Il ne s’agit pas d’un nouveau juge, mais bien de Scala, premier chien d’assistance judiciaire dédié au Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale.
Sur demande, la labernoise de presque trois ans accompagne les victimes lorsqu’elles rencontrent les procureures, témoignent en cour en encore par visioconférence.
Un chien de la Sûreté du Québec est aussi disponible, mais la demande doit être faite d’avance et via un policier, alors que Scala peut intervenir sur-le-champ.
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Elle a été élevée pour faire ce travail par la fondation Mira en plus de faire l’objet d’un suivi constant par sa maîtresse Nadia Piedade, intervenante au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).
Mme Piedade l’a adoptée, vit avec elle jour et nuit et l’amène dans presque toutes ses sorties.
«J’aime ça, mais c’est beaucoup de travail au quotidien, indique-t-elle. Je la sors cinq fois par jour et il faut maintenir ses acquis!»
Nadia a suivi une formation intensive de neuf jours afin de mieux connaître et diriger sa nouvelle collègue. C’est d’ailleurs au cours de cette formation que Scala (le nom vient curieusement du poisson «scalaire», et non du célèbre théâtre milanais) lui a été assignée. Comme sa maîtresse, elle est d’une nature calme et sereine.
«Je suis chanceuse, elle est idéale! Elle est très patiente, elle aime beaucoup les enfants et aime se faire flatter. Je pense que c’est pour ça que Mira l’a sélectionnée.»
L’essentiel des clients de Scala, précise Mme Piedade, est toutefois constitué de femmes adultes.
Si vous la croisez alors qu’elle porte son harnais, il est recommandé de ne pas la flatter afin de ne pas la distraire de sa tâche. Des affiches ont d’ailleurs fait leur apparition au palais de justice à cet effet. Les autres chiens sont aussi invités à ne pas la renifler!
«Elle change la donne»
De l’avis de Nadia Piedade, l’apport d’un chien d’assistance judiciaire aide considérablement les victimes stressées à témoigner. Une chercheuse est d’ailleurs à documenter l’effet positif de ce soutien canin.
«Elle change la donne, dit l’intervenante. Certaines ont de la misère à seulement réécouter leur déclaration vidéo faite aux policiers. D’autres m’ont dit qu’elles ne seraient pas passées au travers sans le chien pour faire diminuer leur stress.»
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Scala «emmagasine le stress des gens», dit Mme Piedade, qui a remarqué que la chienne était «plus énergique» à la marche après avoir soutenu une victime, pour se défouler. A contrario, elle peut s’endormir en salle de cour si la victime devient sereine.
Un juge peut toutefois retirer cette assistance, comme c’est arrivé lors d’un procès pour agression sexuelle tenu devant jury en 2020, à Granby. La défense avait plaidé que la présence d’un chien d’assistance en cour faisait paraître son client sous un jour défavorable. L’accusé a cependant été trouvé coupable.
L’arrivée de chiens d’assistance dédiés dans les palais de justice de Granby, Drummondville, Québec et Valleyfield, un projet pilote de cinq ans, est l’une des mesures phares de l’implantation des Tribunaux spécialisés en violence sexuelle et conjugale.
Ceux-ci visent à faciliter le passage en cour des victimes alléguées de tels crimes.
Les deux autres sont l’aménagement de bureaux de la CAVAC près des entrées des palais et l’assignation de procureures exclusivement à ces dossiers.