«Ça reste quelque chose de scandaleux qu’on ne soit pas capable de construire au même coût que l’Europe», s’est exprimé le maire de Québec lundi, réagissant à une rencontre avec les gestionnaires de projet de tramway de Copenhague.
Située en banlieue du centre-ville, la ligne de tramway de 29 kilomètres doit entrer en service en 2025. Le coût anticipé oscille autour de 10 milliards de couronnes danoises, soit 2 milliards $. Un métro aurait coûté «quatre fois plus cher du kilomètre», selon les autorités du Danemark.
Pour des projets similaires en Amérique du Nord, «on parle de deux à quatre fois» plus. «L’expertise est ici, il y a plus d’employés spécialisés, les conditions de travail, les questions d’approvisionnement» sont différentes, analyse le maire Marchand.
La réalité a beau «s’expliquer», elle n’en demeure pas moins «décevante» et «absurde» à ses yeux, sachant qu’«on est environ à trois fois plus cher chez nous».
«Normale» opposition
Même dans une ville comme Copenhague, dotée d’un métro et qui a pourtant l’habitude des chantiers de construction destinés à la mobilité, l’ajout en cours d’une ligne de tramway soulève les passions. De quoi «conforter» le maire Bruno Marchand dans sa volonté de «continuer», malgré le vent d’opposition auquel fait face le mégaprojet à Québec.
L’esprit de contestation semble pour ainsi dire toujours présent lors du développement d’un nouveau réseau de transport structurant, relève-t-il. Tout ne se fait pas sans heurts non plus dans la capitale danoise. Les équipes, là aussi confrontées à des «défis de communication», enregistrent quelques plaintes chaque jour.
De quoi rassurer Bruno Marchand, devant l’appui au projet de tramway minoritaire dans sa ville. «L’opposition, elle est normale», dit-il.
«Les gens expriment leur opposition, ils ont le droit, mais quand on regarde ce qui se passe ailleurs, ça nous conforte à cette idée de continuer»
— Bruno Marchand
Souvent, rapporte-t-il, les utilisateurs ne constatent les bénéfices qu’après la mise en service. Il reste donc convaincu que Québec ne peut se passer d’un tramway. Avec 30 000 nouveaux citoyens attendus dans les années à venir, penser que «la circulation va toujours être la même, c’est une erreur». «Dans cinq ans on va se dire : “il est trop tard, on aurait dû le faire avant”», projette M. Marchand.
À Copenhague, un boom démographique de 200 000 habitants est attendu d’ici 2030.
Vers des textos sur les chantiers?
Bruno Marchand se montre par ailleurs allumé par les moyens de communication liés au tramway déployés à Copenhague. Alertes SMS, courriels, infolettres, les voisins des chantiers sont tenus informés en continu des différentes entraves, dans les huit municipalités traversées par le futur tramway.
À l’orée du lancement officiel des travaux à Québec, «c’est sûr que c’est une leçon qu’on retient», assure-t-il, parlant d’offrir des messages «ciblés» et «pertinents» aux citoyens.
Tandis que Québec teste la température de l’eau quelques fois par année, en pleine construction, Copenhague n’a jamais mené de sondage pour évaluer l’appui au projet. Ni avant ni pendant.
Le maire Marchand refuse tout de même de dire que cet exercice nuit au projet à Québec, puisqu’il «guide» la Ville dans sa façon de communiquer. Mais aucun sondage, aussi défavorable soit-il, ne remettra en question la réalisation du tramway, avise-t-il.
«Si on attend juste que [...] l’appui de la population soit élevé, on n’arrivera jamais à rien. On ne peut pas remettre en question chaque fois qu’il y a un mauvais sondage.»