«C’est 42% de plus en 2022 qu’en 2021 en termes de volume. Alors que c’était déjà 80% plus élevé en 2021 qu’en 2020», indique Christian-Pierre Côté, conseiller en recherche et analyse de données chez Côté, Mercier.
Sa firme a compilé les statistiques immobilières commerciales pour l’ensemble du Québec et pour les différentes RMR (région métropolitaine de recensement). Résultat : encore cette année, l’Ouest de la province a enregistré trois fois plus de transactions que dans l’Est, qui a tout de même bien performé.
Plusieurs raisons expliquent ces forts volumes: les faibles taux d’intérêt en début d’année, bien sûr, mais les changements de pratique dans le commerce au détail. «Avec la vente en ligne, les commerces ont besoin de moins de pieds carrés; ils réduisent leurs espaces de vente, mais augmentent les espaces d’entreposage», illustre-t-il.
Baisse marquée au dernier trimestre
De fait, la première moitié de l’année 2022 a connu une hausse si élevée, que la baisse importante du dernier trimestre n’a pas eu d’impact significatif sur l’ensemble de l’année, calcule l’expert.
« L’année 2022 a été assurément la plus intense depuis plus de 20 ans. Il y a eu des sommets jamais atteints et une amorce de baisses particulièrement importante en nombre et en volume monétaire »
— Christian-Pierre Côté, conseiller en recherche et analyse de données chez Côté, Mercier
Sans surprise, cette baisse serait attribuable aux hausses consécutives du taux directeur et, par conséquent, des taux d’intérêt. «On voit que les taux élevés freinent les nouveaux projets de construction et d’agrandissement, qui peuvent être reportés. Mais elle peut aussi avoir un impact sur les transactions, notamment pour l’achat de multilogements», explique-t-il.
Avec la hausse des taux d’intérêt, les investisseurs immobiliers doivent refaire leurs calculs tandis que les prix des immeubles à revenus sont sous pression et que les coûts de financement augmentent.
Et 2023 ?
Qu’en sera-t-il de 2023? La baisse amorcée au dernier trimestre devrait se poursuivre, voire même s’accentuer. Déjà, les premiers chiffres indiquent que les investisseurs se montrent plus prudents. «On s’attend à d’importantes baisses de transactions pour les deux premiers trimestres, soutient. M. Côté. Déjà, on voit que le nombre de transactions depuis le début de l’année est en forte baisse.»
Il se pourrait que ce ralentissement soit de courte durée. «On peut prévoir que le marché se replacera dès le troisième trimestre pour se stabiliser d’ici la fin de l’année», avance-t-il.
La région de Québec se démarque
Si l’ouest de la province a enregistré les plus fortes fluctuations durant la dernière année, la région de Québec se démarque par une «certaine stabilité».
Cela est notamment causé par le portrait industriel de la région, dont le volume de transactions est toujours à la hausse. «À Québec, les entreprises industrielles sont majoritairement propriétaires plutôt que locataires. Elles investissement dans l’immobilier quand leurs résultats financiers sont favorables. Et c’est toujours le cas présentement, on ne remarque pas encore de baisse», explique-t-il.