Les profs immobiles sur la question salariale, accuse l’Université Laval

QUEBEC - Première journée de grève des professeurs de l’université Laval - 02/20/2023 - 20 février 2023 - Photo Le Soleil, Yan Doublet

La grève générale illimitée est officiellement lancée à l’Université Laval. Alors que les professeurs grévistes se préparent à manifester, la direction leur reproche de refuser de bouger sur la question salariale et de mal interpréter des chiffres.


«On ne peut pas arriver avec les chiffres [d’augmentations salariales] demandés par le syndicat», a résumé le vice-recteur exécutif et vice-recteur aux ressources humaines et aux finances. Selon les estimations «conservatrices» de la direction, les demandes des professeurs, qui réclament environ 20% de bonification salariale, représenteraient «entre 50 M$ et 60 M$».

Devant la hausse autorisée de 3,25% des frais de scolarité l’an prochain et une «modeste baisse de l’effectif étudiant», une telle hausse serait «au-delà de la capacité de payer de l’Université Laval», explique la direction.

La vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, Cathia Bergeron, a pour sa part déploré «la décision qui a beaucoup d’impact» et qui «pénalise les étudiants» de l’exécutif syndical de refuser de travailler en déclenchant une grève générale illimitée.

Chaque jour de grève compte. Chaque jour rend plus difficile la reprise des cours et des examens.

—  Cathia Bergeron, la vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes

Qualifiant le recours au débrayage de «déplorable» et «lourd et conséquences», la vice-rectrice a invité les syndiqués à «vraiment penser aux étudiantes et aux étudiants».

Sans pouvoir se prononcer sur les modalités d’un éventuel retour en classe, Mme Bergeron a répété viser «la continuité des cours», insistant que la reprise des activités déprendre «de la réalité de chaque cour».

La partie patronale indique avoir déposé une offre aux négociateurs du Syndicat des professeur.e.s de l’Université Laval (SPUL) dimanche et attendre la réponse avant de continuer les discussions. Le SPUL indique qu’il présentera une contre-offre lundi.

Aucune date officielle n’est déterminée pour le retour à la table de négociation, bien qu’on affirme que «la volonté de discuter est toujours là». Tous les enjeux normatifs, soit sans incidence budgétaire, auraient été réglés, affirme l’Université.

Mauvaise interprétation des chiffres

La conférence de presse, organisée tôt lundi matin, a également permis à la partie patronale de confronter certains chiffres véhiculés par le syndicat des professeurs.

Dans plusieurs forums, notamment sur les réseaux sociaux, le SPUL soutient que l’Université Laval dispose d’importants surplus d’environ 260 M$ pour réclamer plus d’embauches. Une «mauvaise interprétation», assure le vice-recteur Darveau.

«Ce que le syndicat a fait, c’est de regarder les surplus des états financiers et de les additionner», explique le responsable des finances. Un méthode qui donne un résultat «complètement faux», assure-t-il, puisque les sommes additionnées auraient été attribuées, notamment pour la recherche ou le développement de programmes d’études.

[L’Université] n’a aucun intérêt à faire des surplus

—  André Darveau, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux ressources humaines et aux finances de l'Université Laval

Le vice-recteur Darveau a également voulu revenir sur l’affirmation «erronée» de l’exécutif syndical, qui affirme que les salaires de la haute direction ont bondi de 96% dans les dernières années. Selon le calcul de la direction de l’Université, l’augmentation salariale aurait plutôt été de 15,4% en 10 ans.

Notons que les deux parties s’appuient sur des échelles différentes pour calculer les hausses, le syndicat calculant depuis 2008, alors que l’Université rapporte les hausses depuis 2012.

Le vice-recteur a également reconnu du bout des lèvres la hausse de charge de travail des professeurs de l’Université, un des enjeux auquel tiennent coute que coute les syndiqués.

Si M. Darveau n’a pas voulu confirmer l’augmentation du nombre d’élèves par groupes, celui-ci a confirmé que les besoins d’encadrement des étudiants ont pu augmenter au cours des dernières années, ajoutant aux tâches des professeurs.

Plus de détails à venir.