Un promoteur immobilier renonce aux tours pour protéger un boisé

À l’hôtel de ville, le groupe immobilier propriétaire, promoteur et gestionnaire des nombreux projets officialisait jeudi son don d’un terrain du boisé Neilson à la Ville.

Quand GM Développement a acquis un lot dans le boisé Neilson, en 2011, le promoteur immobilier avait des idées de grandeur. Mais une promenade sous la canopée a tout changé: loin des tours qu’elle aurait pu ériger, l’entreprise veut voir les arbres continuer d’y trôner.


Le déclic s’est fait lorsque Geneviève Marcon et Jean Campeau de GM Développement ont mis le pied dans le boisé Neilson, il y a peu de temps. Propriétaires depuis une douzaine d’années d’un terrain d’un peu plus de deux hectares sur ce site sur la Pointe-de-Sainte-Foy, ils avaient des ambitions d’y construire, avant de se raviser.

« Cette promenade a été l’élément déclencheur de notre intention d’en faire profiter la communauté », a exprimé jeudi la coprésidente de l’entreprise, à l’hôtel de ville de Québec.



Des discussions avec leurs enfants, issus d’une génération « sensible » à l’environnement, les ont finalement incités à ne rien déboiser. Acceptant de renoncer à cet actif dans leur patrimoine, ils ont plutôt choisi de «léguer ce lieu d’exception».

Des visées de développement résidentiel planaient sur le boisé Neilson.

GM Développement possède un parc immobilier de plus de 1,5 million de pieds carrés commerciaux et résidentiels, principalement dans la région de Québec, mais aussi de Montréal.

« Le contexte a changé et ça nous a interpellés. Je ne pouvais pas imaginer qu’on allait sacrifier cet espace-là. De voir le désastre annoncé: les arbres, les oiseaux, les fleurs, c’est ça qui est venu me chercher. Ça a été unanime », a témoigné la femme d’affaires Geneviève Marcon.

« En protégeant la canopée et la biodiversité de ce magnifique secteur de la Pointe-de-Sainte-Foy, j’ai le sentiment de participer à la création d’un îlot de fraîcheur. »

—  Geneviève Marcon, coprésidente de GM Développement

Devant les « astres alignés », GM Développement a donc choisi d’offrir à la Ville de Québec son terrain situé dans le boisé Neilson afin de conserver l’espace vert. Le groupe immobilier propriétaire, promoteur et gestionnaire des nombreux projets officialisait jeudi son don à la Ville de Québec.



Un parc écologique à créer

Là où des citoyens, Amis du boisé Neilson, se battent depuis des années pour garder la forêt à l’abri des développeurs, l’administration Marchand ambitionne désormais de créer un « parc nature ». Cédé à des fins de conservation, le terrain d’une valeur évaluée à 4 millions $ sera destiné à la création d’un parc écologique par Québec «dans les prochaines années».

« Je souhaite que notre geste soit imité afin de permettre de préserver le boisé Neilson dans sa totalité », invite Mme Marcon.

Des citoyens se mobilisent depuis des années afin de protéger et nettoyer le boisé Neilson.

Comme elle, le maire Bruno Marchand espère que ce geste, « le premier grand du genre pour la ville de Québec [...] va faire des petits ». Il rêve d’une zone de conservation à cet endroit à « haute valeur écologique ».

Mais ce n’est pas encore chose faite.

Le boisé Neilson couvre une superficie totale de 25 hectares. Avec le don de GM Développement et les trois lots détenus par la Ville de Québec, 49% du site se retrouve maintenant protégé.



En campagne électorale, Bruno Marchand s’était engagé à sauvegarder l’ensemble du boisé.

«On vient de réaliser 49% de la promesse. On a un sacré bon point de départ.»

—  Bruno Marchand

La moitié restante appartient cependant encore à quatre propriétaires terriens, avec qui « des discussions » sont entamées, explique le maire. « La suite, on ne la connaît pas, admet-il. Il y a des propriétaires qui ont des droits qu’on va respecter. »

Tout en espérant que « ce leadership inspire », il ajoute que Québec n’envisage pas la voie de l’expropriation. « On veut travailler avec les propriétaires, on veut voir leurs intentions ».

En attendant, « ce n’est pas vrai que la moitié c’est insuffisant pour faire quelque chose d’intéressant », se commet M. Marchand.