Loto-Québec mise sur l’art québécois

Loto-Québec met de l’avant l’art québécois dans sa collection d’œuvres. Cette création de Marcel Barbeau est présentée dans l'exposition Vues du fleuve.

Peut-être avez vous déjà aperçu le nom de Loto-Québec dans la légende d’une toile, au détour d’une exposition? C’est qu’au-delà de la loterie et des casinos, la société d’État s’implique aussi dans le monde de l’art visuel. Le Soleil vous propose un tour d’horizon de l’une des «plus grandes collections d’entreprise» au Québec.


Loto-Québec a mis le pied dans le domaine de l’art visuel il y a plus de 40 ans. Depuis, l’organisation a fait l’acquisition de près de 5000 œuvres signées par 1200 artistes.

«Lorsque la collection a été créée, le mécénat privé, ce n’était pas ce qui était le plus populaire au Québec. Plusieurs entreprises se sont alors donné le rôle de constituer des collections d’œuvres d’art pour soutenir les artistes», explique Éric Meunier, directeur du jeu responsable et de l’engagement sociétal chez Loto-Québec, en entrevue au Soleil.



Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les toiles, estampes, céramiques et autres œuvres achetées par Loto-Québec ne sont pas destinées à la revente.

«On a fait don de L’hommage à Rosa Luxemburg au Musée national des beaux-arts du Québec, il y a quelques années. Mais c’est tout. Nos œuvres ne sont pas à vendre. Elles appartiennent à la société [québécoise]», ajoute M. Meunier.

Fondée en 1979, dans le cadre du lancement d’un concours national d’estampes, la Collection Loto-Québec s’est construite avec l’objectif de «soutenir les artistes émergents» et d’épauler les artistes toujours vivants.

Dès 1985 et jusqu’en 2015, la société d’État a injecté dans son programme d’acquisition d’œuvres un budget annuel représentant le centième d’un pour cent de ses revenus. C’est-à-dire un montant tournant «autour des 400 000$», selon ce que détaillait le premier conservateur de la collection, Louis Pelletier, dans une entrevue accordée au Quotidien, il y a quelques années.



Pour Éric Meunier, directeur du jeu responsable et de l’engagement sociétal chez Loto-Québec, et Manon Pouliot, conseillère aux projets culturels et aux partenariats, la Collection Loto-Québec est une «belle richesse» pour tous les Québécois.

Bien que Loto-Québec ait cessé l’achat d’œuvres en 2015, l’organisation a toutefois eu le temps de mettre la main sur les créations de grands maîtres québécois. Au fil des ans, elle a ainsi enrichi sa collection avec des pièces de Jean-Paul Riopelle, René Derouin, Serge Lemoyne, Marc Séguin, Françoise Sullivan et plusieurs autres.

Alors que certains musées doivent suivre des lignes directrices selon leur spécialité, Loto-Québec n’a pas eu de critères particuliers à respecter en fonction du médium, du genre ou de tendances, par exemple.

«La collection a été bâtie dans un esprit démocratique. Le conservateur [Louis Pelletier] faisait du repérage, mais il ne faisait pas partie du jury», raconte Manon Pouliot, conseillère aux projets culturels et aux partenariats chez Loto-Québec, en entrevue au Soleil.

Mission : diffusion

La société d’État n’exclut pas de nouvelles acquisitions dans le futur, mais elle préfère toutefois, pour le moment, concentrer ses énergies sur la diffusion des œuvres qu’elle possède déjà, explique Éric Meunier.

Puisque la Collection Loto-Québec n’a plus de centre d’exposition permanent, elle voyage ainsi à travers la province. De Montréal à Sept-Îles, en passant par Rimouski, Trois-Rivières ou encore Québec.

L’organisation travaille notamment avec des commissaires invités tels que la cinéaste Manon Barbeau et l’écrivaine Anaïs Barbeau-Lavalette. Dans le cadre de l’exposition Vues du fleuve, le duo mère-fille a fouillé dans la collection de Loto-Québec, mais aussi dans celle de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) pour présenter 36 estampes liées au fleuve Saint-Laurent.



Manon Barbeau et Anaïs Barbeau-Lavalette ont été inspirées par le fleuve Saint-Laurent sous toutes ses facettes pour créer l’exposition Vues du fleuve.

La romancière Naomi Fontaine et le réalisateur Charles Binamé ont eux aussi eu l’occasion de puiser parmi les trésors de la société d’État afin de monter Les pays intérieurs – Nutshimit. Une exposition qui s’ouvre sur «le territoire, le sentiment d’appartenance et l’altérité».

Au-delà des musées, la Collection Loto-Québec s’affiche dans les bureaux de l’organisation et les casinos, à travers l’art public ou encore dans différents établissements de santé à Sherbrooke, Saguenay, Val-d’Or et Trois-Rivières.

«Être en contact avec ces œuvres d’art, c’est une chance. […] C’est pour ça qu’il faut les partager et les rendre accessibles. Ça peut être intimidant pour certains d’aller dans un musée. Les présenter ailleurs, ça peut aider des personnes [à y accéder]», soutient M. Meunier.

La romancière Naomi Fontaine et le réalisateur Charles Binamé ont porté un «regard inédit» sur la Collection Loto-Québec via l’exposition Les pays intérieurs – Nutshimit.

Présentée actuellement à Montréal, l’exposition Vues du fleuve sera de passage au Musée maritime de Charlevoix, à Saint-Joseph-de-la-Rive, du 23 juin au 9 octobre 2023.

Les pays intérieurs — Nutshimit s’arrêtera quant à elle au Musée régional de Rimouski en octobre 2023.