Une formation policière sensible aux réalités autochtones au Cégep de Baie-Comeau

École nationale de police du Québec.

Le programme de techniques policières du Cégep de Baie-Comeau aura une couleur unique au Québec: il sera axé sur les réalités des communautés autochtones et des régions dites éloignées.


Dans les faits, le cégep offre cette formation depuis août 2020, après une délocalisation d’un quota d’une vingtaine d’étudiants du programme du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. L’automne suivant, il a reçu une autorisation provisoire d’enseigner les techniques policières en y apportant une teinte locale. Actuellement, 20 étudiants de première année et 20 autres de deuxième année y sont inscrits. Il a obtenu son autorisation permanente, comme 12 autres cégeps québécois.

Le programme offert à Baie-Comeau comprend «tout un volet concernant les réalités des Premières Nations, comme la sécurisation culturelle ou des cours de langue innue. C’est ce qui nous démarque et c’est ce qui a fait qu’on a pu avoir notre autorisation provisoire, je crois, et il y a aussi un besoin. Les policiers interviennent de plus en plus régulièrement avec les membres des Premières Nations», a expliqué Manon Couturier, directrice générale du cégep de Baie-Comeau.



Cette dernière a assuré que l’établissement fait tout ce qu’il faut pour ne pas verser dans le folklore ou dénaturer la culture autochtone. «On s’entend, on n’est pas du tout dans l’appropriation. On travaille en étroite collaboration avec la communauté de Pessamit, qui a approuvé le projet dès le départ.» Des enseignantes de la communauté innue située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Baie-Comeau font aussi partie du personnel du programme.

La vision régionale de cette formation se traduit notamment par l’embauche de Rachel Caron, une policière d’expérience qui a terminé sa carrière comme commandante du district Saguenay-Lac-Saint-Jean/Côte-Nord de la Sûreté du Québec. Les professeurs sont pour la grande majorité des policiers retraités qui possèdent de l’expérience en matière d’interactions avec les Premières Nations.

Avant de recevoir son autorisation permanente, le cégep avait encore un quota de 20 étudiants pour août 2023. Mais devant la pénurie de main-d’œuvre chez les policiers comme pour bien d’autres professions, le seuil a été haussé à 50 étudiants. Comme la première sélection d’étudiants avait été faite, l’établissement rouvre les admissions dès ce vendredi jusqu’au 1er mai pour un deuxième tour des admissions.

La directrice générale a précisé que l’objectif derrière cette formation à Baie-Comeau n’est pas de former nécessairement les futurs policiers qui travailleront dans les communautés autochtones.



«Il y a deux intentions derrière ça. D’abord, on sait pertinemment que quelqu’un qui se forme dans une région a plus de chances d’y revenir et d’y trouver son compte. Ça donne donc l’espoir d’avoir une certaine stabilité (en matière d’effectifs policiers) sur la Côte-Nord. Et l’idée est aussi de travailler avec les communautés autochtones, pas nécessairement dans les communautés. C’est d’avoir une sensibilité accrue envers les Premières Nations.»

Techniques policières est le 15e programme à être dispensé au Cégep de Baie-Comeau. L’établissement offre en exclusivité Techniques d’aménagement cynégétique et halieutique, afin de former les futurs gestionnaires en faune, en chasse et en pêche. Le programme, mieux connu sous son acronyme TACH, fête d’ailleurs cette année son 50e anniversaire.