C’est le cas de Saint-Tite, qui arrive quatrième dans ce palmarès, derrière Caplan (Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine), Huntingdon (Montérégie) et Chandler (Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine). La ville a enregistré 578 déversements en 2022, pour une intensité moyenne par habitant de 92,067.
Cet indice est défini par la Fondation Rivières comme un indicateur «qui tient compte de la durée des déversements et de la taille de l’ouvrage qui déborde. Il permet de comparer la performance des municipalités entre elles peu importe leur taille et de distinguer celles qui se sont améliorées comparativement aux années précédentes de celles où la situation s’est détériorée.»
«Notre système est très majoritairement composé de systèmes combinés. Chaque fois qu’on a de grands coups d’eau, ça arrive dans les stations de pompage et ça déborde, ça cause une surverse», explique Michel Champagne, directeur général de la Ville de Saint-Tite.
Ce sont donc les pluies abondantes qui sont la cause des déversements d’eaux usées, selon lui. M. Champagne ajoute que les infrastructures en place sont vieillissantes, la plupart d’entre elles datant des années 60 et 70. Or, les changer est un exercice extrêmement coûteux, dit-il.
«Les coûts reliés à ça, si la Ville le fait par elle-même sans les contributions financières nécessaires, c’est faramineux. Pour le moment, nos énergies sont à régulariser notre usine de traitement de l’eau potable. Après, on va revoir l’ensemble de nos infrastructures d’eau pour se mettre aux normes», conclut-il.
«Pas des matières fécales»
Après Saint-Tite arrive Sainte-Anne-de-la-Pérade, en 10e position. La municipalité a connu 150 déversements, pour une intensité de 46,827.
Tout comme à Saint-Tite, les pluies abondantes et la vétusté des conduites qui combinent, sur la plupart du territoire de la municipalité, eaux pluviales et égouts, sont à la source des déversements, selon la mairesse Suzanne Rompré. Celle-ci assure toutefois qu’il est rare que des matières fécales se retrouvent dans les déversements
«Lorsque des subverses, ou des trop-pleins, négligeables surviennent, il ne s’agit pas de matières fécales, c’est un écoulement essentiellement liquide. Ça ne se rend pas au fleuve. Mais si des pluies diluviennes surviennent, c’est hors de mon contrôle», précise-t-elle.
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Elle précise toutefois que la Municipalité assure une surveillance lorsque des déversements surviennent, notamment pour s’assurer de la qualité de l’eau potable.
La Tuque est aussi située dans le sommet du palmarès (12e position) avec 744 débordements et une intensité de 40,202. La Fondation note par ailleurs que la Ville compte parmi celles ayant connu les pires dégradations entre 2017 et 2022.
La directrice des communications de la Ville de La Tuque, Hélène Langlais, explique que plusieurs bris majeurs d’équipements sont survenus dans plusieurs stations de pompage en 2022, ce qui explique l’importance des déversements pour cette année. La Ville a aussi connu des délais pour la livraison des nouveaux équipements.
«La situation est maintenant réglée. Notre municipalité a investi des sommes importantes pour mettre à niveau ses stations de pompage dans les dernières années, afin d’éviter ce genre de situation. Ces travaux importants ont aussi entraîné des déversements dans la rivière, car nos stations doivent être à l’arrêt lorsqu’on change les équipements. Nous croyons que tout cela est derrière nous et que notre bilan sera meilleur dans les années à venir, du moins on y travaille constamment», affirme-t-elle.
Mme Langlais ajoute que la Ville a mis en place différentes actions pour diminuer le volume d’eau de ruissellement qui transite par son réseau sanitaire.
«Chaque fois qu’on fait des travaux dans nos rues et nos infrastructures souterraines, on intègre des solutions qui nous permettent de réduire les risques de débordement et de nous adapter aux changements climatiques. Nous aussi, comme équipe municipale, nous voulons être meilleurs dans notre bilan environnemental, car pour nous aussi c’est important de préserver la qualité de nos rivières», conclut-elle.
Amélioration à Trois-Rivières
Toujours dans le même palmarès, Shawinigan arrive 27e, avec 2520 déversements et une intensité de 24,755. Louiseville se classe 42e, avec 253 déversements et une intensité de 17,772.
Trois-Rivières se place au 66e rang, avec 1446 déversements et une intensité de 12,075. À l’inverse de La Tuque, la Fondation relève que la capitale mauricienne compte parmi les villes qui ont connu les meilleures améliorations en cinq ans.
Pour expliquer cette amélioration, la Ville de Trois-Rivières rappelle qu’elle a investi plusieurs millions de dollars dans la séparation des égouts pluviaux et sanitaires au cours des dernières années.
«En venant installer des conduites séparées, l’une qui recueille les eaux de pluie pour les acheminer à un cours d’eau naturel et une autre pour acheminer les eaux usées aux étangs d’épuration de Sainte-Marthe-du-Cap, on vient améliorer la résilience du réseau et minimiser les risques de débordements, par exemple lors de fortes précipitations», indique Mikaël Morrissette, porte-parole de la Ville.
Ce dernier ajoute que la Ville a également travaillé sur la sensibilisation de la population sur la question de la gestion des eaux usées.
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Rappelons qu’ironiquement, alors que sort le palmarès de la Fondation Rivières, la Ville de Trois-Rivières procédait cette semaine à un déversement dans le fleuve Saint-Laurent, en raison d’un bris de conduite sur le boulevard Gene-H.-Kruger. Au moins 5,5 millions de litres d’eaux usées ont été déversés, sur une période de 24 heures.
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Centre-du-Québec
Sur la rive sud, la municipalité avec le pire classement est Manseau, en 24e position (42 déversements, intensité de 20,064). Nicolet arrive au 67e rang (204 déversements, intensité de 11,931). Victoriaville, Drummondville et Plessisville se situent respectivement aux 78e, 138e et 144e rangs.
Le maire Guy St-Pierre explique que sur les 42 déversements, 24 ont été causés par les fortes pluies et 16 autres par la fonte des neiges. Comme à Saint-Tite et Sainte-Anne-de-la-Pérade, le réseau d’égouts de la municipalité combine les eaux pluviales et les eaux usées.
«Il va falloir améliorer nos installations, c’est prévu. On a quatre à six kilomètres de conduites à changer, je m’attends à ce que ça coûte 20 à 25 millions $», indique-t-il.
Notons que la Ville de Bécancour n’a connu aucun déversement en 2022, de même que 17 autres municipalités centricoises. C’est aussi le cas de 10 municipalités en Mauricie.
La Fondation Rivières rapporte que la province a connu un total de 57 263 déversements en 2022, contre 36 391 en 2021. Elle dit toutefois observer une légère amélioration pour toutes les régions administratives, pour la période 2017-2022, sauf pour Montréal et les Laurentides.
La Montérégie est la région avec l’intensité de déversements la plus élevée depuis 2017, jusqu’à six fois plus que Montréal en 2022.
Impacts environnementaux
La Fondation Rivières rappelle que les déversements d’eaux usées sont une menace pour les espèces aquatiques, en les exposants à des microbes et en les privant d’oxygène. Ils affectent les prises d’eau potable et augmentent la facture du traitement si ces prises se trouvent près des rejets.
Ils peuvent également limiter la baignade et les activités nautiques en raison des risques d’exposition à la bactérie E. coli que l’on retrouve dans les eaux usées.