Rimouski considère ce projet de construction résidentielle comme le plus gros des dix prochaines années. La Ville projette d’aménager le nouveau quartier sur des terrains qui lui appartiennent, à Pointe-au-Père. La construction de ces nouveaux bâtiments pourraient toucher une partie d’un boisé situé sur ces lots qui abritent notamment des milieux humides. Or, des citoyens qui fréquentent régulièrement ces lieux, où des sentiers ont été aménagés, expriment leur inquiétude vis-à-vis ce projet.
Plusieurs résidents opposés au projet
Une résidente du quartier concerné, Dominique Bourassa, médecin de famille membres de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement et mère de deux enfants, a déposé une lettre ouverte cosignée par une trentaine de citoyens, dont plusieurs travailleurs de la santé et biologistes, auprès des élus et de l’équipe d’urbanisme de la Ville de Rimouski.
« C’est avec une approche constructive que nous effectuons cette démarche et avec la volonté que Rimouski se positionne en accord avec l’appel des mairesses et des maires en action que vous avez signé le printemps dernier, a rappelé la Dre Bourassa, en s’adressant au maire Guy Caron. Cet appel demandait, entre autres, d’identifier et de mettre à profit les terrains sous-utilisés dans les zones urbanisées, de favoriser la construction de logements sociaux et communautaires abordables, d’adopter le principe d’étalement zéro pour réduire les distances et protéger les milieux naturels. »
La porte-parole des opposants au développement de ce projet domiciliaire s’est dite consciente de la crise du logement qui sévit à Rimouski. Elle a néanmoins soutenu que l’étalement urbain constituait une catastrophe écologique et économique. Le maire Caron a souligné qu’il n’avait pas la même définition de l’étalement urbain puisque le lieu prévu pour le projet domiciliaire se situe à environ 5 à 6 km du centre-ville de Rimouski.
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« Il faut plutôt trouver comment aménager et densifier à l’échelle humaine avec davantage de transport collectif, tout en protégeant ce précieux espace naturel de proximité que constitue le boisé de Pointe-au-Père, surtout que ce dernier est très fréquenté par la population et qu’il contribue à la santé physique et mentale de celle-ci, suggère la Dre Bourassa. Il est, de plus, l’objet d’une organisation et d’un entretien informels, mais concrets, qui illustrent l’attachement des usagers à cet espace de nature. » Pour la résidente de Pointe-au-Père, la proposition du groupe appelle aussi à une évaluation des impacts sur la santé.
« Parce qu’elle possède le boisé et les terres humides de Pointe-au-Père, il nous apparaît clair que la Ville de Rimouski a une opportunité en or de protéger ce milieu naturel en le transformant en parc municipal naturel et, ce faisant, en réserve de biodiversité, a soulevé la résidente du secteur. Nous avons une très grande responsabilité envers les prochaines générations afin de montrer nos efforts sérieux pour lutter contre les changements climatiques, alors que les effets de ceux-ci sont encore plus intenses et rapides que prévu. »
Guy Caron s’est défendu de vouloir détruire le boisé de Pointe-au-Père. « La ville de Rimouski s’étend sur 340 km carrés, dont 57 % est un territoire agricole protégé et la zone forestière qu’on ne peut pas toucher est de 20 %. Si on ajoute les zones récréatives et le parc industriel, il reste 12 % du territoire qu’on peut développer. » Le maire a indiqué que le plan-concept qui sera déposé exposera les impacts réels sur le boisé et sur les milieux humides.
D’autres voix se sont fait entendre
Une autre résidente de Pointe-au-Père, Marie-Reine Laprise, a arboré de grandes photos de la faune du boisé de Pointe-au-Père devant les membres du conseil municipal. Pour sa part, Andréa Weise, qui habite le secteur depuis une trentaine d’années, a soutenu qu’il y avait plusieurs autres endroits à Rimouski pour développer un tel projet de construction.
M. Caron l’a alors invitée à identifier ces endroits, ce dont elle n’a pu répondre. Avec un taux de vacance de 0,4 % des logements locatifs, il faudrait au minimum 2500 nouvelles unités de logements à Rimouski, selon l’élu. « Il n’y aura pas 2500 unités au centre-ville. La Ville n’a aucun terrain au centre-ville pour ce projet et le plan d’urbanisme empêche la densification. Donc, on ne peut pas mettre de côté le projet de Pointe-au-Père. »
Un seul citoyen s’est montré favorable au projet et a demandé au maire de s’engager formellement à le mettre en œuvre. « Il va y avoir un projet, a répondu Guy Caron. À quoi ressemblera-t-il? Un plan-concept sera déposé pour consultation auprès de la population pour ensuite décider du concept final. »