Disons-le d’entrée de jeu, c’est bon, très bon. Des quatre opus, il s’agit aussi du plus émouvant. Pardonnez le jeu de mots facile, mais on ne voit pas le temps passer. Les six épisodes d’une heure seront mis en ligne jeudi sur ICI. Tou.tv Extra. Et, comme c’est l’habitude, seront diffusés à la télé conventionnelle pour la saison d’automne ou d’hiver.
On se prend vite d’affection pour le personnage de Jessie Bonin, élevé dans une famille dysfonctionnelle, entre une mère toxicomane (Évelyne Rompré) et un père rendu apathique et patate de sofa par des déboires financiers (Patrice Robitaille).
Pas un mauvais garçon, le Jessie, malgré ses mauvais coups. Il n’a tout simplement pas eu de chance dans la vie. Au-delà de son obsession pour le fric, seule façon pour lui d’atténuer les tensions entre ses parents séparés, son rêve ultime est de les voir réunis à nouveau. «Je veux que ça aille bien comme avant» souhaite-t-il.
Ça sonne à la porte
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De mauvaises fréquentations et une invasion de domicile ratée l’amèneront – et c’est là l’une des originalités de ce volet – à utiliser sans l’avoir voulu les services de Plan B. Et les jumeaux à la mine patibulaire de sonner à la porte pour le garrocher au fond d’une camionnette, en route vers un insolite destin temporel.
De but en blanc, ne sachant trop ce qui se passe, Jessie retournera au moment de sa sortie de prison. Et de recommencer et re-recommencer le jour de la marmotte, au gré des multiples coups foireux qui ne feront que l’enfoncer davantage et lui faire perdre le peu d’estime de lui-même. En fait, plus personne ne croit en lui, sauf son fidèle ami Dave (Étienne Galloy) qui le suit naïvement dans ses combines.
En rencontre de presse, mardi, les auteurs Jacques Drolet et Jean-François Asselin (qui signe la réalisation) ont expliqué que le canevas de ce quatrième volet tentait de répondre à la question de savoir «si un gars mal parti de même pouvait être récupérable». On vous laisse deviner la réponse, tout comme les nombreux punchs de la série, mais sachez seulement qu’au bout de tous ces allers-retours temporels et de pitchages au fond de la camionnette, la lumière finira par jaillir, alléluia.
«Mon premier feeling, à la lecture (du scénario), à le voir se saboter aussi souvent, c’est que j’avais besoin d’espoir à la fin», a confié le producteur Louis Morrisette.
Une histoire de rédemption
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Pour savourer pleinement Plan B, il faut évidemment épouser les conventions. On s’entend, le voyage dans le temps est du délire, aussi délirant que Doc dans Retour vers le futur, ne serait-ce qu’en vertu du principe de causalité qui veut que l’effet ait obligatoirement lieu après la cause. Qu’importe, on ne se lancera pas dans la mécanique quantique, mais disons seulement que le concept s’avère un prolifique terrain de jeux pour le tandem Asselin-Forget, qui planche sur le scénario d’une cinquième saison. Les premiers volets ont fait des petits au Canada anglais, en France et en Belgique.
Les deux auteurs relèvent encore une fois le défi de nous mener en bateau du début à la fin, sans s’emmêler les pinceaux dans les paradoxes temporels. L’écriture de pareille histoire repose sur une «structure fragile» qu’il faut toujours garder à l’esprit, ont-ils expliqué, puisque chaque situation peut avoir «des connexions avec plein d’autres scènes». Le scénario joue avec brio sur la confusion des souvenirs de Jessie, on n’en dira pas plus, mais c’est très malin.
Non seulement cette nouvelle mouture explore intelligemment les conséquences de l’enfance misérable de Jessie sur son développement, mais elle est aussi et surtout le récit de la rédemption d’un jeune en mal d’amour qui apprendra à se reconstruire et à guérir ses blessures. Une fois ses besoins financiers comblés grâce à ses connaissances du futur - merci aux billets de loterie et aux paris sur les séries éliminatoires de rêve du Canadien en 2021 – Jessie tentera de reconquérir l’amour de sa vie (Mounia Zahzam) dont il a brisé le coeur.
À sa énième chance de faire mieux que la dernière fois, Jessie croisera sur les bancs d’école Charlotte (Rose-Anne Déry) qui l’amènera à se bâtir un avenir et d’arrêter de se traiter comme une merde.
Magistrale interprétation
Impossible de ne pas lever notre chapeau à la performance magistrale de Pier-Luc Funk, l’un des meilleurs comédiens québécois de sa génération. Physiquement, il se donne à plein. Il court souvent pour échapper à sa morne réalité, tombe, se fait taper dessus. Il sait aussi se montrer d’une grande vulnérabilité, ce qui ajoute au profil de son personnage en quête d’amour.
Quinze ans après le long-métrage Un été sans point ni coup sûr, rigolo de le voir jouer à nouveau le fils de Patrice Robitaille, mais dans un contexte familial tout autre. Pour rester dans la thématique, le temps passe, c’est fou...