Phare de Cap-des-Rosiers: travaux automnaux et réouverture estivale

Lucie Bergeron, porte-parole du Site historique maritime du phare de Cap-des-Rosiers.

Pêches et Océans Canada (MPO), le propriétaire du phare de Cap-des-Rosiers à Gaspé, lancera cette semaine un appel d’offres pour effectuer des travaux d’entretien qui devraient permettre sa réouverture l’an prochain.


Le plus haut phare du Canada avait été clôturé aux petites heures du matin le 13 juillet dernier, en pleine Journée québécoise des phares. Des enjeux de santé et sécurité avaient été soulevés suite à l’inspection d’ingénieurs du ministère le mois précédent. La fermeture de l’intérieur de l’infrastructure était temporaire, a maintes fois réitéré la députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine. Même si le site demeurait accessible, plusieurs s’interrogeaient sur la suite des choses. « Le MPO déploiera tous les efforts possibles pour terminer ces travaux en vue de procéder à une réouverture du phare d’ici la prochaine saison touristique », assure celle qui est également ministre des Pêches.

Le manque à gagner depuis la fermeture du phare a été d’environ 16 000$ pour le Site historique maritime du phare de Cap-des-Rosiers, l’organisation à but non lucratif qui gère les opérations courantes de l’endroit. De 2 000 à 3000 visiteurs de moins ont été enregistrés cette année. Ils sont environ de 7 000 à 8 000 à faire annuellement l’ascension des 122 marches pour atteindre le balcon de veille.

Humidité et moisissures

De larges fissures sont apparentes sur la structure. En 2017, les coûts de réfection étaient évalués à 6,5 millions de dollars.

Les premières tâches automnales consisteront notamment à ancrer les tablettes extérieures des fenêtres et à boucher les ouvertures afin de limiter l’entrée d’eau, précise par écrit le MPO. Un nettoyage en bonne et due forme de l’intérieur du phare devra aussi être fait pour gérer la présence de moisissures. Des mesures pour atténuer le taux d’humidité devront conséquemment être prises. Le remplacement de certains morceaux de bois à l’intérieur du phare est également à l’ordre du jour.

« Ça nous a été présenté comme une première phase. On n’a pas d’assurance sur les travaux complets, mais c’est une bonne nouvelle en soi que le MPO décide d’investir dans son infrastructure », analyse le maire de Gaspé Daniel Côté, qui dit ne pas vouloir lâcher le morceau tant que dossier ne sera pas réglé une bonne fois pour toute.

Rappelons que les 15 et 16 août, une inspection a permis d’évaluer l’état de la structure et l’ampleur des travaux requis. Une autre analyse relative aux moisissures avait eu lieu plus tard les 11 et 12 septembre. Les rapports de ces inspections ne sont pas conclus, mais sont attendus quelque part cet automne. Le coût des travaux préliminaires n’est pas chiffré pour le moment, ni pour une réfection complète.

Pour Lucie Bergeron, porte-parole du Site historique maritime du phare de Cap-des-Rosiers, il s’agit tout de même d’un pas dans la bonne direction.

« On est super contents parce qu’il y a quelque chose qui bouge. C’est certain que ce ne sont pas des travaux d’envergure, mais c’est une première étape. »

—  Lucie Bergeron

« On est super contents parce qu’il y a quelque chose qui bouge. C’est certain que ce ne sont pas des travaux d’envergure, mais c’est une première étape. »

Aussi présidente de la Corporation des gestionnaires de phare de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent, elle se réjouit d’autant plus que les canaux de communication sont ouverts avec le MPO. L’information transmise dans les dernières années était parfois parcellaire, pour ne pas dire carrément absente.

Lucie Bergeron a par exemple appris récemment que le phare, placé par Ottawa sur la liste des phares excédentaires en 2015, en avait été retiré en 2021. « J’avoue que c’est excellent présentement. C’est la première fois depuis 2017 qu’on a un suivi. Pendant sept ans, on avait aucune nouvelle du ministère et aucune personne ressource. »

Une conférence virtuelle s’est tenue mercredi en compagnie notamment de la directrice régionale des biens immobiliers au MPO et l’ingénieure qui avait effectué une première visite des installations en juin. Les deux ont précisé que les planifications prendront en considération la saison touristique. « Elles nous ont dit qu’on serait mis au courant des rapports et des travaux à venir, que des efforts seraient même mis pour ne pas les effectuer lorsque les croisiéristes sont à Gaspé pour visiter autour du phare. Ça nous encourage », ajoute Lucie Bergeron.

Restera tout de même à voir quelle sera la suite après la réouverture attendue pour la prochaine saison touristique. En 2017, la réfection complète du phare de Cap-des-Rosiers étaient évaluée à 6,5 millions de dollars. Aujourd’hui, la coupole est à réparer et des grandes fissures sont facilement visibles à l’œil nu sur le parement extérieur de marbre blanc.

Transfert en vue?

Une manifestation s’est tenue le 13 juillet dernier suite à la fermeture temporaire de l’intérieur du phare.

Pour le maire de Gaspé, la solution ultime pour la préservation de ce bien classé patrimonial par Ottawa lui-même est de transférer l’infrastructure de Pêches et Océans Canada à Parcs Canada, dont la charte stipule notamment la protection et la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel.

Daniel Côté précise s’être entretenu à cet effet avec le directeur exécutif de Parcs Canada pour le Québec et le Nunavut, Hugues Michaud. Le parc national Forillon est situé à un jet de pierre du phare de Cap-des-Rosiers. Le transfert de Pêches et Océans Canada vers Parcs Canada serait cependant conditionnel. « Je sais qu’il y a une ouverture si l’infrastructure est complètement réparée. Mais ça prend de la volonté », explique Daniel Côté.

Diane Lebouthillier a toujours indiqué vouloir se concentrer d’emblée sur les ports pour petits bateaux plutôt que d’investir massivement sur le phare de Cap-des-Rosiers. Le maire de Gaspé estime que des sommes qui dorment à Ottawa pourraient probablement être découvertes en cherchant aux bons endroits. « Il semble que ce soit réaliste que de temps en temps il reste des fonds de tiroir qui permettraient de faire des travaux. Au lieu de retourner ça au fonds consolidé, ça pourrait permettre de faire des petits bouts à la fois. »

« Il faut une volonté politique de le transférer à Parcs Canada, ça c’est certain », convient également Lucie Bergeron. Le phare de Cap-des-Rosiers a été construit de 1854 à 1858.