Cet intérêt est cependant beaucoup plus ancien qu’on pourrait le croire et va bien au-delà de la construction du centre Innovation (la fameuse pyramide de Sainte-Foy!) qu’on disait, dans Le Soleil en 1974, inspiré de la pyramide de Khéops. Dès le XVIIIe siècle, on retrouve des traces de cette curiosité pour la civilisation des pharaons à Québec (qu’on peut toujours voir aujourd’hui à l’îlot des Palais). La Société historique de Québec vous propose un bref survol de ces 300 ans d’intérêt pour l’Égypte à Québec.
Le questionnaire a été rédigé par Alex Tremblay Lamarche.
1 En 2009, les archéologues du chantier-école de l’Université Laval font une importante découverte sur le site de l’îlot des Palais : ils trouvent quatre amulettes égyptiennes remontant à la XXVIe dynastie pharaonique. Quelles divinités représentent-elles?
A) Isis, Horus, Thot et une divinité inconnue.
B) Seth, Râ, Anubis et une divinité inconnue.
C) Nephtys, Horus, Anubis et une divinité inconnue.
D) Râ, Thot, Nephtys et une divinité inconnue.
2 Les amulettes égyptiennes trouvées à l’îlot des Palais ont vraisemblablement été apportées en Nouvelle-France par un intendant ou une personne instruite de son entourage. À quel endroit ont-elles été retrouvées ?
A) Dans les vestiges de la brasserie de Jean Talon.
B) Dans les latrines du premier palais.
C) Dans un remblai au pied de l’ancien escalier monumental du troisième palais.
D) Dans les latrines du troisième palais.
3 Au tournant du XIXe siècle, les campagnes napoléoniennes (1798-1801) amènent l’Occident à (re)découvrir l’Égypte. Au sein des troupes britanniques qui participent à la reconquête des lieux, on compte notamment un officier natif de Québec. Quel est son nom?
A) John Coape Sherbrooke
B) Robert McDouall
C) James Macdonell
D) Gordon Drummond
4 Tout au long du XIXe siècle et de la première moitié du XXe, plusieurs savants et notables érudits de Québec publient des récits de voyage, des essais et d’autres travaux faisant état de voyages en Égypte. Parmi ces intellectuels de Québec, lequel n’a pas laissé une publication sur l’Égypte ?
A) Le révérend James Douglas
B) Le prêtre Léon Gingras
C) Le juge Adolphe-Basile Routhier
D) L’écrivain Narcisse-Henri-Édouard Faucher de Saint-Maurice
5 L’écrivain James MacPherson Le Moine relate qu’au milieu du XIXe siècle, un «excentrique archéologue [a convié] à son domicile quelques bonnets de la science de Québec pour assister au déroulage d’une momie». De qui s’agit-il?
A) Le docteur James Douglas
B) L’historien François-Xavier Garneau
C) Le docteur Charles-Jacques Frémont
D) L’écrivain Narcisse-Henri-Édouard Faucher de Saint-Maurice
6 En 1868, l’abbé Louis-Nazaire Bégin achète en Égypte «deux grandes momies, dont l’une avec sarcophage, puis une momie d’enfant avec un vieux masque et un petit sarcophage de fétus». Pour le compte de quelle institution de Québec fait-il ces achats?
A) La Literary and Historical Society of Quebec
B) L’Université Laval
C) Le Musée du Québec
D) Les Ursulines de Québec
7 Quel lien unit les Voltigeurs de Québec à l’Égypte ?
A) Ils ont pris part à la campagne d’Afrique du Nord lors de la Deuxième Guerre mondiale.
B) Ils y ont été déployés dans le cadre de la crise du canal de Suez à la demande de Lester B. Pearson.
C) Ils sont intervenus en Égypte lors de la guerre des Six Jours.
D) Ils y ont participé à des missions de paix de l’ONU dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Réponses
1 c) Ces amulettes en faïence de couleur turquoise auraient été fabriquées entre 664 et 525 av. J.-C. Elles représentent Nephtys, Horus, Anubis et une divinité inconnue. Ces amulettes, auxquelles on prêtait des vertus de protection, pouvaient être portées sur soi, utilisées pour décorer des momies, suspendues ou fixées à un support grâce à une perforation arrière.
