours de l’hiver, après la chute d’une télécabine. Un groupe citoyen, Les Amis du Mont-Sainte-Anne, critique aussi le manque d’investissement de RCR dans la station de la Côte-de-Beaupré.
Les opérations ont été interrompues, puis entravées, pendant une bonne partie de la saison. « Il a même été question que l’État reprenne le flambeau en cassant son bail », souligne Philippe Dubois.
« On essaie de lancer la balle au gouvernement en lui demandant de l’argent, et s’il dit non, on peut dire qu’on avait des solutions à proposer. On tente de partager la responsabilité. »
— Philippe Dubois, professeur en communication publique et politique à l'ÉNAP
Il croit aussi que le dévoilement public du plan de développement pour le Mont-Sainte-Anne, sans même en avoir parlé avec Québec, pourrait simplement servir à lancer l’idée dans l’espace public. « On propose quelque chose et on regarde les acteurs réagir. On se positionne comme une entreprise proactive qui propose, plutôt que d’être en position de gestion de crise. »
« Mais il y a toujours le risque d’élever les attentes », met en garde M. Dubois. « Un peu comme la Chambre de commerce de Lévis a lancé l’idée du troisième lien dans l’espace public, avant que ça soit repris politiquement et que ça devienne un débat national. »