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Antoine est né le 16 septembre 2021, soit plus ou moins seize semaines avant terme. Le bambin a aujourd’hui «18 mois de vie et 14 mois en âge corrigé», précise Sandra Rioux qui a, pour sa part, été parachutée dans l’univers éprouvant de la prématurité.

Antoine s’est pointé le bout du nez avant d’être fin prêt à sortir du ventre de sa mère. Depuis, Sandra apprend à jongler avec les lendemains d’une naissance qui ne s’est pas déroulée comme elle l’avait imaginée, loin de là.

Ce quotidien en montagnes russes ne lui laisse pas beaucoup de répit, mais à la loterie des mères courage, Antoine a eu de la chance. La sienne veille sur lui jour et nuit. En solo.

Sandra Rioux a appris qu’elle était enceinte à 40 ans. Une surprise qui l’a remplie de joie.

«J’avais mis une croix sur les enfants. Je ne pensais pas pouvoir en avoir. J’avais déjà eu des masses sur les ovaires», ajoute la femme de Champlain qui amorçait une nouvelle relation amoureuse lorsque la vie s’est finalement faufilée en elle.

Les premiers examens effectués à l’hôpital de Shawinigan ont révélé que le col de son utérus était «court», ce qui nécessitait un suivi plus serré afin d’éviter qu’il ouvre trop tôt durant la grossesse, augmentant ainsi le risque de déclencher prématurément l’accouchement.

L’idée que Sandra subisse un cerclage du col utérin a été abordée, mais sans plus. Cette procédure chirurgicale pouvait attendre quelques semaines encore, a-t-on fait savoir à l’ancienne serveuse de restaurant qui entamait une nouvelle carrière en tant qu’agente immobilière.

Jamais on ne lui a recommandé de ralentir son rythme au travail. Nous étions à l’été 2021, en pleine pandémie, lorsque tout un chacun a décidé de vendre ou acheter une maison en même temps.

D’importants saignements sont apparus vers la 19e semaine, suivis de contractions. Sandra en a informé un gynécologue-obstétricien lors d’un rendez-vous de suivi, mais ce dernier n’en a pas fait grand cas.

«Ça peut arriver...», a-t-il dit sans lui déconseiller d’aller, comme prévu, à la pêche au saumon, en Gaspésie et en avion.

«Pourquoi tu n’irais pas? Il n’y a pas de problème et il y a des hôpitaux pas loin.»

Sandra s’est promis qu’un jour, elle retournera le voir pour le sensibiliser au fait qu’il n’aurait pas dû ce jour-là prendre la situation de sa patiente à la légère. Elle n’a pas eu le choix d’annuler le voyage...

Car à peine 48 heures plus tard, les contractions ont recommencé, obligeant Sandra à se présenter de nouveau au même hôpital où un autre médecin l’a examinée pour découvrir que son col était ouvert à 1,5 centimètre. Sans plus attendre, on lui a administré une médication visant à accélérer la maturité des poumons de son bébé tout en lui annonçant… «Nous allons essayer de trouver un centre hospitalier capable de te recevoir. On va essayer que tu n’accouches pas...»

Pas ici ni maintenant.

C’est ainsi que Sandra a été admise à l’hôpital général juif de Montréal où le personnel médical qui l’a reçue ne comprenait pas qu’en raison de sa condition, personne n’avait cru bon de lui imposer bien avant un congé forcé pour éviter les complications qui se présentaient malheureusement.

Les contractions sont revenues de plus belle. Il n’était plus possible de repousser l’arrivée d’Antoine.

Le temps de le déposer sur le ventre de Sandra pour couper le cordon ombilical qu’il était déjà reparti entre les mains des spécialistes, arraché des bras de sa mère étourdie par ce vent d’urgence qui soufflait sur elle.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Antoine pesait quelque 600 grammes à sa naissance, à 24 semaines de grossesse.","contentType":"image","credits":"Courtoisie","position":1,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F0e1b4022-26ed-4abe-bff8-4d7d489b062b.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":2,"text":"\n

Sandra se serait crue dans un film de science-fiction en voyant toutes ces machines reliées à son bébé qui a survécu, quasi coup sur coup, à une hémorragie pulmonaire et à une hémorragie cérébrale.