2 c) Peu de temps après son arrivée à Québec, en 1726, l’intendant Claude-Thomas Dupuys propose de nombreuses modifications pour améliorer l’apparence du palais. Il aurait notamment «brisé le perron de l’entrée» pour y apporter des améliorations. Il est possible que ce soit à ce moment que les amulettes auraient pu être volontairement placées (ou égarées?) au pied de l’escalier monumental du palais. Toujours est-il que c’est dans un remblai situé à cet endroit (un contexte que les archéologues datent entre 1714 et 1726) qu’ont été trouvées ces quatre amulettes.
3 d) Né le 27 septembre 1772 à Québec, Gordon Drummond y passe les huit premières années de sa vie avant de rentrer en Grande-Bretagne. En 1789, il entre dans l’armée britannique où il s’illustrera à la tête d’un régiment lors de la reconquête de l’Égypte en 1801. Sa carrière le ramena au Canada de 1808 à 1816, où il assuma la fonction de gouverneur général. Sa participation à la campagne d’Égypte n’est pas le seul liant unissant ce pays à Québec à l’époque. La Gazette de Québec couvre avec intérêt les campagnes napoléoniennes et, en janvier 1799, le gouvernement du Bas-Canada décrète une journée d’action de grâces pour célébrer le succès de la flotte britannique contre les Français à Aboukir en 1798. Le curé de Notre-Dame de Québec, l’évêque anglican et le pasteur presbytérien Alexander Spark offrent pour l’occasion chacun un sermon à la gloire de l’empire.
4 d) On doit au révérend Douglas la publication, en 1865, du texte d’une conférence ayant pour titre Two Mummies from Thebes in Upper Egypt dans lequel il raconte les achats de son père en Égypte. Le professeur de philosophie et de théologie du Séminaire de Québec Léon Gingras relate quant à lui dans L’Orient ou Voyage en Égypte, en Arabie, en Terre-Sainte, en Turquie et en Grèce son voyage effectué en Égypte en 1845. Le juge Routhier s’inspire quant à lui du voyage qu’il a effectué en Égypte en 1901 avec ses filles pour rédiger Au pays du Sphinx, un essai sur des questions religieuses. Faucher de Saint-Maurice a plutôt rapporté son voyage au Mexique dans l’ouvrage De Québec à Mexico.
5 a) Si le docteur Charles-Jacques Frémont s’est rendu en Égypte à l’automne 1862, il n’en est pas revenu avec des momies sauf erreur. C’est plutôt son confrère James Douglas, qui avait pour habitude de passer ses hivers en Égypte, en Italie et en Palestine, qui en a ramené plusieurs. En 1850, le Séminaire de Québec possède déjà deux têtes de momies qui lui ont été offertes par Douglas. En novembre 1864, il convoque quelques proches devant lesquels il déroule une momie censée être «une princesse ou du moins une femme de qualité [puisque Douglas a] découvert dans sa cassette des fragments de bijouterie en or». Le corps se révèle finalement être celui d’un homme. Les momies et autres souvenirs ramenés d’Égypte par Douglas ont principalement été offerts au musée de l’Université Laval et au Metropolitan Museum of Art de New York.
6 b) Le futur archevêque de Québec reçoit le mandat de faire ces achats par l’abbé Thomas-Étienne Hamel, secrétaire de l’Université Laval. Ce dernier souhaite acquérir des momies pour l’institution dans la foulée des nombreux achats que font le Séminaire de Québec et l’Université Laval en Europe pour se construire une collection scientifique. L’archéologie gagne alors en popularité puisqu’elle permet d’en apprendre plus sur des civilisations anciennes. Grâce au concours du consul britannique, l’abbé Bégin met la main sur ces momies qu’il fait expédier à Québec. Au moins l’une d’elles, connue sous le nom de Nen-Oun-Ef, est toujours dans les collections du Séminaire de Québec.
7 d) Dans les années 1970, on retrouve en Égypte les Voltigeurs de Québec, le plus ancien régiment canadien-français. Ses soldats y sont déployés dans le cadre de missions des Casques bleus. Cette force de maintien de la paix fut créée en 1956 à la suggestion du ministre canadien des Affaires étrangères, Lester B. Pearson, dans le cadre de la crise du canal de Suez.