
Anthony Ricard Bérubé acquitté de conduite dangereuse ayant causé la mort
Après le verdict prononcé par le juge Richard Côté, certains membres de la famille de l’accusé n’ont pu retenir leurs émotions. À sa sortie du tribunal, Anthony Ricard Bérubé a indiqué, en entrevue exclusive avec Le Soleil, qu’il restera marqué à vie par le drame. «L’accident reste là, a-t-il laissé tomber, visiblement nerveux, les larmes aux yeux. Ça va peut-être me prendre de l’aide psychologique.» Il a aussi affirmé que, même si les faits n’ont pas été provoqués intentionnellement, il vivait avec des remords et qu’il en tirait assurément une leçon : il ne conduira jamais plus de la même façon.
«C’est toujours triste, des dossiers comme ça, avec la mort d’un homme […], a indiqué son avocate, Me Caroline Bérubé. Il y a eu un acquittement, mais c’est un individu qui, depuis l’accident, ressent beaucoup d’empathie pour la famille de la victime. Il y a un soulagement pour mon client […], mais l’accident, comme le juge l’a dit, a été occasionné par sa conduite automobile et ça, mon client le comprend très bien. Il vit avec les conséquences de ça.»
La poursuite ignore, pour le moment, si elle portera la décision en appel. «Je suis déçue [...], mais si le tribunal a pris cette décision-là, c’est parce que c’est un travail d’analyse vraiment exhaustif», a convenu la procureure de la Couronne, Me Julie Gagné. L’avocate a aussi indiqué que les proches de la victime, qui étaient présents à la cour, accueillent le verdict du juge «avec calme». «Pour eux, c’est une étape qui est terminée, a-t-elle rapporté. Ils vont pouvoir faire leur deuil et le vivre hors du processus judiciaire.»
Doute raisonnable
Le juge Richard Côté a fait connaître sa décision après l’analyse des 11 témoignages entendus. Outre un seul élément de faute basé sur les excès de vitesse qui amène le tribunal à conclure que le jeune homme a fait preuve de conduite imprudente, il n’a pas pu établir, hors de tout doute raisonnable, qu’il ait conduit dangereusement. Le magistrat n’a pu non plus trouver la preuve que le conducteur écrivait un message texte avant l’impact.
L’accusé a reconnu avoir effectué quelques dépassements avant l’accident, mais dans des zones où il lui était permis de le faire. La défense a toujours soutenu que son client s’était endormi au volant.
Lors de son témoignage, l’homme de 20 ans a raconté avoir eu un black out et qu’il s’est réveillé au moment de l’impact. D’ailleurs, un témoin a affirmé que le conducteur avait dit aux ambulanciers qu’il s’était endormi.
«Le tribunal conclut que le témoignage de l’accusé soulève un doute raisonnable», a fait valoir le magistrat.
Avant le prononcé de son acquittement, le juge Côté a rappelé que son jugement ne doit pas se fonder uniquement sur les conséquences et qu’il doit se poser la question si une personne raisonnable aurait pu, dans pareille circonstance, éviter la situation qui est survenue le 29 mai 2018. Il a précisé que «même les bons conducteurs peuvent avoir un moment d’inattention».
Le juge a aussi souligné qu’aucune preuve ne laissait croire à un geste volontaire ou à une tentative de suicide ni qu’Anthony Ricard Bérubé pouvait prévoir le risque de somnolence. Le juge croit donc à la thèse que l’accusé se soit endormi au volant.