Début octobre, Deuil-Jeunesse lançait un appel à l’aide. L’organisme, qui offre des services professionnels payants de consultation pour les enfants, adolescents et jeunes adultes endeuillés, avait besoin de 225 000 $.
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Le compteur a atteint 142 000 $. Un peu moins que les deux tiers de l’objectif.
«Je veux que les gens comprennent que ce n’est pas parce qu’on a fait une campagne à l’aide qu’on est fermé. Pas du tout! On est encore en vie», a affirmé la fondatrice et présidente-directrice générale de l’organisme, Josée Masson, mercredi, en entrevue au Soleil.
«On s’est juste restructuré à l’interne, a-t-elle expliqué. Un genre de restructuration qu’une personne qui appelle ne peut pas tant réaliser. C’est ici [dans le bureau] que ça se passe. Moi, je suis retournée plus dans les opérations. Je ne prenais plus d’appels téléphoniques, là, j’en reprends. On n’a pas le choix.»
Le temps d’attente pour obtenir une consultation non urgente s’est également allongé.
Deuil-Jeunesse existe depuis bientôt 15 ans, comme organisme à but non lucratif depuis 2012. Il emploie 21 personnes, parmi lesquelles 18 travailleuses sociales, psychoéducatrices, psychothérapeutes et éducatrices spécialisées.
Une maison du secteur Charlesbourg, à Québec, lui sert de quartier général. On retrouve six autres points de services à Lévis, Trois-Rivières, Montréal, Saint-Jean-sur-Richelieu, Chambly et Rimouski.
Avec la campagne, «on a redit aux gens que notre réalité reste difficile. Quand les gens me voient à la télé, quand il arrive des drames familiaux, ils pensent que tout va bien pour notre organisme. Mais c’est sûr que quand je parle de la tragédie à Laval [où deux enfants sont morts écrasés par un autobus dans une garderie], je ne dirai pas : hé, en passant, Deuil-Jeunesse ne va pas bien», fait valoir Mme Masson.
«Ce n’est pas parce qu’on a une belle notoriété et parce que je vais en Europe donner des conférences et des formations qu’on n’a pas de difficultés financières. Il y a cinq mois, on était vraiment sur la corde raide. Là, ça va bien. On ne va pas fermer. On va faire plus avec moins différemment. Mais ce n’est pas vrai que Deuil-Jeunesse va mourir. Ça ne se peut pas», tranche Mme Masson, comme pour s’en convaincre elle aussi.
Faire connaître les ressources
Deuil-Jeunesse tire 10 % de ses revenus de subventions récurrentes, tandis que 90 % proviennent des donateurs et des frais payés par les familles qui font appel à ses services.
La ministre québécoise responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, était mercredi dans les locaux de l’organisme, à Charlesbourg, pour faire une annonce.
La ministre Rouleau a mis en exergue un montant de 22,9 millions $ déboursés par le gouvernement Legault pour aider les organismes communautaires à attirer et retenir leurs employés.
Ce montant fait partie du 1,1 milliard $ investi dans le grand Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027 et dévoilé l’an dernier par le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ).
L’important pour Mme Rouleau est de faire connaître toutes ces mesures gouvernementales aux organismes.
«L’organisme qui nous reçoit aujourd’hui n’était pas au courant de toutes les mesures qu’on met en place», a constaté la ministre, après avoir discuté avec Mme Masson et son équipe.
«On peut avoir un fameux plan d’action, mais si on n’en parle pas, si on ne le déploie pas et qu’on ne le fait pas connaître, les gens n’y auront pas accès. Quand les organismes communautaires peuvent y avoir accès, ça vient aider les gens en général aussi.»
La ministre rappelle que les organismes communautaires fonctionnent de la même façon que «des petites entreprises», même si «le terme ne plaira pas à tout le monde», reconnaît-elle.
Un répondant au ministère
«Honnêtement, je n’étais pas tant au courant du plan de la CAQ», a admis la pdg de Deuil-Jeunesse, questionnée là-dessus.
Elle ne doute pas que les ressources existent. Mais les organismes ont rarement le temps de les chercher.
«Ce que je souhaiterais, c’est que chaque organisme communautaire puisse s’adresser à quelqu’un du ministère et parler de sa propre réalité pour qu’ensemble, on voie des solutions possibles. J’aimerais tellement parler de mes besoins à une personne et qu’elle me dise : oui, regarde, tu as ça, ça, ça», illustre Mme Masson.
«Comme l’annonce d’aujourd’hui, c’est des informations qu’on reçoit ici et là. Les deux pieds dans notre mission, ce n’est pas du 25 heures par semaine, on s’entend. Est-ce que j’ai le temps de commencer à éplucher tout ce qui se passe et ce qui existe? Non. On vit à éteindre des feux. Quand on bâtit un organisme communautaire, ça ne vient pas avec un panier de toutes les possibilités et tu piges dedans. Ce n’est vraiment pas ça», a résumé la pdg de Deuil-Jeunesse.