Les caprices du printemps causent aussi des maux de tête à certains homardiers gaspésiens

Les bateaux de pêche frôlent la jetée nord lorsqu’ils entrent au quai de Saint-Godefroi en raison de l’exiguïté du chenal.

Casiers déplacés, casiers rejetés sur la berge, accumulation d’algues à l’entrée du quai, journées de pêche amputées par le mauvais temps, les caprices de la fin de printemps touchent aussi certains homardiers gaspésiens, en particulier ceux basés à Saint-Godefroi, dans le secteur de la Baie-des-Chaleurs.


Alors que les trois premières semaines de la saison se sont assez bien déroulées sur le plan météorologique, les deux dernières ont causé des maux de tête à la dizaine de homardiers partant aux aurores du quai de Saint-Godefroi. Ils ne comparent toutefois pas leur situation à celle des gens aux prises avec des inondations, du côté nord de la Gaspésie, ou aux sinistrés des feux de forêt.

Le homardier Jeffrey Vautier en a vu des choses en un peu plus de 35 saisons de pêche, mais le printemps 2023 est assez singulier, dit-il.



« Généralement, le vent souffle une journée ou deux dans une direction, puis il change. Depuis 15 jours, il a soufflé une semaine complète dans une direction, puis une semaine complète dans l’autre. La mer se forme en continu dans ce genre de conditions. Les vagues restent fortes et pêcher devient vraiment difficile », explique-t-il.

Les 235 casiers utilisés par chaque pêcheur pour capturer le homard sont déployés en lignes de quelques unités chacune. Les vents ont déplacé certaines des lignes de casiers de Jeffrey Vautier, « mais elles n’ont pas cassé. J’ai été chanceux ».

Jeffrey Vautier est satisfait du volume de prise de la saison 2023, mais les conditions de pratique de son métier sont particulièrement difficiles depuis deux semaines.

Certains de ses collègues ont vu certains de leurs casiers rejetés sur la berge en raison de la force des vents. « Quand ça arrive, le homard se trouvant dans les casiers doit être remis à la mer », dit-il.

Les amoncellements d’algues ont toutefois constitué sa principale surprise. Ces algues bloquent une partie de l’entrée du havre de Saint-Godefroi depuis samedi et dimanche.



« Je n’en ai jamais vu autant. Ça arrivait les autres années, mais les algues partaient après un jour ou deux. Il y a un banc de sable à l’entrée du quai et les algues se sont accumulées là. Dimanche, il a fallu que j’attende trois heures au retour de la pêche pour entrer dans le havre. Personne ne veut se prendre là-dedans. Ce n’est pas une question de dragage. La drague est venue au printemps et le travail a été bien fait, mais les algues bloquent l’entrée à marée basse. La marée est en plus amplifié par la pleine lune », ajoute Jeffrey Vautier.

Il compte sensibiliser le ministère fédéral des Pêches et des Océans au problème d’obstruction de l’entrée du havre par ces algues, compte-tenu du fait qu’il pourrait se reproduire et que le dragage n’est pas une solution.

« C’est une question de sécurité. Si on compte les autres pêches que le homard, il y a 15 bateaux basés à Saint-Godefroi, avec trois membres d’équipage par bateau. Ça fait 45 personnes. Si l’une de ces personnes est malade et qu’un bateau doit attendre trois heures avant d’accoster, on a tout un problème. Le quai le plus proche est à Paspébiac ou Port-Daniel. C’est loin », note M. Vautier.

Il est sensibilisé à cette situation parce qu’il l’a vécue l’an passé, lors de la pêche au hareng. Il était content de pouvoir compter sur un transfert rapide vers l’hôpital.

« Les homardiers vont se souvenir de ce printemps. Les prises sont bonnes, mais il faut travailler dans des conditions difficiles pour les avoir depuis deux semaines », conclut-il.