
Orignaux en Gaspésie: fort débalancement entre les mâles et les femelles
La semaine de chasse à la carabine a commencé samedi sur les terres publiques gaspésiennes, où près de 25 000 chasseurs d’orignal tentent leur chance, bon an mal an. Ils sont attirés par une forte densité d’orignaux — 11 bêtes par 10 kilomètres carrés avant la chasse — et un réseau de chemins forestiers qui rend le territoire accessible.
Le cheptel d’orignaux se renouvelle malgré tout, avec environ 16 000 bêtes lors de l’inventaire aérien mené l’hiver dernier, soit 2000 de plus qu’il y a dix ans. Ces chiffres excluent les réserves fauniques.
Un détenteur de permis peut abattre un mâle ou un veau. Pour tuer une femelle, il faut gagner un permis spécial par tirage au sort.
Cette protection des femelles a fonctionné au-delà des espérances. Le cheptel gaspésien compte 64,5 % de femelles adultes, comparativement à 50 % il y a dix ans. Les mâles adultes représentent seulement 13 % des effectifs; ils étaient 21 % en 2007. Les veaux des deux sexes composent le reste du cheptel.
Faible espérance de vie
«L’espérance de vie d’un mâle adulte est assez restreinte en Gaspésie», indique Martin Dorais, biologiste au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Quand la chasse commence, les bucks ont une chance sur deux d’être abattus.
Conséquence : les mâles de quatre ou cinq ans, à leur meilleur pour la reproduction, se font rares. La majorité des mâles dits adultes ont entre un an et demi et deux ans et demi. À cet âge, ils génèrent moins de spermatozoïdes et ont moins de force pour faire la cour aux femelles.
«Il y a beaucoup de femelles, moins de bucks, et des bucks moins productifs, résume M. Dorais. Probablement que des femelles ne réussissent pas à s’accoupler.» D’autres sont fécondées tard dans la saison et vont sauter une année de reproduction l’automne suivant.
Le cheptel produit maintenant 35 veaux pour chaque centaine de femelles; c’était 59 veaux il y a 10 ans. «On n’est pas en perdition. On a une densité d’orignaux très élevée. Mais il faut changer de stratégie d’exploitation», dit M. Dorais.
Cette année déjà, le ministère a fait tirer 4100 permis de femelle, soit 850 de plus qu’en 2016. Ce nombre pourrait augmenter encore dans les prochaines années, indique M. Dorais. Une femelle abattue retire deux tireurs de la chasse, ce qui diminue d’autant la pression sur les mâles adultes.
«On a rarement géré ce type de situation où la population est abondante et où on cherche à la maintenir. Mais le débalancement des sexes n’est pas dramatique et on peut le rétablir rapidement», estime M. Dorais.
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En chiffres
7730 orignaux en Gaspésie en 2000
14 000 en 2007
16 000 en 2017