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Lorsque la guerre a éclaté, le président-directeur général et membre fondateur d’OSF Digital, Gerard Szatvanyi, n’a pas hésité une seconde. Il a sauté dans un avion pour se rendre en Roumanie, son pays d’origine.

De là, il a organisé l’évacuation des employés qui souhaitaient fuir l’invasion russe. «Avant la guerre, nous recensions 120 salariés. Une quarantaine ont quitté l’Ukraine avec leur famille. Les autres ne voulaient pas partir, ils ne voulaient pas abandonner leur pays», raconte-t-il.

OSF Digital, une entreprise spécialisée en transformation digitale et en solutions de commerce, avait ouvert des bureaux à Ivano-Frankivsk, Chernivtsi et Odessa. «On était en pénurie de main-d’œuvre. L’Europe de l’Est était bien positionnée pour nous aider dans le secteur des technologies. Nous avons toujours eu des affinités culturelles avec l’Ukraine», relate-t-il.

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Gerard Szatvanyi a fondé OSF Digital à Québec en 2003. Il vit maintenant à Hong Kong pour piloter l’expansion de la société en Asie. Au fil des années, OSF Digital s’est déployée dans une quarantaine de pays et emploie plus de 2200 personnes à travers le monde.

L’entreprise est devenue internationale, mais le siège social est toujours situé à Québec. «Québec reste importante pour moi, c’est là que tout a commencé quand j’étais un étudiant à l’Université Laval», affirme M. Szatvanyi.

Employés et combattants

Depuis l’évacuation en 2022, plusieurs membres du personnel d’OSF Digital sont retournés en Ukraine pour défendre leur pays. «Il y a actuellement 85 employés en Ukraine. Environ 60 % d’entre eux sont des hommes», mentionne M. Szatvanyi.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a décrété la mobilisation militaire générale pour contrer l’invasion russe du pays le 24 février 2022. À partir de ce moment, tous les hommes en âge de combattre peuvent être envoyés au front.

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Comme chef d’entreprise, ce n’est pas facile, on n’est pas préparé humainement. Je n’ai jamais pensé qu’un jour j’allais devoir gérer une situation de guerre.

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La Russie bombarde constamment l’Ukraine. Les militaires détruisent entre autres les infrastructures énergétiques. Les Ukrainiens subissent régulièrement des coupures d’électricité.

«On a envoyé des génératrices et des panneaux solaires. On essaye le plus possible de faciliter leur vie là-bas. Comme entreprise, on ne le ressent pas, mais humainement, c’est très difficile», confie-t-il.

Jusqu’à présent, OSF Digital a envoyé pour un total de 541 000 $ d’aide humanitaire en Ukraine. Celle-ci comprend de la nourriture, des médicaments, des premiers secours pour les enfants, du matériel sanitaire et d’hygiène personnelle. La société québécoise a organisé 23 envois humanitaires. Des centaines de bénévoles sont impliqués dans l’organisation des transports, des collègues de l’entreprise et des intervenants extérieurs.

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Pour l’instant, OSF Digital ne compte aucun décès parmi son personnel. Mais plusieurs d’entre eux ont perdu des membres de leur famille ou sont sans nouvelles. «Les parents et le frère d’un employé sont portés disparus. Ils vivaient à Marioupol et la ville a été complètement détruite par les Russes. Ça fait froid dans le dos. On remet les choses en perspective dans ce cas-là. Mais ça nous a rendus plus forts aussi.»

Pour Gerard Szatvanyi, l’Ukraine va remporter la victoire. Mais au cas où la guerre perdurait ou que la Russie occuperait l’Ukraine, le chef d’OSF Digital se dit prêt à intervenir pour sortir de l’Ukraine tous ceux qui le voudront.

La Russie et l’Europe de l’Est, un terrain fertile pour les entreprises occidentales

M. Szatvanyi a pensé un moment ouvrir des bureaux en Russie, mais le fonctionnement du pays de Poutine ne correspondait pas à ses valeurs. «La richesse de la Russie peut attirer, mais c’est une dictature. En Ukraine, c’est chaotique, mais le peuple ukrainien a des valeurs occidentales et démocratiques», a-t-il glissé.

En septembre 2022, le président ukrainien a lancé un message aux courtiers de Wall Street pour soutenir l’économie ukrainienne. «Nous sommes libres. Nous sommes forts. Nous sommes ouverts aux affaires.»

D’autres entreprises sont passées outre le système politique russe pour signer des contrats ou implanter des filiales. C’est le cas entre autres de Bombardier et de Couche-Tard. Cependant, ces deux entreprises ont mis fin à leurs partenariats en Russie.

Bombardier, qui vendait des jets d’affaires en Russie, avait pris la décision de ne plus entretenir des relations avec toute personne ou entité sanctionnée dès le début de l’invasion. Un an plus tard, le positionnement de Bombardier reste le même, a confirmé l’entreprise dans un échange de messages avec Le Soleil.

Couche-Tard était présente en Russie depuis 2012 avec sa filiale Circle K. «Depuis août 2022, Couche-Tard n’a plus d’actifs, d’entités légales, de présence de marque ou d’employés en Russie. Nous sommes satisfaits d’avoir réussi à nous retirer d’une manière sûre et responsable», a répondu au Soleil la société.

La communauté internationale a condamné l’invasion de la Russie en Ukraine. Depuis 2014, la Russie est visée par des sanctions pour des violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le Canada a modifié plusieurs fois le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie pour y inclure de nouvelles interdictions.

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