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Tout urbaniste sérieux en arriverait à la même conclusion en regard de cette communauté enclavée derrière de grandes artères routières, surchauffée par le bitume de ses rues trop larges et de ses stationnements trop nombreux, dévorée par un parc industriel triste et gris, interdite de séjour dans d’immenses terrains d’Hydro-Québec qui feraient d’extraordinaires infrastructures vertes, privée d’incitatifs pour les transports actifs.

Attention à la gentrification anarchique

Avec la mise en œuvre du PPU Hamel-Laurentienne, l’administration Marchand est en position de réparer des erreurs historiques et des décennies de négligence municipale envers son quartier le plus défavorisé. Et d’abord en matière de développement résidentiel.

Dans le contexte actuel de crise du logement, nous appuyons la volonté de la Ville de Québec de favoriser la densification du quartier. Toutefois, elle en remet la quasi entière responsabilité aux intérêts d’entreprises immobilières.

Par conséquent, cette densification pourrait se traduire par une gentrification anarchique, des hausses de loyer, des rénovictions et le déracinement des résidents actuels du quartier de leur communauté d’appartenance. Dans notre quartier vivent des Vaniérois aux racines profondes et des ménages issus de l’immigration bien déterminés à s’y enraciner.

Ces nouvelles familles participent à rajeunir, diversifier et dynamiser le quartier. Toutefois, il demeure le plus défavorisé de Québec sur le plan matériel. Les revenus sont bas, l’insécurité alimentaire répandue et la stabilité résidentielle des plus précaires. Or, le logement n’est pas un luxe, mais un bien essentiel à la santé et à la sécurité des personnes, un milieu de vie et un ancrage dans une communauté d’appartenance. L’instabilité résidentielle, lorsqu’elle est imposée par des forces externes, est une forme de violence.

La Ville de Québec, qui fait la promotion du potentiel du quartier pour les entreprises immobilières, doit en retour assumer une responsabilité bienveillante à l’égard de la communauté de Vanier et non encourager la violence de l’instabilité résidentielle.

Elle se doit donc d’identifier et de mettre en action des mesures audacieuses pour soutenir le développement d’un vaste parc de logements sociaux et abordables. Actuellement, il n’y a que 13% de logements sociaux dans le quartier et aucun de type abordable pour des revenus faibles ou moyens. C’est nettement insuffisant. Des solutions bien connues existent pour les municipalités.

La Ville de Québec ne peut plus justifier la timidité de ses efforts en accusant le gouvernement provincial de ne pas faire sa part en matière de logements sociaux et communautaires. Elle a amplement les moyens d’oser et d’innover.

Pour y parvenir, nous demandons que l’administration Marchand se donne pour objectifs dans Vanier:

de réserver 25% des nouvelles unités de logements créées à du logement social et abordable pour des ménages à faible ou moyen revenu sous forme d’OBNL et de coopératives;
de créer une réserve foncière pour le développement spécifique de logements sociaux et abordables dans Vanier;
de faire l’inventaire des terrains et immeubles propices à l’aménagement de logements sociaux et abordables et impliquant les GRT du territoire de la Ville de Québec et les organismes communautaires de Vanier;
d’acquérir, comme la loi le lui permet, les propriétés du territoire lors de la vente pour non-paiement de taxes et les verser dans sa réserve foncière pour le logement social et abordable;
d’acquérir par expropriation, comme la loi le lui permet, des propriétés identifiées comme problématiques (insalubrité, insécurité, etc.) ou situées dans des secteurs de Vanier à fort potentiel de développement résidentiel communautaire (ex. secteur de l’avenue Claude-Martin);
de céder des propriétés à titre gratuit ou la vente à faible coût à des organismes reconnus et promoteurs de projets d’habitations sociales et abordables.

Pour le financement des projets de logements sociaux et abordables, il existe plusieurs outils financiers pour les villes, les coopératives et les organismes sans but lucratifs qui osent le développement immobilier collectif. La condition première reste cependant l’adoption de mesures audacieuses par les municipalités comme Québec. Il faut aussi du courage face aux intérêts privés et de la bienveillance à l’égard des communautés dont on est responsable. Ce sont nos attentes à l’égard de l’administration Marchand et de l’ensemble des élus municipaux. Vanier a été trop longtemps négligé. L’heure n’est plus aux excuses ni aux demi-mesures, mais aux actions.

Josiane Mondou, chargée de projet à La Ruche Vanier
Nicolas Drolet, agent de mobilisation citoyenne à La Ruche Vanier
François Labbé, directeur général de La Ruche Vanier
Maude Samson-Gauthier, agente de mobilisation citoyenne à La Ruche Vanier
Mathieu Legrand, agent de mobilisation citoyenne à La Ruche Vanier

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