Chronique|

La revanche de Couche-Tard

Le géant Couche-Tard a fait un achat important en Europe qui équivaut à environ 4,5 milliards $.

CHRONIQUE/ Impossible d’acheter l’épicier français Carrefour? Qu’à cela ne tienne! Couche-Tard (TSX : ATD) met la main sur 2193 stations-service de TotalEnergies à travers l’Europe.


Difficile de passer à côté d’une telle transaction d’une entreprise québécoise dans cette chronique, quand on sait que l’achat équivaut à environ 4,5 milliards $ (3,1 milliards d’euros).

Le géant des dépanneurs et des stations-service, qui exploitait déjà près de 3100 commerces sur le continent, perce de nouveaux territoires en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg.



Le hibou québécois avait fait sa première acquisition en terre européenne en 2012 en achetant le détaillant norvégien Statoil.

En janvier 2021, Couche-Tard voulait acheter l’épicier Carrefour et ses 12 300 magasins. Onétait prêt à déplier 25 milliards $. La transaction, qui a provoqué une levée de boucliers, a échoué.

Quand j’ai contacté Jean-Philippe Legault, de la firme Cote 100, nous avons rapidement conclu que les derniers événements concernant l’entreprise Lavalloise étaient incontournables.

M. Legault n’est pas surpris de voir que l’entreprise québécoise fonce de nouveau vers l’Europe, après l’épisode Carrefour. « Il y avait longtemps que Couche-Tard n’avait pas fait une grosse acquisition », note l’analyste financier.



« Pour Couche-Tard, c’est un gros achat. Il y aura des difficultés d’intégration, mais la direction de la compagnie en a fait d’autres dans le passé, notamment aux États-Unis. Elle a un bon historique en cette matière. »

Jean-Philippe Legault, analyste Cote 100

Force est de constater que Couche-Tard mise encore sur l’essence, alors qu’on parle de la fin de ce carburant dans les années à venir.

L’une des forces de la chaîne est de posséder des commerces à des endroits stratégiques dans les agglomérations. Peu importe les tendances, le réseau peut s’ajuster facilement, croit M. Legault.

« L’essence ne disparaîtra pas demain matin », fait-il remarquer.

« Les gens auront toujours besoin d’acheter quelque chose rapidement. La force de Couche-Tard, c’est d’être bien situé dans des secteurs achalandés. »

Il n’est pas exclu que la multinationale revienne à la charge pour acheter notamment une chaîne d’épicerie, affirme l’analyste. Il y a encore de la place à la croissance, dit-il.



La nouvelle a fait bondir l’action à plus de 60 $. L’analyste Peter Sklar, de BMO, voit le titre se vendre à 70 $ d’ici 12 mois.

Le fabricant de motoneiges électriques Taiga avait besoin d’une aide financière.

Coup de chapeau : Taiga avait besoin d’aide

Difficile de dire si la nouvelle constitue un tournant majeur pour Taiga (TSX : TAIG), mais cela lui apportera certainement un peu d’oxygène.

La semaine dernière, le fabricant de motoneiges électriques a reçu du financement de la part d’Investissement Québec et Northern Private Capital, une société déjà actionnaire de l’entreprise.

L’aide en placement privé dépasse les 40 millions $, soit 15 et 25,15 millions $ de débentures.

La direction de Taiga ne cache pas que l’argent arrive à point nommé. « Ces fonds nous permettront d’investir dans l’accélération de notre production, de protéger notre chaîne d’approvisionnement et de maintenir nos activités alors que nous bâtissons la prochaine génération de véhicules électriques tout-terrain », a mentionné Samuel Bruneau, président-directeur général et cofondateur de Moteurs Taiga.

« De grandes possibilités s’offrent à nous et notre vision a toujours été de produire en série des véhicules électriques tout-terrain accessibles à une vaste clientèle. »

N’empêche que la compagnie repousse encore une fois la construction de son usine de production à Shawinigan. Le projet de 250 millions $ ne semble plus être dans les cartons pour l’immédiat.

On a aussi dû faire de la place au sein du conseil d’administration pour Investissement Québec et Northern Private Capital; quatre membres actuels du conseil cèdent ainsi leur siège.



Taiga a aussi demandé auprès de la Bourse de Toronto une dispense qui exigence que les actionnaires approuvent divers éléments du placement privé du fait que « la société éprouve de graves difficultés financières ».

Cela arrive alors que BRP (TSX : DOO) fait des progrès dans le développement de véhicules électriques. En février, le manufacturier de Valcourt annonçait que sa gamme des motoneiges Ski-Doo accueillera ses premiers véhicules électriques pour l’année modèle 2024.

Rien pour rassurer les investisseurs. L’action de Taiga a reculé fortement depuis la mi-décembre. Le titre se situe à près des deux dollars depuis une semaine. Il y a un an, il se transigeait à près des sept dollars.

L’analyste Cameron Doerksen, de la Banque Nationale, a baissé sa cible à 2 $ d’ici 12 mois, alors qu’elle était à 5,50 $ auparavant.

Coup de gueule : Un compte à la SVB

La semaine dernière, je vous parlais des banques québécoises qui résistaient bien à la crise qui secoue la Silicon Valley Bank (SVB).

Toutefois, une entreprise québécoise confirme avoir subi un impact commercial de la fermeture de la SVB.

Coveo (TSX:CVO), une plateforme numérique d’intelligence artificielle, avoue avoir maintenu un compte à la banque californienne, par le biais de l’une de ses filiales afin d’effectuer et de recevoir des paiements.

« Ce compte n’a aucune incidence sur les activités de Coveo et sa perte n’aurait pas d’impact sur la société. De plus, nous ne croyons pas que la situation de SVB ait un impact matériel sur nos fournisseurs, partenaires ou clients », assure sa direction de la société de Québec.

« Nous continuerons à suivre la situation de près. »

*Attention

Il est important de noter que cette rubrique ne contient aucune recommandation d’achat ou de vente à l’égard des actions mentionnées. Nous vous incitons à consulter votre conseiller financier.

Des suggestions, commentaires, à cplante@latribune.qc.ca

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