Des universités québécoises incitent les étudiants à désinstaller TikTok

Tik Tok social media application emblem on smartphone screen close-up. Android Google Play Store app on wooden table. 3d rendered. Russia, Chuvash Republic, Cheboksary. 08/31/2020

Après les fonctionnaires, voilà que les étudiants sont incités à désinstaller l’application TikTok de leur téléphone. Tous les établissements du réseau de l’Université du Québec auraient relayé cette directive, qui concerne autant les appareils professionnels que personnels.


Depuis plusieurs semaines, les gouvernements du Canada et des États-Unis s’inquiètent de la collecte de données personnelles de l’application TikTok. Le 27 février, les gouvernements ont décidé de bannir l’application sur les appareils des fonctionnaires.

Le 10 mars dernier, les étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ont reçu un courriel les incitant à désinstaller TikTok de leur appareil personnel, si celui-ci est relié aux systèmes de l’UQTR.



«Après analyse des enjeux de sécurité pour nos systèmes informatiques, nous sommes contraints de solliciter la collaboration de tous les membres de la communauté universitaire — personnels et étudiants — afin d’offrir une protection maximale des données personnelles et universitaires, mais aussi des données de recherche», peut-on lire dans une copie du courriel obtenue par Le Soleil.

«Par conséquent, toute personne qui possède un appareil mobile personnel [téléphone ou tablette] est invitée à désinstaller la plateforme TikTok sur ses appareils mobiles personnels si ceux-ci sont reliés aux systèmes de l’UQTR [courriels, agenda, etc.] ou désinstaller les applications reliant le ou les appareils aux systèmes de l’UQTR [courriels, agenda, etc.].»

—  La direction de l'UQTR

Selon les témoignages récoltés, certains professeurs de l’établissement auraient également fait cette demande à leurs étudiants en classe.

Julie Martineau, directrice des communications de l’Université du Québec, confirme que la directive a été envoyée à tous les établissements du réseau, comme l’Université du Québec à Montréal, l’Université du Québec à Chicoutimi et l’Université du Québec à Rimouski.

Pourquoi les appareils personnels? De plus en plus d’étudiants ont des applications liées à leur établissement d’enseignement sur leur cellulaire. À l’UQTR, l’application maison nommée «Radar» permet aux étudiants de consulter leur dossier, agenda et courriels.



Lorsque les deux applications sont sur le même appareil, l’entreprise chinoise peut avoir accès aux données et aux systèmes de l’université, explique Jean-François Hinse, porte-parole de l’UQTR. L’université demande donc aux élèves de désinstaller l’une ou l’autre.

Cette directive aurait été émise par rapport à des recommandations du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, transmises par le ministère de l’Enseignement supérieur, affirme M. Hinse.

Pas de mention des appareils personnels

Pourtant, les recommandations émises par le gouvernement ne concernent pas les appareils personnels.

«Les directives émises par le MCN concernant TikTok visent les appareils mobiles fournis par les ministères et la majorité des organismes publics», explique le ministère de la Cybersécurité par courriel.

Même discours du côté du ministère de l’Enseignement supérieur.

«Le 27 février dernier, le sous-ministre du ministère de la Cybersécurité et du Numérique et dirigeant principal de l’information du gouvernement du Québec a émis la directive de retirer l’application TikTok des appareils mobiles utilisés par le personnel ou mis à sa disposition», explique Bryan St-Louis, directeur des communications au Ministère de l’Enseignement supérieur. Il ne mentionne pas les étudiants dans sa missive.



À l’Université Laval, la direction a demandé à son personnel de désinstaller TikTok de «tous les appareils mobiles acquis ou loués» par l’institution. Ni les étudiants, ni les appareils personnels des enseignants n’ont été ciblés.

«Il s’agit d’un équilibre entre le risque et les libertés individuelles», estime Simon La Terreur, porte-parole de l’Université Laval.

Les étudiants ne reculent pas

Jeffrey Dupont et Delphine Rouette étudient présentement à l’UQTR. Malgré la demande de l’université, ils ne prévoient pas se départir de l’application chinoise.

«Personnellement, je ne pense pas la désinstaller. Je ne vais jamais sur TikTok à l’école», mentionne Jeffrey Dupont. Selon lui, la demande l’université est «un peu poussée».

Delphine Rouette s’est sentie indifférente lorsqu’elle a reçu la directive. «Je comprends les motivations du courriel parce qu’aujourd’hui, la ligne entre le professionnel et le personnel est très mince», affirme-elle.

Malgré cela, l’étudiante souhaite conserver l’application, qu’elle utilise régulièrement.