Crépuscule pour un tueur : fascinant assassin

Éric Bruneau dans le film Crépuscule pour un tueur

CRITIQUE / Il y a quelque chose d’à la fois fascinant et effrayant à se replonger dans l’histoire du meurtrier Donald Lavoie sous la lentille du cinéaste Raymond St-Jean. Dans Crépuscule pour un tueur, Éric Bruneau campe avec une précision nerveuse cet homme qui a assassiné de sang-froid une trentaine de personnes avant de devenir délateur.


En nous ramenant aux dernières années actives de Lavoie, Raymond St-Jean propose une incursion dans un quotidien pas banal, indéniablement tendu. Il offre aussi un voyage dans le temps soigneusement orchestré, au tournant des années 80.

À cette époque, Donald Lavoie (Éric Bruneau) travaillait depuis un moment pour la pègre montréalaise et le gangster Claude Dubois (Benoît Gouin). Dans ce monde, pas beaucoup de respect pour la vie humaine et on n’hésite pas une seconde avant de tirer sur la gâchette. Pour un oui, pour un non, pour un simple soupçon.

Dans ce domaine, Donald Lavoie excelle et il a maintes fois prouvé son efficacité à son patron. Des circonstances changeantes vont toutefois faire s’effriter la confiance, si bien que le tueur à gages va voir venir le moment où on lui fera goûter à sa propre médecine.

C’est là qu’il tendra l’oreille au discours d’un enquêteur persistant (Sylvain Marcel), qui lui fera miroiter la création imminente au Québec d’un programme de protection des témoins. Le criminel pourrait être le premier à en bénéficier s’il est prêt à vider son sac et à briser l’omerta.

À elle seule, la personnalité de Donald Lavoie a de quoi captiver. Une entrevue qu’il a accordée sur les ondes de CBC en 1982 et qu’on peut toujours visionner en ligne nous laisse découvrir un homme posé, qui rationalise ses crimes, qui exprime clairement ses motivations.

Il confie aussi à quel point il a trouvé facile de tuer.

Raymond St-Jean a très judicieusement intégré l’entretien à son film comme une clé pour comprendre le tourbillon de violence auquel nous sommes témoins lorsque Lavoie se plonge dans le feu de l’action.

Éric Bruneau et Rose-Marie Perreault dans Crépuscule pour un tueur

Avec un charisme indéniable et une présence magnétique, Éric Bruneau insuffle un mélange de contrôle et d’une tension constante à son interprétation. Un instinct de survie sur deux pattes, toujours sur le qui-vive.

Le personnage est complexe et le film expose sa brutalité sans la glorifier. Mais il ne le présente pas comme un monstre non plus. Il est un fils, un père, un mari, un frère… Mais quand vient le temps de se mettre au boulot, il devient une sorte de Terminator.

Le pire — ou le mieux, selon le point de vue... —, c’est que le tout est basé sur des faits vécus.

Au-delà du meurtrier lui-même, Crépuscule pour un tueur dépeint le contexte historique avec beaucoup de doigté. Le travail sur les décors, les costumes et les coiffures s’avère considérable. Ajoutons cette trame sonore réjouissante et le retour dans le temps est complet.

Crépuscule pour un tueur est présenté au cinéma.

Au générique

  • Cote : 8/10
  • Titre : Crépuscule pour un tueur
  • Genre : Drame criminel biographique
  • Réalisation : Raymond St-Jean
  • Distribution : Éric Bruneau, Benoît Gouin, Sylvain Marcel, Rose-Marie Perreault
  • Durée : 1h46