
Armes à feu: la maladie mentale, le principal problème?
LES FAITS
La question à laquelle une chronique de vérification des faits peut répondre, ici, est celle de savoir si la maladie mentale occupe une place importante dans le portrait des homicides. En d’autres termes : peut-on raisonnablement s’attendre à ce qu’un nouveau règlement sur la possession d’armes à feu qui ciblerait les malades mentaux fasse une différence notable?
Statistique Canada mène chaque année une «Enquête sur les homicides» au pays. Or il ressort de la plus récente que sur 611 meurtres perpétrés en 2016, seulement 1 sur 6 (ou 17 %) ont été commis par des gens chez qui la police soupçonnait un «trouble mental ou du développement», incluant les retards mentaux ou les problèmes causés par l’alcoolisation fœtale. «Cette proportion est comparable […] à la moyenne des 10 années précédentes (16 %)», lit-on dans le document L’homicide au Canada, 2016.
En outre, il apparaît que les problèmes mentaux sont déjà pris en compte dans le processus qui mène à l’obtention d’un permis d’acquisition et de possession d’arme à feu. La Loi sur les armes à feu oblige la police à le faire et la question 16d du formulaire se lit comme suit : «Au cours des cinq dernières années, avez-vous tenté ou menacé de vous suicider ou, après avoir consulté un médecin, avez-vous fait l’objet d’un diagnostic ou subi un traitement pour une dépression, l’abus d’alcool, de drogues ou d’autres substances, des problèmes comportementaux ou émotifs ou avez-vous été atteint d’un de ces états?»
Chaque demandeur doit de plus avoir deux répondants qui attestent de la véracité de ses déclarations. Il n’a pas été possible, mardi, de savoir à quelle fréquence la Gendarmerie royale du Canada contacte ces répondants mais, rendu là, cela relève plus de l’application des règlements que du cadre lui-même.
VERDICT
Mal fondé. L’idée de restreindre ou même d’interdire la possession d’armes à feu pour les gens qui ont des problèmes mentaux n’est certainement pas mauvaise, mais le cadre règlementaire actuel en tient déjà compte. De toute manière, quand on regarde le portrait d’ensemble des homicides au Canada, la santé mentale ne semble pas être un facteur particulièrement important, même si elle peut évidemment jouer un rôle dans certains cas.