«Tous les projets dépassent, indique le directeur général et artistique du Village en chanson, Alan Côté. On ne fait pas exception. On ne peut pas reculer. On ne peut pas non plus avancer sans que l’État ne nous aide. On a besoin de ça. La région a besoin de ça. On a fait un grand bout en poursuivant nos activités, en gardant l’institution vivante dans des infrastructures transitoires. La transition est longue. Donc, il faut lancer ce projet pour qu’en 2025, on ait un lieu pour notre culture, pour que notre signature régionale qu’est le Festival reprenne ses lettres de noblesse. On est rendu là et je pense que les gouvernements vont nous suivre.»
Le dépassement s’explique en partie par une augmentation de l’indice des prix de la construction et par la hausse importante des frais de financement. Les artisans du festival gaspésien lancent donc un cri du coeur auprès des deux paliers de gouvernement pour relever ce nouveau défi.
La construction du nouvel édifice de la Longue-Pointe de Petite-Vallée devait commencer en juin. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les organisateurs du Festival avaient décidé de reporter les dates de l’événement afin qu’il se tienne pendant les vacances de la construction, soit du 27 juillet au 5 août. Comme Alan Côté est confiant d’obtenir le financement nécessaire, il espère que le chantier de construction pourra démarrer après le Festival afin de respecter l’échéancier prévu en vue d’une inauguration en 2025.
L’heure est critique
Après l’incendie de son quartier général survenu il y a six ans, le Village en chanson a maintenu ses activités sous un grand chapiteau, dont les coûts d’opération, avec le temps, dépassent le million $. Les sommes nécessaires proviennent principalement de la couverture d’assurances. Le chapiteau, qui devait être temporaire, démontre des signes de désuétude, nécessite beaucoup d’énergie des employés et entraîne un désintérêt du public.
Pour Alan Côté, l’heure est critique. C’est pourquoi il demande au ministère de la Culture et des Communication du Québec ainsi qu’à Patrimoine canadien de faire une exception à leurs politiques de financement en octroyant les sommes manquantes. «C’est un beau projet, soutient M. Côté. Ce n’est pas un bateau qui est en train de couler. C’est plutôt un bateau qui a une belle espérance de vie, qui est un moteur pour notre communauté.»
Historique du projet
Une étude de faisabilité réalisée à l’automne 2017 évaluait le projet de reconstruction du Théâtre à 4,8 millions $. En 2018, comme les coûts avoisinaient les 5 millions $, le ministère de la Culture a obligé le Village en chanson d’ouvrir un concours d’architecture. Un accord de principe a alors été annoncé au montant de 6,5 millions $ par Québec. La valeur du projet a grimpé à 9,8 millions $.
En 2021, comme les coûts du concept architectural s’établissaient à 14 millions $, le gouvernement du Québec a promis un investissement de 9,83 millions $, tandis qu’Ottawa s’est engagé à octroyer 3 millions $. En mai 2023, le coût total du projet s’élève à 19,6 millions$.
Journée pour les 40 ans du Festival
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Pour les 40 ans du Festival, le Village en chanson a, dimanche, tenu une journée d’information et de mobilisation à Grande-Vallée. Placée sous le thème « 40 ans dans l’Estran… et si on chantait ensemble?» l’activité a réuni 115 personnes : des résidents de Petite-Vallée et des municipalités avoisinantes, des élus, des commerçants, des nouveaux arrivants et des membres de l’équipe du Village en chanson. L’ex-maire de Québec, Régis Labeaume, l’auteur-compositeur-interprète et conseiller municipal de Saint-Maxime-du-Mont-Louis, Daniel Boucher, et le député de Gaspé, Stéphane Ste-Croix, ont pris part à l’événement. M. Labeaume répondait à l’invitation de son ami, Alan Côté, qui lui a aussi demandé d’être le président d’honneur du Fonds Dan-Gaudreau, dont la mission est de soutenir financièrement le Village en chanson.
L’ancien politicien n’est pas surpris de l’explosion des coûts de reconstruction du Théâtre. «C’est une augmentation qui est quasiment normale dans l’état actuel des choses.» Pour M. Labeaume, «des institutions culturelles comme ça en région, il n’y en a pas beaucoup». «C’est un exemple, croit-il. Je pense que les gouvernements vont embarquer. Ils ne peuvent pas laisser ce projet-là aller. Les politiciens parlent souvent de culture en région. Là, il y a un geste à poser. Les gouvernements savent que tout coûte plus cher. Ils ont une décision à prendre rapidement. Il y a des limites à fonctionner avec un chapiteau! » S’il doit aller au front avec son ami Alan Côté, l’ancien maire de la Capitale-Nationale promet de le faire.
À son avis, le Festival en chanson de Petite-Vallée est un bien collectif. «C’est bon de rappeler que ce festival appartient à tout le monde.» Il se rappelle d’une «période d’essoufflement» à l’époque où il était président du Festival d’été de Québec. «C’est normal. Il faut redonner un “swing” et il faut le faire avec le monde.»
À l’issue de la journée de réflexion, M. Labeaume a vu «beaucoup de lucidité». «Il y a des choses lumineuses qui ont été dites. J’appelle ça un exercice de réappropriation du bien culturel. C’est très sain.» Selon lui, les gens de la communauté de Petite-Vallée et des horizons tiennent au Festival en chanson. Comme Alan Côté, l’ancien élu croit que les guerres de clocher sont révolues. «On n’est plus là. C’est terminé. Ce sont de vieux modes de pensée. Les jeunes familles et les jeunes couples qu’on veut accueillir en région sont complètement à l’opposé de ça. Les jeunes sont en mode communautaire. C’est l’industrie du partage. Le chauvinisme est complètement à l’opposé de leurs valeurs.»
La Société nationale Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine a profité de cette journée pour annoncer que c’est Petite-Vallée qui sera la municipalité hôtesse des festivités de la Fête nationale pour la région. La présidente de l’organisme, Maria O’Connor, a procédé au lancement de la programmation placée sous le thème «Entrez dans la danse». Celle-ci mettra en vedette les groupes Irène et Les Élément ainsi que Daniel Boucher. Ce dernier a d’ailleurs profité de ce lancement pour interpréter deux chansons de son répertoire, dont une nouvelle intitulée «8 millions», qui s’inscrit dans le thème de la Fête nationale des Québécois.