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SAAQ, quand ça va mal...

CHRONIQUE / Comment bousiller votre crédibilité? Faites comme à la Société de l’assurance automobile du Québec…


Après avoir gravement manqué d’anticipation dans son virage numérique, ne pas avoir anticipé l’affluence qu’une fermeture de trois semaines entraînerait lors de la reprise de ses activités, voilà que la SAAQ fait parler d’elle pour une autre mauvaise raison.

Le Soleil révélait, mercredi, que quelque 270 permis de conduire ont été retrouvés dans un écocentre de Québec. C’est une tache de plus au tableau de bord l’organisme.

La société a bien entendu ouvert une enquête sur cette affaire.

Cette découverte soulève des questions sur la confidentialité d’informations personnelles qui, par définition, ne devraient pas se retrouver n’importe où.

On peut d’ores et déjà imaginer qu’une simple erreur individuelle a été commise dans la machine de la SAAQ. Ou chez l’un de ses sous-traitants ou l’un de ses mandataires.

Tout cela ne doit évidemment pas entacher l’ensemble de l’organisation. Elle l’est déjà suffisamment avec les ratés ayant entouré SAAQclic et les difficultés liées à l’inscription au Service d’authentification gouvernementale.

N’empêche que des protocoles devront être revus, c’est bien certain. Ces permis de conduire n’auraient jamais dû se retrouver comme ça dans un écocentre.

À l’Assemblée nationale, depuis deux jours, les partis d’opposition ne cessent d’imputer au gouvernement Legault et à son ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, la responsabilité des problèmes survenus à la SAAQ dans la foulée de sa transition numérique.

Mercredi, François Legault a dit qu’il prenait sa part de responsabilité, mais toujours pour mieux défendre son gouvernement et renvoyer la faute à la direction de la SAAQ.

Il a sans doute raison là-dessus. Les fautes viennent d’abord de là.

Le premier ministre a dit vouloir évaluer le travail du président de la SAAQ, ainsi que celui du conseil d’administration. Très bien.

Très bien, mais comment?

Il est déplorable que le gouvernement ait rejeté la demande que voici formulée par le Parti québécois mardi : «Que l’Assemblée nationale mandate la Commission de l’administration publique pour entendre le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, la vice-première ministre et ministre des Transports, ainsi que la haute direction de la SAAQ et du ministère de la Cybersécurité pour qu’ils exposent les faits ayant mené aux dysfonctionnements, et pour éclairer les parlementaires sur les correctifs à apporter pour réussir la transition numérique du gouvernement du Québec».

Ce refus est déplorable car, comme je l’indiquais la semaine dernière, la mission de cette commission de l’Assemblée nationale — la Commission de l’administration publique — est précisément d’offrir aux élus la possibilité de contrôler l’action des ministères et des organismes liés au gouvernement, de veiller à ce qu’ils utilisent judicieusement leurs ressources et qu’ils répondent bel et bien aux besoins des citoyens.

Ce refus constitue une occasion ratée.