Des Ukrainiens choisissent Baie-Comeau pour refaire leur vie

Les membres du Comité d’aide et d’accueil des personnes d’Ukraine et d’autres pays ont pris la pose avant la conférence de presse. Le conseiller en intégration Vladyslav Markov est assis à l’avant à gauche. À droite, on retrouve Louise St-Pierre.

Depuis le début du conflit armé en Ukraine, un peu moins d’une vingtaine de ressortissants de ce pays, soit 18, ont choisi la région de Baie-Comeau pour fuir l’horreur de la guerre et tenter de rebâtir leur vie. Ils ont la chance de compter sur un groupe totalement dédié à leur cause et d’un compatriote chargé de faciliter leur intégration.


C’est le Comité d’aide et d’accueil des personnes d’Ukraine et d’autres pays qui est à l’origine de cette initiative. Parmi ses nombreuses missions, le comité a pour objectif d’offrir un lieu de vie humain et sécuritaire aux Ukrainiens et de faciliter leurs démarches d’intégration et d’immigration.

L’idée d’accueillir des citoyens de l’Ukraine sur la Côte-Nord remonte à près d’une dizaine d’années déjà, soit en 2014, au moment de la guerre dans le Donbass contre des séparatistes soutenus par la Russie. C’était en quelque sorte le début de la guerre actuelle.

À l’époque, deux familles ukrainiennes avaient trouvé refuge à Sept-Îles. La bénévole responsable de cette arrivée est depuis déménagée à Baie-Comeau, d’où la naissance du comité, a expliqué l’une des membres bénévoles de ce groupe, Louise St-Pierre.

Au printemps, le comité a reçu « une subvention substantielle » de la Fondation Mirella et Lino Saputo. Ce don a permis l’embauche de Vladyslav Markov, un jeune Ukrainien qui parle quatre langues, dont très bien le français pour avoir étudié à Paris. Le jeune homme est devenu conseiller en intégration pour le Centre Émersion, qui travaille main dans la main avec le comité d’aide et d’accueil.

Sa mission sera de fonder dans la Manicouagan la première diaspora ukrainienne de la Côte-Nord, rien de moins. « Le comité existait bien avant mon arrivée, ce qui démontre toute la volonté qui l’habite », a confié M. Markov.

Les 18 Ukrainiens dans la Manicouagan sont répartis dans 9 familles, a indiqué le conseiller en intégration. Si certaines sont complètes, il manque des personnes dans d’autres, principalement le père de famille. « Les hommes ne peuvent actuellement pas quitter le pays. On reçoit donc des femmes avec leurs enfants. »

Dur de signer un bail

Même si le Canada se veut la meilleure terre d’accueil possible, le chemin est tout de même parsemé d’embûches pour les réfugiés ukrainiens, qui peinent souvent à dénicher un appartement qui répond à leurs besoins, faute de pouvoir présenter l’enquête de crédit exigée pour la signature d’un bail.

« Je demande aux propriétaires de donner une chance à ces gens. Ma mission est de leur démontrer que ces gens sont fiables et qu’ils ont besoin d’une chance pour pouvoir réussir sur la Côte-Nord. Ils ont beaucoup d’expérience à offrir. »

—  Vladyslav Markov

M. Markov a donné un exemple des premiers jours d’un réfugié ukrainien au Canada. «On reçoit un jeune dans sept jours. On doit organiser le vol à partir de l’Europe jusqu’à Montréal. Ensuite, il faut loger cette personne à l’hôtel deux semaines afin qu’elle puisse passer les tests médicaux d’immigration à Montréal, car on ne peut pas encore les passer à Baie-Comeau. On organise par la suite son transport par des bénévoles jusqu’ici, où une famille hôte l’attendra.»

Émersion est d’ailleurs toujours à la recherche de familles hôtes, prêtes à recevoir des Ukrainiens pour une période variant généralement d’un à trois mois. Ces familles recevront une certaine formation, « parce que ce n’est pas toujours évident d’accueillir quelqu’un chez soi », a fait valoir M. Markov qui, outre l’ukrainien et le français, parle couramment l’anglais et le russe.

On retrouve bien « et d’autres pays » dans la dénomination du comité, mais pour l’instant, l’Ukraine est encore seul au palmarès local. « On ne pouvait pas prendre toutes les embûches en même temps et on ne connaissait pas non plus toute l’ampleur du travail. On s’est dit commençons avec l’urgence, structurons les services et ensuite, Émersion pourra s’en servir pour que ça devienne pérenne », a lancé Louise St-Pierre.

« On veut devenir une région très bien outillée pour accueillir des immigrants, notamment dans une volonté d’améliorer la démographie de la Côte-Nord », a-t-elle ajouté, rappelant ainsi que le bilan migratoire de la région est négatif d’année en année.

La conférence de presse du Comité d’aide et d’accueil des personnes d’Ukraine et d’autres pays s’est déroulée dans un lieu un peu inhabituel pour ce genre d’événement, soit en plein coeur de l’église Saint-Nom-de-Marie de Baie-Comeau. Il s’agit là d’un clin d’oeil aux origines du comité, qui a tenu ses premières rencontres à cette même église.

La Manicouagan n’a pas le monopole d’accueil d’immigrants ukrainiens sur la Côte-Nord. Plusieurs localités font aussi leur part à leur façon. On retrouve même deux familles ukrainiennes à Tête-à-la-Baleine, un petit village isolé de la Basse-Côte-Nord.