Après 50 ans de tergiversations, une intersection dangereuse sera rebâtie

Le Soleil, Québec - Route Fossambault Rang des mines- Le 25 mars 2023, photo Caroline Grégoire

Voilà plus de 50 ans que l’État québécois sait que la route de Fossambault (route 367) est dangereuse. Autant d’années que le ministère des Transports songe notamment à améliorer la première intersection que les automobilistes croisent à la sortie de l’autoroute 40 en direction nord, soit l’intersection du rang des Mines… Ça y est presque !


À l’Ouest, toujours plus de monde…

Nous sommes aujourd’hui à l’ouest de la capitale québécoise. Si vous avez déjà fréquenté le secteur, vous verrez tout de suite où nous nous trouvons : sur le terrain de la station-service située à un demi-kilomètre de l’autoroute, vous savez le Esso planté à l’extrémité sud de cette route reliant Saint-Augustin-de-Desmaures et Saint-Catherine-de-la-Jacques-Cartier.

Là où est situé ce commerce, la nationale 367 forme une croix avec le rang des Mines et le 3e Rang.



Des autos de banlieusards et d’estivants circulent ici en nombre. Le secteur est de plus en plus achalandé.

… Et plus d’autos

Il y a une dizaine d’années, le gouvernement évaluait le trafic quotidien à entre 10 000 et 11 000 véhicules.

Maintenant, la moyenne tournerait plutôt autour quelque 15 000 à 16 000 par jour, selon les données étatiques disponibles en ligne.

Danger : pas de nouveau

La dangerosité de la route 367 est connue dans cette couronne de Québec. Radio-Canada a d’ailleurs récemment fait écho aux témoignages d’élus et de résidents ayant peur des accidents.



Mais concentrons-nous spécifiquement sur le coin de rue qui nous intéresse aujourd’hui. Voici ce qu’admettait le MTQ en 2019, au cours d’une rencontre avec des citoyens : «L’intersection de la route de Fossambault (route 367), du rang des Mines et du 3e Rang fait l’objet de plaintes récurrentes de la part de citoyens.»

Aussi, le conseil municipal de Saint-Augustin-de-Desmaures avait transmis une résolution demandant à l’État de la sécuriser.

Vrais risques

Le MTQ est au fait des défauts de cette intersection, nous confirme par écrit la porte-parole, Émilie Lord.

«En juin 2018, le Ministère a procédé à une étude de sécurité et de circulation dans ce secteur, laquelle a démontré que la fréquence d’accidents n’est pas critique, mais que la gravité est supérieure aux moyennes provinciales.» Les clients quittant la station-service seraient particulièrement à risque.

En attendant la vraie solution

Le MTQ a dès lors convenu qu’un chantier d’envergure doit avoir lieu pour sécuriser ce carrefour. En attendant que le dossier chemine dans le dédale administratif québécois, des mesures d’atténuation ont été mises en place.

«Afin d’améliorer la sécurité devant la station-service du secteur d’ici la réalisation d’une intervention permanente, le Ministère a installé en octobre 2019, au centre de la route 367, des balises flexibles afin de limiter certains types de mouvements vers la station-service [virages à gauche] et ainsi réduire les risques d’incident», rappelle Émilie Lord.



«La limite de vitesse a également été réduite à 70 km/h dans ce secteur afin de s’ajuster avec le nouvel environnement routier.»

Chantier d’envergure

Voici finalement qu’un document récent de la mairie de Québec annonce une intervention majeure.

Résumons ce que nous apprend ledit document : le ministère des Transports compte redessiner complètement l’intersection, installer un terre-plein central au nord comme au sud, ajouter des voies pour tourner d’une manière sécuritaire.

Il faut cependant que la Commission de protection du territoire agricole du Québec autorise d’abord l’empiètement sur deux champs voisins. Un peu moins de 1900 mètres carrés (environ 20 000 pieds carrés) de terres arables seraient ainsi asphaltés.

La cause semble déjà entendue. Dans le feuillet officiel, on évalue que «la perte de superficies cultivables […] est tout de même assez limitée».

On plaide en outre que «le projet vise à améliorer la sécurité globale dans le secteur tout en maintenant la fluidité de l’axe principal».

Quand les travaux?

Alors, quand aura lieu le chantier ? Quel sera l’impact pour les usagers de cette route ? Où sera déplacé le trafic pendant les travaux ?

Nous avons posé ces questions à Émilie Lord. Le MTQ se garde la primeur: «L’annonce des investissements 2023-2025 aura lieu dans les semaines à venir. La nature des travaux des projets annoncés sera communiquée ultérieurement, à la suite de cette annonce.»




PROBLÈME CONNU EN 1970

EN 2005, le gouvernement avait commandé une étude à la firme Genivar.

On y lit : «Il y a plus de 30 ans que le MTQ envisage l’amélioration de la route 367. Ainsi, dès le début des années 1970, un projet de réaménagement de 4,5 km, à Saint-Augustin-de-Desmaures, avait été planifié par le MTQ, soit à partir du rang des Mines jusqu’à la route Grand-Capsa.

«Ce projet initial comportait la réfection des fondations, l’élargissement de la chaussée, le recouvrement par un revêtement souple et la construction d’une voie lente ainsi que le réaménagement de deux intersections.

«Ce projet avait été transmis en 1978 à la Municipalité de Saint-Augustin-de-Desmaures et adopté par le conseil municipal en 1983. Compte tenu des priorités et des disponibilités financières du Ministère à l’époque, le projet a été reporté à maintes reprises.»

D’autres projets

EN 1996, un projet ambitieux a été évoqué. «Le MTQ a procédé à la réalisation d’une étude d’opportunité du projet de réaménagement de 14 km de la route 367, soit entre l’autoroute Félix-Leclerc [autoroute 40], à la hauteur de Saint-Augustin-de-Desmaures, et l’intersection de la rue Jolicoeur à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier», relate Genivar.

En 2006, des scénarios étaient encore à l’étude. Dans un rapport d’évaluation, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement soulignait le «nombre élevé d’accidents dont la plupart se produisent aux carrefours» de la 367.

Finalement, quelques années plus tard, des aménagements avaient été effectués à l’intersection du rang des Mines qu’on veut maintenant redessiner.

Aussi, un tronçon de la route de Fossambault situé un peu au nord du rang des Mines a été reconstruit durant les années 2010.

À l’époque, on invoquait «des anomalies majeures» à corriger.