Philippe Gendreau se plaît à observer le monde numérique et ses enjeux. Enseignant au secondaire depuis une trentaine d’années, il offre à ses étudiants un cours d’éducation aux médias depuis maintenant 19 ans.
S’il a déjà abordé la naissance de YouTube dans sa classe, le professeur admet que le web a bien changé en l’espace de deux décennies.
Aujourd’hui, les GAFAM — acronyme regroupant Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft — prennent une place considérable dans nos sociétés. Et ce, tant d’un point de vue social et économique que politique.
Selon Philippe Gendreau, les citoyens ne peuvent plus conserver strictement une position de consommateur face à ces puissants empires.
D’où l’importance de sensibiliser les jeunes à ce sujet.
Invité à participer à Radar, la nouvelle collection d’essais jeunesse chez Écosociété, l’auteur souhaitait aborder la concentration des médias, les GAFAM ainsi que la question des données. Un projet ambitieux devant lequel il s’est vite ravisé.
«Je me suis rendu compte qu’avant de pousser sur d’autres sujets, il fallait bien comprendre les GAFAM : comment sont configurées ces grandes entreprises? Quel est leur pouvoir? Leur influence? Leur impact sur l’environnement?» raconte Philippe Gendreau, en entrevue au Soleil.
Avec GAFAM, le monstre à cinq têtes, l’auteur avait ainsi envie de mettre la table et de brosser le portrait de chacun de ces cinq géants du web pour bien informer les adolescents.
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Au fil de son ouvrage, il explique donc l’histoire de ces entreprises et les scandales qui les jalonnent; leur façon d’utiliser les données de leurs utilisateurs pour faire de l’argent; leurs techniques marketing pour conserver leurs clients, etc. Le tout à l’aide de définitions et de listes, d’encadrés et d’une panoplie de chiffres.
Philippe Gendreau indique, par exemple, à qui appartient Google. Il aborde également la question de l’obsolescence programmée au sein d’Apple et la façon dont fonctionne les algorithmes de Facebook.
«Moi, je considère que les GAFAM sont les gardiens improvisés de la morale. Parce qu’ils peuvent déterminer ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, monter des sujets en épingle ou encore ignorer complètement certains enjeux.»
— Philippe Gendreau
Faire confiance aux jeunes
Philippe Gendreau le reconnaît : ces enjeux ont de quoi donner le tournis à bien des adultes.
En écrivant GAFAM, le monstre à cinq têtes, il a toutefois tenu à «s’adresser à l’intelligence» de ses jeunes lecteurs. Sans faire fi de certains sujets peut-être plus complexes au premier abord. Même lorsque vient le temps de traiter des questions légales entourant ces géants du web. Dont les projets de loi C-18, qui forcerait les GAFAM à partager leurs revenus publicitaires avec les médias canadiens, et C-11, qui obligerait les plateformes numériques (Netflix, YouTube, Spotify) à mettre de l’avant les productions canadiennes.
«Mon but, c’était de montrer l’envers du décor. […] Beaucoup de parents ont entendu parler de Twitch, mais peu de gens savent que Twitch appartient à Amazon. C’est important de connaître ces liens d’affaires», note à titre d’exemple celui qui enseigne en Montérégie.
Si les essayistes ont souvent comme objectif, à travers leur livre, de convaincre leurs lecteurs de leur position, Philippe Gendreau avait plutôt envie d’informer le public.
Quoiqu’on qualifie GAFAM, le monstre à cinq têtes comme un essai, l’auteur — qui se considère lui-même comme un «technophile» — aborde son sujet de façon «pondérée».
«C’est super important pour moi que les jeunes se voient comme des citoyens. Et des citoyens en voie d’être des électeurs. […] Mon but, c’est de les équiper intellectuellement pour comprendre le monde dans lequel ils sont.»
— Philippe Gendreau
Avec cet ouvrage sur un sujet brûlant d’actualité, l’auteur souhaite ainsi donner des outils aux adolescents afin qu’ils naviguent auprès des GAFAM en toute connaissance de cause.
GAFAM, le monstre à cinq têtes est offert en librairie.