Mais qui représente l’Université Laval dans le conflit de travail avec les professeurs?

QUEBEC - Les professeurs de l’Université Laval sont en grève générale illimitées - 03/13/2023 - le 13 Février 2023

POINT DE VUE / Alors que la grève des professeurs et professeures de l’Université Laval dure depuis maintenant un mois, la légitimité du syndicat ne fait aucun doute. Ce syndicat représente près de 1300 professeurs et professeures qui ont voté massivement pour la grève et qui font preuve d’une mobilisation jamais vue auparavant.


Jusqu’au 1er septembre dernier, j’étais directeur d’un département à l’université, et donc du côté patronal. Je me pose donc la question: mais que pensent les directeurs et directrices de départements, les vice-doyen et vice-doyenne et les doyens et doyennes de mon institution? «La Direction» parle en leur nom, mais sont-ils consultés? Ont-ils une voix? Selon mon expérience, la réponse est non. «La Direction» insulte notre intelligence en lançant un communiqué digne des services d’information soviétiques clamant que le syndicat a rejeté l’hypothèse soumise par le conciliateur sans l’étudier alors qu’au contraire, l’hypothèse a été décortiquée avec diligence et même utilisée pour faire une contre-offre. Que pensent mes anciens collègues des directions départementales et facultaires de ce type de tactique? Poser la question, c’est y répondre.

Mais alors, qui parle au nom de l’Université Laval? Quelques dizaines de personnes? Peut-être moins? Ces personnes ont-elles la légitimité morale de se traîner les pieds, de faire preuve d’amateurisme dans leurs stratégies de communication et d’étirer le conflit pour épuiser les ressources syndicales, et ce, sur le dos des étudiants. Si je suis dans l’erreur, que l’Université tienne une réelle consultation auprès de ses directions et qu’elle rende le résultat public.

Pour terminer, comme ancien directeur de département, je comprends qu’il y a des éléments que la direction doit obtenir. Mais j’espère que «La Direction» est consciente que si les professeurs et professeures de l’Université Laval doivent revenir au travail à reculons et décidaient de s’en tenir à 40 heures (quand même cinq de plus que 35) de travail par semaine, mon université deviendra très rapidement une institution de seconde classe au détriment de tous, sauf peut-être de «La Direction» dont les membres actuels seront alors à la retraite avec en poche une pseudo victoire à court terme.