Noyée sous le flot d’informations qu’on lui transmettait d’heure en heure, Sandra s’est néanmoins accrochée à l’espoir.

«Peu importe ce qu’il adviendra d’Antoine, le temps que j’ai avec lui, personne ne peut me l’enlever», a-t-elle répété à ses proches durant ces six mois où son enfant est demeuré aux soins intensifs, entre la vie et la mort.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Sur cette photo, Sandra Rioux berce pour la première fois son fils Antoine, un exemple de résilience, dit-elle avec tendresse.","contentType":"image","credits":"Courtoisie","position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fe1b08583-34da-48ea-8fdc-aec0ef353a72.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":4,"text":"\n

Séparée du père d’Antoine, Sandra a une famille et des amies sur qui compter pour lui rendre de précieux services, mais rares sont ceux et celles – et la femme peut parfaitement les comprendre – qui sont à l’aise de s’occuper de son tout-petit qui est intubé en permanence depuis sa naissance.

Antoine doit être gavé et respire à l’aide d’une bonbonne d’oxygène. Aussi vaillante soit-elle, sa mère aussi est à bout de souffle.

«Je suis une maman-infirmière 24 heures sur 24, sept jours sur sept.»

Impossible pour elle de dormir d’un sommeil paisible lorsqu’à tout moment durant la nuit, l’appareil qui vérifie le pourcentage de saturation en oxygène du sang et la fréquence cardiaque de fiston se met à sonner.

Récemment, Sandra Rioux s’est tournée vers les réseaux sociaux pour trouver la perle rare qui allait lui permettre de bénéficier d’une quinzaine d’heures de repos par semaine.

Être la maman d’Antoine, c’est un grand bonheur, mais également une lourde responsabilité, aussi petit soit son adorable coco. À tous les soins qu’elle doit lui donner s’ajoutent les nombreux rendez-vous avec physiothérapeute et compagnie, sans compter les séjours à l’hôpital en raison de ses difficultés respiratoires, d’une infection, etc.

«[…] Si possible j’aimerais que la personne qui viendra travailler avec nous puisse aussi, de temps en temps, rester une nuit avec nous afin que je réussisse à me reposer. Après un an, j’aimerais bien laisser, l’espace de quelques heures, l’hypervigilance et dormir sur mes deux oreilles...», a-t-elle écrit comme on lance une bouteille à la mer.

Partagé des milliers de fois, son message a rapidement été entendu. Sandra a trouvé celle qui lui permettra de respirer un peu.

«Notre histoire mère-fils, elle est belle. Des gens souhaitent nous aider de toutes sortes de façons. Un enfant, c’est rassembleur», se réjouit Sandra qui se sent moins seule.

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Elle séjournait au Manoir Ronald McDonald lorsque nous nous sommes parlé, plus tôt cette semaine. Antoine était à la veille de subir une délicate intervention chirurgicale à l’Hôpital pour enfants de Montréal. On a procédé à la fermeture du canal artériel reliant l’aorte à l’artère pulmonaire. Cette malformation est davantage observée chez les bébés prématurés.

Antoine garde d’autres séquelles de sa naissance dans les circonstances troubles qu’on connaît, dont la dysplasie bronchopulmonaire, l’hypertension pulmonaire, le reflux gastro-oesophagien, l’asthme et la communication interauriculaire.

L’opération s’est très bien déroulée. Antoine a fait ça comme un champion, confirme sa mère en se laissant porter par la confiance du cardiologue. L’intervention de cette semaine est annonciatrice de bonnes nouvelles.

«Peut-être pourrons-nous diminuer l’oxygène et même commencer à le sevrer tranquillement!», espère Sandra Rioux avec admiration pour son garçon qui lui insuffle une force de vivre. Pas à pas.

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