
Réouverture des écoles: une journée type au primaire dans l’après-confinement
Des milliers de parents québécois doivent prendre leur décision d’ici le 4 mai à savoir s’ils enverront ou pas leurs enfants à l’école pour les six dernières semaines de l’année scolaire. Les écoles attendent les réponses des parents pour finaliser le délicat plan de réouverture. Les directeurs et les professeurs ont pour l’instant beaucoup plus de questions que de réponses... ce qui rend la prise de décision encore plus ardue.
Tentons quelques scénarios, à la lumière des informations envoyées aux parents depuis mardi par des directions d’école sur la Rive-Sud et la Rive-Nord de Québec.
7h50
Camille, 9 ans, descend de la voiture de son père et se dirige vers l’école. Au même moment, son amie Laurence arrive avec l’autobus scolaire. Seulement 12 enfants débarquent de l’autobus; avant la pandémie, il y avait souvent plus de 60 enfants par autobus. Pour le reste de l’année scolaire, un enfant s’assoit seul dans son banc et un banc vide doit séparer les banquettes occupées. Dès leur entrée dans l’école, Camille et Laurence se lavent les mains.
8h45
Louis, 5 ans, bricole dans sa classe de maternelle. Il était content de retrouver le local coloré et surtout Mme Julie. Le sourire de l’enseignante est cachée par un masque qu’elle s’est fabriqué. L’école ne le fournissait pas. Louis aurait bien voulu retourner jouer dans le petit coin cuisine, mais tous les jouets ont été rangés. La classe a été d’ailleurs dégagée pour laisser le plus d’espace possible. Madame Julie insiste gentiment pour que Louis se débrouille comme un grand avec ses petits ciseaux; la professeure doit tenter de rester le plus possible à deux mètres de ses élèves. Mais Mme Julie sait bien qu’elle aura à s’approcher pour consoler un chagrin, débloquer une fermeture éclair récalcitrante, montrer comment tracer une lettre...

10h30
Victoria et Ève-Marie, 12 ans, font des exercices de mathématiques dans leur classe de 6e année. M. Hugo, le professeur, répond à distance aux questions. La fin de l’année sera encore plus intensive que prévu pour ce groupe. Avant la fermeture des écoles à la mi-mars, les élèves avaient eu seulement un mois de français et de mathématiques puisqu’ils avaient commencé l’année en anglais intensif. M. Hugo a 15 élèves devant lui. Chacun d’eux a une place et doit la garder pour toute la journée, chaque jour. Pas de travail d’équipe ou de bureaux regroupés en îlot. Tout le monde doit garder son matériel à sa place et pas d’échange de crayons. Les IPad collectifs ont été rangés pour le reste de l’année. Faute de local disponible, six autres élèves de la classe de M. Hugo ont été déplacés dans l’école secondaire voisine, avec Mme Karine, la professeure de musique.
11h45
Philippe, 7 ans, va se laver les mains et se rasseoit à son pupitre pour dîner, dans sa classe. L’éducateur, M. Henri, fait des blagues. Les enfants n’ont plus accès aux fours à micro-ondes; tout le monde a un lunch froid ou un thermos. Philippe sort sa nouvelle gourde d’eau de son sac. Désormais, personne ne va boire à l’abreuvoir de l’étage. Après le dîner, Philippe retourne se laver les mains. Son petit groupe sortira ensuite jouer dans un coin de la cour d’école. M. Henri dit qu’il a inventé une nouvelle sorte de «zumba».

14h04
M. Mario le concierge lave encore une fois la rampe de l’escalier central de l’école. Il va ensuite s’attaquer à nouveau aux dizaines de poignées. La tâche est lourde. Elle l’était déjà avant la pandémie; chaque année, les écoles se battent pour avoir suffisamment d’hommes et de femmes d’entretien.
15h12
Marie vient chercher Lili, 6 ans, après la classe. La maman ne peut plus entrer dans l’école. Elle attend dehors. Lili arrive avec seulement sa boîte à lunch dans les mains. Elle n’a pas son sac à dos car il est interdit de transporter du matériel entre l’école et la maison.