Une vingtaine de personnes ont répondu à l’invitation du Groupe d’actions féministes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) avec l’appui de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM). Pour la grande majorité, les invités au gala du Mérite sportif des Patriotes sont entrés au centre des congrès par une autre porte, évitant ainsi de faire face à la manifestation pacifique.
Le gala s’adresse non seulement à l’équipe de hockey masculine qui a défrayé la manchette, mais également à l’ensemble des disciplines sportives de compétition pratiquées à l’UQTR. L’une des rares personnes qui a accepté de donner un commentaire aux médias à son arrivée au gala est membre de l’équipe soignante de l’équipe féminine de volleyball.
Pour elle, la sensibilisation aux violences à caractère sexuel est importante, non seulement au sein des équipes sportives, mais auprès de la population en général. «Il ne faut pas que ce soit banalisé. C’est à prendre au sérieux», estime Sabrina Martel.
Arborant le chandail d’un officiel dont le rôle est de faire respecter les règles du jeu, Véronique Durocher dit avoir été interpellée par une athlète de l’UQTR, peu après la journée internationale des droits des femmes le 8 mars dernier.
Préoccupée par la gestion interne des allégations d’inconduites rendues publiques en novembre dernier, pour lesquelles un joueur de l’équipe de hockey des Patriotes a été suspendu le temps d’une enquête interne, celle-ci cherchait l’appui du Groupe d’actions féministes de l’UQTR pour aller plus loin.
«On trouve que c’en est assez de la banalisation des violences sexuelles dans le milieu du sport», affirme la militante qui a eu l’initiative de cette manifestation.
«Nous ne somme ni viande ni objet.»
— Véronique Durocher
Dans le cas qui s’est déroulé à l’UQTR, Véronique Durocher dénonce l’opacité du processus d’enquête concernant les allégations portées, un processus qui a permis de réintégrer le joueur à son équipe sportive après une dizaine de jours de suspension administrative.
«Dans la mesure où on a une politique visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel à l’université et que cette politique vise à ce que le milieu soit sécuritaire et sain pour l’ensemble de la communauté universitaire, on se pose des questions. On ne sait pas ce qui s’est passé dans ce cas, ni ce qui se passera dans les autres cas où la politique sera mise en application. C’est cette question-là qui nous inquiète et on aimerait être rassuré par l’université», dit-elle.
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Rappel des faits
Le joueur de hockey, dont le nom n’a pas été révélé publiquement mais dont on sait qu’il évolue dans la sphère du hockey universitaire, a été dénoncé par certaines étudiantes pour avoir publié leurs photos et noms, accompagnés d’une note sur 10 et de commentaires sur leur apparence ou leurs performances sexuelles. Le joueur a été suspendu le temps d’une enquête administrative interne, puis réintégré «à la lumière de nouvelles informations», selon le porte-parole de l’UQTR, Jean-François Hinse.
Selon les révélations obtenues, le joueur en question aurait d’ailleurs reconnu les faits auprès d’une de ses victimes.
Véronique Durocher, qui est aussi étudiante au doctorat à l’UQTR, croit que la confidentialité des personnes impliquées n’a pas à être compromise pour faire la lumière sur les événements qui demeurent, selon elle, nébuleux.
«Là où j’ai un problème, c’est qu’on ait une personne qui reconnaît avoir posé ces gestes et qu’on mentionne par la suite qu’il n’y aurait pas eu de violation du code de conduite», dit-elle en référence à des déclarations attribuées au responsable des communications de l’UQTR. Les mesures d’accommodement mises en place par l’université pour éviter que les victimes des publications du hockeyeur n’aient pas à croiser ce dernier ont pris fin en décembre, selon l’organisatrice de la manifestation.
Joanne Blais, directrice de la TCMFM qui s’est aussi associée à la manifestation de samedi, estime que les institutions universitaires qui ont une mission éducative doivent être exemplaires en termes de tolérance zéro à l’égard de violences. Elle estime qu’elles doivent «instaurer un milieu où la culture du viol, qui minimise, normalise voire encourage les violences à caractère sexuel, n’a pas sa place».
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La Politique visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel, adoptée par l’UQTR en septembre 2022, est disponible en ligne. Cette politique indique que les violences à caractère sexuel incluent notamment : «les commentaires, les allusions, les plaisanteries, les interpellations, les insultes à caractère sexuel ou les propos à caractère sexiste; le cyberharcèlement sexuel; la production, la diffusion ou la distribution de propos, d’images ou de vidéos sexuels».
«Les derniers mois nous ont montré qu’une culture toxique opère dans plusieurs ligues de hockey canadiennes. L’UQTR et les Patriotes ont raté une belle occasion de montrer qu’ils ont une tolérance zéro à l’égard des inconduites sexuelles», ont déclaré les organisatrices par voie de communiqué, après la manifestation.